Alors que les entreprises cherchent à améliorer la qualité de vie et des conditions de travail et à réduire leur empreinte carbone, le temps de trajet responsable (TTR) émerge comme une piste innovante. Cette initiative, encore peu répandue, pourrait à la fois améliorer la mobilité des salariés et renforcer l’engagement des entreprises?
Qu’est-ce que le temps de trajet responsable TTR ?
En 2023, les collaborateurs d’Ubiq ont été les premiers à bénéficier de congés d’un nouveau genre : le « Temps de Trajet Responsable » ou TTR. Le principe est simple : accorder un ou plusieurs jours de repos supplémentaires à ceux qui privilégient des modes moins polluants (train, covoiturage, etc.). Ces journées permettent ainsi aux salariés de voyager autrement qu’en avion, sans avoir le sentiment de « perdre » leur congé en transport.
Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large de revalorisation du temps de trajet en tant qu’élément clé du bien-être au travail et de l’engagement environnemental.
Avantages et limites du Temps de Trajet Responsable
Un procédé RH et RSE simple
Pour bénéficier du TTR, les collaborateurs doivent présenter un justificatif : un billet de train, de ferry ou une réservation de covoiturage par exemple. Les équipes RH prennent alors en compte ce congé comme tout autre type d’absence. Certaines règles sont mises en place pour encadrer le dispositif : distance minimale, durée de trajet requise, ou encore nombre de jours maximums par an.
L’impact environnemental est réel : par exemple, lors d’un trajet Toulouse-Paris, un passager en avion émet 56 fois plus de CO₂ qu’un passager en TGV. Encourager le train ou le covoiturage devient alors un levier puissant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Volontairement simple à déployer, l’objectif est de rendre le dispositif incitatif sans qu’il ne soit contraignant en termes de procédure. Pour autant, le TTR ne doit pas être décorrélé d’une politique RSE plus globale. Le dispositif doit être pensé comme un engagement en faveur de l’environnement.
Un coût à anticiper pour les entreprises
Le TTR représente néanmoins un coût. Selon Ubiq, il oscille entre 600 et 700 euros par collaborateur et par an. Mais plusieurs aides financières peuvent aussi accompagner le lancement d’un tel congé :
- Le Forfait Mobilités Durables qui permet aux employeurs de financer jusqu’à 800€ par an pour les transports alternatifs (vélo, covoiturage, transports en commun hors abonnement).
- Les accords de mobilité employeur : des aides locales ou régionales existent pour financer des dispositifs de mobilité durable.
- Le crédit d’impôt « transports propres » : certaines dépenses engagées par les entreprises pour des mobilités décarbonées sont éligibles à des réductions fiscales.
Plutôt qu’une charge financière, le TTR peut ainsi être envisagé dans le cadre d’une politique voyage ou d’un forfait mobilité.
D’autres initiatives pour une mobilité plus durable
Le TTR n’est pas la seule mesure visant à favoriser une mobilité plus responsable au sein des entreprises. D’autres dispositifs complémentaires s’inscrivent dans la même dynamique :
- Le covoiturage entre collègues : certaines entreprises développent des plateformes internes de covoiturage, ou font appel à des prestataires externes pour faciliter le partage des trajets domicile-travail entre collaborateurs. En plus de réduire les émissions de CO2, cette initiative favorise la convivialité et le lien social entre collègues.
- Le « reverse commuting » : repenser l’implantation des bureaux. Plutôt que de regrouper tous les salariés en centre-ville, certaines entreprises délocalisent une partie de leurs bureaux en périphérie. Objectif ? Réduire les temps de trajet, éviter les embouteillages et désengorger les transports en commun. Un modèle qui s’adapte aux nouvelles attentes des salariés en matière d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
- Les navettes d’entreprise écologiques : une autre alternative consiste à proposer des navettes collectives électriques ou hybrides pour le trajet domicile-travail. Subventionnées ou entièrement prises en charge par l’entreprise, ces navettes permettent de réduire le nombre de véhicules individuels sur la route.
Le Temps de Trajet Responsable, un dispositif gagnant pour l’environnement et le bien-être des salariés
Un engagement fédérateur pour la culture d’entreprise
Bénéfique pour la planète, le Temps de Trajet Responsable et ces différentes solutions de mobilité le sont également pour les collaborateurs.
Ils contribuent à renforcer la culture d’entreprise. En valorisant les comportements écoresponsables, l’organisation envoie un message fort : l’engagement en faveur de la planète est une priorité collective. Les salariés se sentent alors acteurs du changement, ce qui renforce leur motivation et leur sentiment d’appartenance.
Une meilleure qualité de vie au travail
Le TTR et les autres initiatives de mobilité responsable ont aussi des effets positifs sur le bien-être des salariés. Moins de fatigue liée aux trajets, moins de stress des embouteillages : autant d’éléments qui influent positivement sur la QVCT des collaborateurs.
Une étude révèle d’ailleurs que 88% des salariés estiment que les entreprises devraient davantage prendre en compte les problématiques de mobilité.
En facilitant les voyages écoresponsables, les entreprises offrent également à leurs salariés la possibilité de mieux profiter de leurs week-ends prolongés et de leurs séjours à l’étranger, sans culpabiliser ni rogner sur leurs jours de congé.
Vers un futur du travail plus responsable ?
Le Temps de Trajet Responsable n’en est qu’à ses débuts, mais il s’inscrit dans une tendance de fond : celle d’un travail plus flexible, plus respectueux des enjeux climatiques et du bien-être des collaborateurs.
Et si demain, d’autres innovations venaient compléter ces dispositifs ? On pourrait imaginer des compensations carbone intégrées aux voyages d’affaires, des bonus écologiques pour les collaborateurs adoptant des mobilités douces, ou encore des « jours verts » permettant aux équipes de télétravailler lorsqu’elles évitent un trajet polluant.
Le TTR marque une étape supplémentaire vers une refonte des modes de déplacement en entreprise. Reste à savoir si les entreprises s’empareront du sujet, en explorant les aides existantes et en anticipant les évolutions réglementaires à venir.
Source(s) documentaire(s) :
- Ubiq créé le TTR
- Les salariés et la mobilité – Sondage BVA pour Salesforce