« Les PME de haute technologie voudraient recruter, mais elles ont des difficultés à le faire ! » Partant de cette expérience de terrain, le cluster EDEN a diagnostiqué les pratiques et outils RH utilisés par ces entreprises en réalisant une étude prospective auprès de 25 PME rhônalpines industrielles de haute technologie, étude qualitative destinée à cerner leurs besoins et leurs attentes[1].
Cette étude réalisée pour le compte de la DIRECCTE[2] Rhône-Alpes a également servi à promouvoir les dispositifs emploi-formation au sein des PME : développement de l'alternance, contrats de génération et investissement pour la formation.Pour la DIRECCTE, ce travail présente l'intérêt d'objectiver des informations remontant des entreprises elles-mêmes et celui de questionner des entreprises issues de différentes branches professionnelles : les entreprises membres du cluster EDEN sont en effet rassemblées par leur activité sur les marchés de la défense, sécurité et sûreté, mais proviennent de filières très variées.
Les principaux enseignements
- dans 80% des entreprises, la fonction des Ressources Humaines est représentée au comité de direction ;
- les dispositifs tels que l'alternance, les contrats de génération et l'investissement pour la formation sont en progression (pour mémoire, le contrat de génération a été créé en 2013) ;
- 50% des entreprises de 10 à 50 personnes et 30% des entreprises de 50 à 100 personnes n'ont pas de service RH (les experts évaluent à 1 professionnel RH/80 personnes) ;
- les entreprises de 10/50 personnes font aussi bien que les grandes (plus de 100 personnes) pour ce qui concerne le recours aux process RH (entretiens d'évaluation, etc.) ;
- 68% de ces entreprises sont en hausse d'effectifs depuis trois ans ; les métiers en tension sont principalement : les ingénieurs études et recherches / bureau d'études, les techniciens de bureau d'études, les commerciaux export.
EDEN Cluster se propose de contribuer, au service de ses membres, à renforcer la fonction Ressources Humaines
- renforcer la bourse aux emplois centralisée et diffusée par le cluster, actuellement expérimentée au sein du réseau EDEN (afin de mieux qualifier, de maintenir confidentiel si besoin, de construire une communication plus globale…) ;
- instaurer un relais emploi qui sera la porte d'entrée des entreprises, mettra en relation les entreprises entre elles, renforcera la mutualisation des bonnes pratiques entre dirigeants, qui est au cœur de l'expérience EDEN ;
- concevoir une politique de ressource RH en temps partagé ;
- développer des actions de promotion des métiers et des emplois des secteurs ciblés auprès des écoles, en priorité les écoles de commerces, les écoles d'ingénieurs, au regard des fonctions en tension.
25 entreprises ont été interviewées au cours du printemps 2015, représentant toute la diversité sectorielle et géographique, et toutes les tailles d'entreprises. La majeure partie d'entre elles ne consacrent pas uniquement leur activité aux secteurs défense, sécurité et sûreté ; seules 2 entreprises sur les 25 étaient dans ce cas.
Les métiers en tension
Ces métiers sont déclarés en tension, soit que les entreprises manquent de ces professionnels, soit que les postes soient occupés par des salariés de plus de 55 ans, soit encore que le turn over y soit plus élevé qu'ailleurs. Ce sont également des métiers nécessitant une formation d'une certaine durée :
- Ingénieur études et recherches / BE :
les entreprises ne recrutent ici que des niveaux Bac +5 et considèrent qu'il faut au moins un an d'expérience au poste pour exprimer le plus d'efficience
- Technicien BE :
les entreprises recrutent des niveaux allant de BTS à Bac +5 et considèrent qu'il faut entre 2 mois et maximum un an d'expérience au poste pour exprimer le plus d'efficience
- Commercial export :
les entreprises recrutent des niveaux allant de Bac + 3 (niveau licence pro) à Bac +5 et considèrent qu'il faut au moins un an d'expérience au poste pour exprimer le plus d'efficience
- Technicien maintenance export
- Ingénieur commercial
- Contrôleur de gestion
- Technico-commercial
- Directeur de département
L'étude BMO (Besoins en Main d'œuvre) Rhône-Alpes 2015[3] confirme que les métiers des ingénieurs et cadres d'études, R&D sont en baisse de 7 % par rapport à 2014.
