Le recrutement 2.0 a ouvert la porte au sourcing de masse. Les candidats postulent au quart de clic ; le vivier que représentent les CVthèques des jobboards et les blogs professionnels croit de façon exponentielle. Paradoxe : dans certains domaines, les profils n’affluent pas, dissimulés dans ce magma. Autre prémisse d’un scénario 3.0 : des réseaux sociaux qui se professionnalisent et se spécialisent, jusqu’à offrir des fonctionnalités proches de celles des jobboards.
« La pénurie de bons candidats »
« Avec les outils de sourcing traditionnels, les jobboards comme LesJeudis ou Monster, nous ne trouvions pas assez de bons candidats », constate Vincent Klingbeil du cabinet Amétix, spécialisé dans le Digital Recrutement. Le cabinet opère dans les secteurs de l’Internet, de l’Entertainment et des media. Il prend l’exemple des développeurs web : « il y a beaucoup plus de demandes que de profils disponibles. Les acteurs du secteur rencontrent des difficultés à recruter à la hauteur de leurs besoins ». Face à cette « pénurie de bons candidats » dont il fait état, l’agence traque désormais les profils sur LinkedIn, Facebook, Viadeo ou Twitter. « On obtient de biens meilleurs retours », conclut-il.
Dans un scénario du recrutement 3.0, les candidats ne cherchent plus des offres, mais mettent en valeur leurs compétences, via l’animation de communautés, la création de profils sur les réseaux sociaux et de blogs. Les recruteurs quant à eux deviennent des Community Managers. Ils ne sont plus seulement des spécialistes du recrutement, ils sont des professionnels de la communication, développent la marque employeur de l’entreprise et surfent sur les réseaux sociaux. Pour l’entreprise, il ne s’agit plus de déposer des offres et de trier des profils. Il faut créer du lien avec les potentiels candidats, un exercice auquel se prêtent davantage les réseaux sociaux que les jobboards.
« Les jobboards ne sont pas adaptés, trop chers et les profils des candidats n’y sont pas assez détaillés. On se retrouve à contacter des candidats qui ne correspondent pas à la demande du client », poursuit Vincent Klingbeil. Pour autant, il ne prédit pas la fin des jobboards. « Ils ne sont plus le seul outil », nuance-t-il, avant de préciser que 70% de leurs recrutements se font via les réseaux sociaux.
De plus en plus de RSP de niche
Dans la finance, le milieu médical ou sportif, ou encore l’immobilier, le réseau professionnel – et donc les réseaux sociaux – est un vecteur d’évolution et d’opportunités. Comme il existe des jobboards généralistes et d’autres spécialisés, les réseaux sociaux ne s’appellent plus seulement Facebook, Viadeo ou Xing. Ces derniers sont toujours figures de proue, mais d’autres modèles gagnent du terrain : Whozimmo pour les acteurs du marché immobilier, Entrepreneurs d’Avenir pour les « pionniers d’une économie durable », Web CHR pour les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration – en cours de construction-, People in Finance, Sport et Business…
Point négatif : le RSP de niche est souvent moins actif que le généraliste et compte moins d’inscrits. Ont-ils effectivement leur place sur la toile sachant que les réseaux généralistes proposent déjà de créer des hubs, des pages, des groupes et autres communautés spécialisées ?
Dernier signal d’un recrutement 3.0 basé davantage sur les réseaux sociaux que sur les jobboards : l’intérêt que portent les géants de la toile et de l’informatique aux réseaux sociaux. Le futur Google + et le potentiel Tulalip de Windows ne sont pas des jobboards mais bien des réseaux sociaux.
Entre jobboard et réseau sociaux professionnels, l’étau se resserre. Les premiers offrent des profils de mieux en mieux renseignés et parfois la possibilité de prendre contact directement avec les membres, employeurs ou candidats ; les seconds permettent de poster des offres d’emploi. L’un et l’autre outil iront-ils jusqu’à fusionner ?
Typhanie Bouju