Il y a quelques années, l’idée même de « l’entreprise libérée » aurait été impensable, voire même de l’ordre du blasphème pour certains ! Aujourd’hui, cette démarche semble séduire de plus en plus d’organisations à travers le globe, avides d’offrir davantage d’autonomie à leurs salariés et à supprimer partiellement ou totalement la hiérarchie. Qu’est-ce que l’entreprise libérée et comment fonctionne-t-elle dans les faits ?
Entreprise libérée : un concept qui ne date pas d’hier !
Si le nom « entreprise libérée » revient aujourd’hui sur le devant de la scène, le concept n’est pas nouveau. Il faut retourner à la fin des années 50 aux Etats-Unis, au moment où Bill Gore fonda sa société, W.L. Gore & Associates, souhaitant se libérer des contraintes liées à son employeur DuPont de Nemours. L’une des caractéristiques de Bill Gore était son opposition à la bureaucratie qui, selon lui, l’avait empêché de développer ses idées alors qu’il travaillait pour son ancien employeur. C’est ainsi qu’il prit l’initiative de laisser à ses salariés une grande liberté d’action et ce, dès le premier jour. Aujourd’hui, la première entreprise libérée est également le numéro un du matériau innovant à travers le monde, le fameux Gore-Tex. Une société au sein de laquelle les managers sont des « leaders naturels » d’unités de production employant jusqu’à 250 personnes.
L’expression « entreprise libérée », quant à elle, a été largement utilisée suite à la parution d’un ouvrage de Tom Peters, gourou américain du management dans les années 90, Entreprise libérée ; Liberation Management.
L’exemple de l’entreprise de Gore en a inspiré plus d’un et c’est ainsi que depuis, de nombreuses sociétés de toutes tailles et de secteurs d’activité divers et variés se sont transformées pour connaître un franc succès, à l’instar de la société Harley Davidson qui connut une profonde transformation dans les années 80.
L’entreprise libérée : une définition actuelle
Dans une entreprise libérée, les salariés sont libres et responsables d’entreprendre les actions qu’ils jugent être les meilleures pour leur entreprise, étant les plus à même de juger de ce qui est le mieux pour l’organisation dans laquelle ils travaillent. En conséquence, les procédures, contrôles, surveillance et hiérarchie disparaissent, laissant la place aux initiatives individuelles, le tout basé sur un climat de confiance et de reconnaissance des salariés au sein duquel ils peuvent s’exprimer pleinement et librement.
La structure de l’entreprise libérée est complètement plate et chacun des collaborateurs est amené à s’auto-diriger. Un concept particulièrement séduisant pour les jeunes des Générations Y et Z qui souhaitent accéder au bonheur au travail, notamment.
Il existe plusieurs formes d’entreprises libérées, la plus marquée étant l’holacratie qui veut qu’en plus de ne pas avoir de hiérarchie, l’entreprise se libère également de la notion de « départements », c’est-à-dire d’entités ayant un sens bien défini dans les entreprises classiques. Les fiches de postes disparaissent donc également pour faire place à des rôles que les salariés assurent de manière autonome au sein de cercles ayant un objectif commun et au sein desquels l’intelligence collective prévaut.
Les partisans de l’entreprise libérée voient ce système comme un moyen de rendre l’organisation plus agile, plus innovante et d’apporter à leurs salariés le bien-être dont ils ont besoin au travail. Les détracteurs, quant à eux, voient un système peu adapté à la culture française, des risques de dérives et d’abus ainsi que, pour certains collaborateurs plus fragiles, un risque d’augmentation d’exposition au stress et au burn-out. ( Pour aller plus loin : Tout savoir sur le burn-out en maladie professionnelle). Néanmoins, l’entreprise libérée continue de séduire de plus en plus d’entreprise et de collaborateurs et bon nombre d’entreprises dites « libérées » ont su prouver que leurs résultats sont à la hauteur de leurs ambitions… affaire à suivre !
Marilyn GUILLAUME