En analysant les 115 620 projets de recrutement non saisonnier en Rhône-Alpes, il apparaît que les secteurs de l'industrie textile, plastiques, équipements électroniques et services scientifiques, recouvrent 30 % des projets.
Sur-effectif : des fonctions peu qualifiées
Cinq entreprises ont déclaré avoir une fonction en sureffectif et/ou en baisse de volume recruté depuis plusieurs années. Il s'agit de fonctions souvent peu qualifiées, dont l'employabilité serait menacée si, dans le cas présent, les départs en retraite prévus au sein de ces entreprises n'allaient pas apporter de solution au problème.
Focus sur les entreprises présentes sur le marché de la défense sécurité et sûreté en Rhône-Alpes
En Rhône-Alpes, près de 500 PME sont impliquées dans les secteurs défense, sécurité et sûreté.
Elles ont des expertises très diversifiées, mais partagent toutes un savoir technologique élevé, autant dans les hautes technologies (nanotechnologies, biotechnologies, optronique…) qu'en sous-traitance industrielle particulièrement qualifiée (mécano-soudure, électronique, usinage grande précision, etc.).
Rhône-Alpes est la première région de sous-traitance industrielle en France :
- 14 secteurs d'activité très variés dans lesquels évoluent ces sociétés (médical, ferroviaire, aéronautique, santé, TIC, environnement etc.) ;
- Hétérogénéité équilibrée des marchés (automobile, ferroviaire, énergie, médical, nucléaire, etc.) ;
- Industrie de défense rhônalpine largement implantée dans les trois forces : 29% des établissements étant actifs à la fois dans les domaines de l'Air, de la Terre et du Naval ;
- 19 sites de production, tels que Nexter, Thales, Bugatti ;
- Une forte concentration en R&D, avec le CEA, le CNRS, l'INRIA, l'INSERM…)
Très active à l'international, l'industrie rhônalpine réalise 43,4 % de son CA à l'export : l'Europe représente le pôle géographique dominant en termes de clients, avec à sa tête la Suède et l'Allemagne. Les Etats-Unis sont le premier pays client.
A propos d'EDEN Cluster
EDEN (European Defense Economic Network), cluster des PME Défense, Sécurité et Sûreté, fondé en 2008 à l'initiative de 6 entrepreneurs rhônalpins, avec le soutien de la CCI de Lyon et de la DGA (Direction Générale de l'Armement), rassemble près de 130 PME. Ces entreprises représentent 9000 emplois et près d'un milliard d'euros de CA, dont plus de la moitié à l'export. Elles couvrent quatre domaines d'activités complémentaires : équipements pour aéronefs, navires et véhicules ; détection, protection et surveillance ; ingénierie et essais ; protection individuelle. Rassemblées en fédération nationale, elles proviennent essentiellement des régions Rhône-Alpes, Bretagne, Centre et PACA. En mutualisant leurs savoir-faire et technologies les plus innovantes, les membres d'EDEN proposent des solutions personnalisées à des prix compétitifs. Cette communauté alliant expertise technique et parfaite connaissance des besoins du marché de la Défense rend plus cohérente l'offre des entreprises françaises, aussi bien dans les domaines civils que militaires.
[1] L'emploi dans les PME industrielles de haute-technologie en Rhône-Alpes – Défense, sécurité et sûreté – Etude prospective sur les besoins en compétences des PME défense, sécurité et sûreté. Etude menée par EDEN Cluster avec l'accompagnement méthodologique et d'expertise du cabinet lyonnais KURIBAY pour le compte de la DIRECCTE Rhône-Alpes, 2015.
[2] Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi en Rhône-Alpes.