Pionnier des démarches participatives, Solvay, acteur majeur de l’industrie chimique, croit depuis plus de 15 ans, en la nécessité d’écouter les idées de ses collaborateurs. Tous, de l’ouvrier au cadre, sont conviés à proposer des innovations, dans tous les domaines d’activité de l’entreprise, sur une plateforme collaborative interne. Une démarche « d’innovation participative » qui se chiffre en création réelle de valeur.
Les leviers de la démarche
Pour faire fonctionner un processus collaboratif, l’implication du management et de la direction est une condition sine qua non. « Notre démarche d’innovation participative fait partie intégrante de la stratégie d’innovation du Groupe », rapporte Thierry Collard, responsable des nouvelles activités et technologies de Solvay France. L’idée de ce processus est née, en Italie, de l’initiative d’un manager du Groupe, devenu directeur général de la filiale française. « Au départ, il a fallu vaincre la résistance des managers, les convaincre de la nécessité d’avoir un système de gestion des idées des salariés », continue-t-il.
L’idée a fait son chemin. Aujourd’hui, l’entreprise comptabilise en France, une moyenne de 1,36 idée par personne. « Cela représente de 2500 à 3000 idées proposées par an sur tout le territoire », précise Thierry Collard. Ouvrier, agent de maîtrise, cadre, aucun statut n’est mis de côté. « C’est un agent de maîtrise qui avait proposé l’idée, aujourd’hui concrétisée, du « stop and go » pour les véhicules en fonction sur nos sites », donne pour exemple Christian Clerc-Girard, responsable de la communication de Solvay France
« C’est en conjuguant la dynamique qui existe au sein du personnel avec des outils performants que la démarche peut fonctionner », poursuit son collègue. Les salariés sont invités à soumettre leurs idées sur une plateforme interne, InnoPlace, accessible sur l’intranet du Groupe. Elles sont ensuite soumises aux gestionnaires des Boîtes A Idées, les Innov’acteurs, qui jugent de leur pertinence. Pour traiter la masse d’idées, ceux-ci se réunissent régulièrement. Vient ensuite la désignation d’experts, chargés de la coordination de la réalisation de l’idée retenue. Les idées sont ensuite examinées et suivies par une commission Innovation mensuelle.
« Pour dynamiser le processus, nous proposons régulièrement des challenges sur un thème précis », complète Thierry Collard. Depuis 3 ans, ces challenges s’articulent autour des orientations stratégiques prises par le Groupe et notamment en matière de développement durable. « Nous lançons des questions du type : comment réduire notre consommation d’énergie, d’eau, nos déchets ? », continue-t-il.
Un gain de 2500€ par salarié
30 à 40% des idées proposées sont concrétisées. Dernier levier de la réussite d’une démarche participative : la continuité. « La gestion des idées ne s’arrête par à leur évaluation, ni même à leur réalisation », lance Thierry Collard. Au-delà de la concrétisation du projet, il s’agit de mettre en valeur les collaborateurs. « Il peut y avoir une récompense financière, mais surtout une reconnaissance interne », confirme Thierry Collard.
Cette gestion des idées se chiffre, entre autres, en termes d’économies. Solvay évoque un gain moyen de 2500€ par salarié. A l’usine de Tavaux, l’un des sites du Groupe, le responsable innovation évalue même un gain de 3700 € par salarié. « Nous sommes une société où la production concentre la majorité de nos effectifs », précise Thierry Collard. La plupart des idées visent donc des améliorations de processus de production. Mais les services supports sont également force de proposition.
« Un grand nombre d’idées touche aussi à l’amélioration des conditions de travail, de la sécurité », ajoute Christian Clerc-Girard. Innovation technique et innovation managériale vont de pair. « En 2010, à l’usine de Tavaux, poursuit-il, des techniciens ont lancé une démarche de sensibilisation du personnel à la nécessité d’une gestion économe de l’énergie ». Des animateurs ont été formés puis se sont rendus sur site, au cœur des chantiers. Objectif : rafraîchir les connaissances de chacun sur la consommation énergétique. « La démarche était innovante parce qu’une action de sensibilisation de ce type n’avait encore jamais été mise en place », termine le responsable de la communication.
Typhanie BOUJU