Guillaume Pertinant, Consultant et formateur, vous propose une série de tribunes de vulgarisation pour aider celles et ceux qui gèrent le capital humain en entreprise à prévenir les conséquences du stress. La première tribune porte sur la nécessaire compréhension du stress.
Le stress est une réaction plutôt qu’une cause ou une conséquence. Cette réaction est fondamentalement une réaction de défense ou d’adaptation aux événements perçus comme menaçant la satisfaction de nos besoins fondamentaux (besoin de sécurité, besoin d’identité, etc.). Cela veut dire que le stress peut-être vu comme une alarme qui indique la présence d’un risque, d’un danger (ou d’un événement perçu comme tel). Pour le gestionnaire cela signifie qu’il faut apprendre à repérer les témoins d’alarme (les signaux de stress) et à en rechercher les causes associées.
Ce danger perçu peut être personnel ou professionnel, notre système d’alarme ne sait pas faire la différence !
Cette réaction d’adaptation est inconsciente. Nous connaissons par exemple le cas de l’adaptation automatique au stress thermique (sudation ou accélération du rythme cardiaque pour s’adapter au chaud ou au froid). Pour prévenir les conséquences du stress, mieux vaut donc s’employer à réduire les agents de stress et développer les modérateurs de stress que d’essayer de dompter le processus lui même.
La réaction du stress est optimale pour favoriser l’adaptation a des agents de stress de forte intensité et de faible fréquence. La raison est que les agents de stress auxquels nous avons été confrontés durant notre évolution correspondaient à ces critères.
« Si vous êtes un zèbre fuyant le prédateur pour sauver sa vie, alors les mécanismes de stress sont merveilleux, exactement ce que vous voulez qu’il se produise pour survivre. Mais quand vous êtes un humain souffrant d’agents de stress adventices, les mêmes mécanismes se mettent en route et génèrent la maladie s’ils sont activés trop longtemps. » Robert Sapolsky – Stanford
Le problème est que notre société se caractérise actuellement par des agents de stress d’intensité qui peut être modérée mais de forte fréquence (alors que la réaction du stress elle n’a pas évoluée). Nos organismes ne sont tout simplement pas fait pour gérer des agents de stress chroniques. La priorité est donc de réduire la chronicité des agents de stress, quels qu’ils soient.
Le stress étant une réaction archaïque optimisée pour des agents de stress de forte intensité de type lutte ou fuite, il est associé à la mise à disposition d’énergie (pour courir vite et échapper au prédateur) ainsi qu’à la libération de substances euphorisantes et anti douleur. C’est ce qui a conduit certains à créer et défendre la notion de bon stress. Il s’agit d’une part d’un abus de langage (le stress est une réaction et non les conséquences de la réaction) et d’autre part d’une vision très simplificatrice du phénomène. En effet, si un agent de stress aigu (d’une intensité ne dépassant pas les capacités d’adaptation de la personne concernée) peut stimuler une réaction génératrice d’énergie, les conséquences de réactions de stress à des agents chroniques perçus comme menaçant les besoins fondamentaux sont toujours délétères.
La réaction du stress est un modèle à deux entrées avec l’agent de stress d’une part et la perception par l’individu de cet événement de l’autre. La perception ou l’évaluation individuelle de l’agent stressant dépend de l’éducation, des expériences passées, du genre, de l’âge, de l’état physiologique et émotionnel du sujet et de très nombreux autres facteurs individuels. C’est ce qui explique d’une part la grande variation de réponses entre les individus et d’autre part que nous pouvons réagir différemment à un même agent de stress rencontré à des moments différents. La dimension subjective du processus explique également pourquoi les êtres humains ont la particularité de pouvoir déclencher une réaction de stress par rapport à des événements imaginaires…
Le stress correspond fondamentalement à une logique circulaire. C’est à dire que la conséquence d’une réaction de stress passée peut devenir la cause d’une réaction présente (lorsque par exemple la conséquence d’une transaction de stress passée affecte l’état physique ou émotionnel qui à son tour teinte la manière dont le nouvel agent de stress est évalué). Une conséquence de ce fait est que sans action corrective le phénomène a tendance à s’auto entretenir et s’auto alimenter. Un exemple : je suis stressé donc je dors mal donc je suis de mauvaise humeur donc j’ai des problèmes relationnels au travail donc je suis encore plus stressé donc je dors encore plus mal, etc. L’ironie du stress pouvant être que dans certaines circonstances les conséquences de stress peuvent être pire que ces les causes qui les ont crées.
La deuxième tribune portera sur le sujet suivant : reconnaître les manifestations du stress.
Guillaume Pertinant