La gestion administrative de la formation est toujours perçue comme de faible valeur ajoutée par les entreprises françaises, c’est ce que révèle la troisième édition de l’enquête Demos Outsourcing/EOA France, publiée en juin 2012. Néanmoins et c’est nouveau, certaines des entreprises répondantes se disent prêtes à externaliser l’ingénierie et l’achat de formation.
Selon la troisième édition de l’enquête Demos Outsourcing/EOA France, réalisée en France et en Angleterre, l’externalisation de la formation est passée entre 2010 et 2012 de 17 à 20%, quand celle de la paie a progressé de 34 à 50%. La gestion du recrutement concerne quant à elle 10% des projets d’externalisation. « Cette progression ne révèle que la position des entreprises qui réfléchissent au sujet et non celle des entreprises non engagées dans cette réflexion », commente Bénédicte Bailleul, directrice de l’activité externalisation chez Demos Outsourcing. Outre l’augmentation du nombre d’entreprises ayant des projets d’externalisation de la formation – à venir ou réalisés –, elle note une évolution dans la vision de l’externalisation : « La notion de valeur ajoutée est en train de changer bien qu’elle soit très variable d’une entreprise à l’autre. » Les variations s’expliquent aussi par les différences culturelles entre les deux pays, relatives à la conception et à l’organisation de la formation. La tendance française place l’affranchissement de l’administratif au premier plan des motivations à externaliser « mais on commence à voir des entreprises françaises prêtes à externaliser l’ingénierie et l’achat de formation, c’est nouveau », complète-t-elle. Un quart des projets de Demos Outsourcing concerne en effet ces points-là.
« Il faut une réflexion sur l’organisation et le rôle de la formation »
En France, le cadre juridique de la formation est en effet très spécifique et évolue rapidement. Il génère des contraintes fortes qui obligent les entreprises à produire des reportings spécifiques, notamment pour tracer les dépenses légales de formation et pour suivre les financements. Si l’on ajoute le déploiement, lourd en organisation logistique, et la masse de paperasse qu’il faut conserver, ne serait-ce que les feuilles d’émargements, on obtient la somme de raisons qui motivent les entreprises françaises à externaliser la gestion administrative de la formation. Pour 70% des entreprises françaises répondantes, la gestion du back office est le principal bénéfice de l’externalisation, contre un peu plus de 30% des entreprises anglaises. Entre les deux pays, les tendances sont globalement les mêmes, hormis sur le champ d’externalisation de la formation et sur la place du e-learning, nettement plus développé en Angleterre.
Comme pour l’externalisation d’autres processus RH, la maîtrise des coûts ne doit pas être la principale motivation des entreprises. « Ce doit être le résultat, pas le moteur. Il faut une réflexion sur l’organisation et le rôle de la formation. Est-ce que son rôle est de mettre en place une politique de GPEC qui évolue depuis 2017 en GEPP, d’être stratégique, ou bien est-ce d’être une fonction support qui gère les dossiers de formation ? », pointe Bénédicte Bailleul.
Enfin, une majorité d’entreprises internationales a répondu dans le cadre de cette enquête, pourtant les projets restent majoritairement français. Paradoxe ou manque de maturité ?
Sophie Girardeau