Guillaume Pertinant, Consultant et formateur, vous propose une série de tribunes de vulgarisation pour aider celles et ceux qui gèrent le capital humain en entreprise à prévenir les conséquences du stress. La deuxième tribune porte sur la reconnaissance des manifestations du stress.
Le processus du stress existe pour favoriser une adaptation à des agents de stress de nature physique, de faible fréquence et de forte intensité. Dans ces circonstances, le processus est parfait en ce sens qu’il propose d’une part tout ce dont nous avons besoin pour agir dans l’urgence (oxygénation prioritaire du coeur, du cerveau et des muscles, élévation de l’oxygène sanguin, libération de glucose par le foie, etc.) et sait d’autre part nous « délester » de fonctions pourtant fondamentales (gestion du système immunitaire, de la libido, de la digestion, etc.) selon le principe génial que ces fonctions consomment de l’énergie qui sera plus utile pour assurer notre survie. C’est ce dernier point qui permet de comprendre les effets délétères du stress chronique. Lorsque le système immunitaire baisse chroniquement la garde, la probabilité de tomber malade augmente.
« Le microbe n’est rien, le terrain est tout » Claude Bernard
Les conséquences du stress chronique peuvent se classer en quatre grands tableaux, représentés dans la liste non exhaustive ci dessous :
– Les conséquences physiologiques : troubles cardio-vasculaires, douleurs musculaires et TMS, fatigue chronique, migraines, etc.
– Les conséquences cognitives : baisse de la créativité, détérioration de la mémoire, difficulté à prendre des décisions, etc.
– Les conséquences émotionnelles : excitation, tristesse, sensibilité excessive, crises de larme ou de nerfs, etc.
– Les conséquences comportementales : agressivité ou tendance à l’évitement, comportements compulsifs ou addictifs, etc.
Le stress étant un processus d’adaptation, c’est lorsque l’adaptation n’est plus possible ou échoue qu’il y a une altération de la santé physique ou mentale de l’individu. L’objectif est donc d’observer et de repérer le plus tôt possible des changements chez les individus et de réfléchir aux causes pouvant causer ces changements. Par exemple, Jean d’habitude jovial est depuis peu effacé. La patience de Nadine a laissé place à de l’excitation. Paul semble absent et Victor multiplie les erreurs inhabituelles.
La dimension chronique du stress pathogène implique qu’il s’agit d’un mécanisme d’épuisement des capacités d’adaptation plus que d’une rupture soudaine. Il s’agit donc d’agir dès l’apparition des premiers symptômes.
ll faut développer une réelle aptitude à l’observation de ces symptômes sachant que certains d’entre eux peuvent être masqués par des « béquilles » chimiques (tels les antidépresseurs). La seconde et principale étape consiste ensuite à comprendre le contexte de l’apparition de ces symptômes pour pouvoir en analyser les causes. Que s’est-il passé qui puisse expliquer l’attitude de retrait de Jean ?
Les mêmes agents de stress n’entraînent pas les mêmes conséquences chez les individus. Savoir gérer le stress, c’est donc enrichir son registre de sensibilité et savoir reconnaître les conséquences de stress auxquels on peut ne pas être personnellement sensible. Savoir prévenir le stress c’est également savoir associer à ces conséquences des causes qui peuvent également ne pas générer en nous une réaction de stress.
Les conséquences du stress peuvent être multiples et sans apparente relation avec les événements qui en sont la cause. Par exemple la relation entre une tension perçue au travail et des problèmes dermatologiques n’est pas évidente.
Les symptômes de stress peuvent apparaître dans des situations apparemment dépourvues d’agents stressants. En effet, l’absence subite de stimulation nécessite également une adaptation et est donc un agent de stress. Même s’il a résisté aux exigences d’une semaine de travail, le salarié peut se trouver en difficulté lorsque le rythme rompu. « Les petits maux de fin de semaine ou de début de vacances, comme les rhumes et infections diverses constituent un exemple de ce type de stress » (Marc Hautekèete – Professeur des Universités en psychologie).