Le mode SaaS, Software as a Service, permet aux entreprises de bénéficier des fonctionnalités d’un logiciel applicatif sans en faire l’acquisition, l’installation, l’administration technique, mais en souscrivant un abonnement d’utilisation du logiciel via internet.
Facile et rapide à déployer, souple et modulable, le modèle présente de nombreux avantages mais également quelques inconvénients.
My RH Line fait le point sur ce modèle en plein développement avec l’éclairage de Bernard JUST et Christophe PATTE, spécialistes du conseil en SIRH.
Le mode SaaS, définition
Le mode Saas, Software as a Service (logiciel en tant que service, en français) est un concept permettant d’accéder à distance à des applications hébergées. L’éditeur de la solution fournit les moyens et le fournisseur de service propose, dans le cadre d’un abonnement, la fonctionnalité intégrée et gérée à ses clients qui l’utiliseront.
On oppose le mode SaaS au mode ERP qui nécessitait l’installation de l’application chez le client.
Le mode SaaS est apparu en l’an 2000. La différence avec les précédents modèles (ASP, On Demand), réside dans le fait que les applications en mode Saas ont été conçues pour internet, alors qu’il s’agissait auparavant de front-end web appliqué à des applications traditionnelles.
Pour qui ?
Les applications en ligne répondent à différentes attentes selon la taille de l’entreprise. Souvent dépourvues d’un véritable service informatique, les PME sont particulièrement concernées. En effet, "le mode Saas n’est pas consomateur de ressources informatiques pour l’entreprise cliente, le prestataire assure la quasi totalité des interventions dites techniques ", précise Christophe PATTE.
Concernant les grandes entreprises, « même si elles peuvent se doter d’application en mode Saas, elles ont tendance à privilégier le mode ERP qui a une grande robustesse », explique Bernard Just. « L’avantage est nettement plus grand pour les PME. »
Selon une enquête réalisée par Microsoft auprès d’un échantillon de 600 prestataires spécialisés dans les PME dans cinq pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, France et Brésil), 86% des petites structures interrogées souhaitaient investir dans les solutions de SaaS (Software as a Service) en 2009.
L’enquête montre également que 45% des PME voulaient profiter du Saas pour obtenir davantage de services.
En très forte croissance, les SaaS présentent pour les entreprises divers avantages et inconvénients.
Avantages
Le premier avantage qui ressort lorsque l’on évoque le mode SaaS est la rapidité de déploiement. Les solutions SaaS étant déjà pré-existantes, le temps de déploiement est extrêmement faible.
« Il n’est pas rare de voir déployer une application Saas en moins de 3 mois, là où il faut 12 à 24 mois pour un ERP », précise Bernard Just.
« L’utilisation du mode Saas en entreprise permet également de se libérer des charges techniques. La maintenance, le paramétrage, les différentes sauvegardes sont gérés par le prestataire », indique Christophe PATTE
Le fait de pouvoir accéder à la solution de n’importe quel endroit « est très important car cela répond à une exigence très forte des entreprises qui est la nomadisation des salariés » explique Bernard Just. « Le fait de pouvoir accéder à n’importe quel endroit de la planète à une application est un avantage important ».
Enfin le client maîtrise totalement son budget, puisqu’il sait à l’avance ce qu’il va payer ou peut le déterminer. Si c’est à l’usage, il est capable de savoir quel usage il va en faire et donc ce que cela va lui coûter à la fin du mois. Néanmoins, le mode SaaS n’est pas nécessairement moins coûteux contrairement aux idées reçues.
Inconvénients
Lors de la mise en place de solutions SaaS, les données relatives à l’entreprise cliente sont, généralement, stockées sur les serveurs du prestataire fournissant la solution. Cette délocalisation des données peut amener des soucis de confidentialité. En outre de nombreux prestataires ne sont pas français et certaines entreprises refusent donc de voir certaines informations "sensibles" (notament les rémunérations) hébergées à l’étranger (Banques, Secteur public…)
Selon Bernard Just, « les éditeurs l’ont compris et font évoluer les applications afin qu’elles soient totalement sécurisées. Nous sommes déjà dans une phase où l’on peut faire confiance aux applications. »
« Il est important de prévoir les scénarios futurs possibles, en cas de ré-internalisation ou de changement de solution RH. L’entreprise peut se retrouver complétement dépendante de son fournisseur. Il est primordial de prévoir dès les départs les conditions de réstitution des données de l’entreprise, car même si le contrat précise que les données sont la propriété de l’entreprise, le prestataire n’a généralement pas d’obligation de vous remettre des fichiers en fin de contrat. Prévoyer donc une clause contractuelle précisant : comment les données seront restituées, sous quel délais et à quel coût. » précise Christophe PATTE.
Bernard Just, quant à lui, ne voit qu’un seul inconvénient au mode Saas. « Les possibilités de paramétrages sont assez limitées depuis que les premières applications sont nées. Mais cela pourrait se dissiper. Nous entrons dans une ère totale de paramétrage des applications SaaS et d’intégration des Work Flow ».
« Un dernier aspect est à valider, comme tout marché en plein essor, de nouveaux acteurs RH apparaisent et proposent des solutions en mode Saas à des tarifs attrayants, pensez à visiter leurs locaux, demandez à voir les salles machines, que l’on vous explique clairement l’infrastructure informatique permettant l’hébergement de l’application et des données (où sont les serveurs, comment s’effectuent les sauvegardes des bases de données, …) » indique Christophe PATTE.
Evolution
« Il y a un peu un effet de mode qui fait qu’aujourd’hui, les entreprises veulent aller de plus en plus vite dans les installations et que cela leur coûte de moins en moins cher », explique Bernard Just. « La crise a favorisé le mode Saas », continue-t-il. « 2009 a été une année florissante. Les entreprises qui choisissaient une solution ont majoritairement opté pour ce mode-là pour les raisons de coût et de rapidité. De plus, les Saas nécessitent moins de ressources. Si nous sortons de la crise, il est possible que les entreprises se tournent de nouveau vers des modèles plus traditionnels, mais nous ne saurons cela qu’en 2011. »
« Malgré tout l’avenir du Saas est tout de même prometteur. Je fais souvent une comparaison avec le web 2.0 qui est très collaboratif, le mode Saas va suivre cette tendance et devenir de plus en plus collaboratif, permettre à des filiales de communiquer entre elles, à des entreprises de déployer des applications internationales », conclut Bernard Just.
Le marché est très évolutif et s’adapte aux tendances et évolutions technologiques. Les éditeurs se lancent dans des applications destinées aux Smartphone (par exemple : Central Test, éditeur de tests d’évaluation, vient de lancer son premier test d’orientation sur iPhone-Test Métier.), pour toujours plus de mobilité, de simplicité et de réactivité.
Mais attention aux débordements, et au décalage, les sociétés françaises sont-elles prêtes à autant d’ouverture vers l’extérieure (web, espace collaboratif, …)?
Anne-Sophie Duguay