Rentabilité, rendement : la vitesse d’exécution apparaît comme un sacerdoce inhérent au monde de l’entreprise. Pourtant cette course effrénée contre la montre, cette obligation d’accomplir de plus en plus de tâches dans un laps temps toujours plus court entraine sur la durée stress, usure et par là-même perte d’efficacité. Et si pour produire mieux et tenir la distance, il fallait ralentir ? Zoom sur le slow management.
Antithèse du fast management hérité du taylorisme, le slow management théorisé dans un ouvrage paru en 2004 sous la plume d’Heike Bruch et de Sumantra Ghoshal revient sur le devant de la scène. Son leitmotiv ? Ralentir pour mieux produire. Un concept qui vise à replacer l’humain au centre de la performance de l’entreprise, axé sur le bien-être des salariés au travail. Une idée séduisante dont les fondamentaux tendent à répondre à des valeurs centrés sur le développement durable, l’engagement éthique et la responsabilité sociale des entreprises. Bien entendu, différents leviers opérationnels sont à activer pour favoriser ce type de management.
En premier lieu, le manager se doit d’être à l’écoute de ceux qu’il encadre. Prendre le temps de rencontrer et d’échanger avec ses collaborateurs, identifier la plus-value de chacun, comprendre les difficultés qu’ils rencontrent. Dans les faits, il s’agit avant tout de reconnaître l’autre, de lui faire confiance et par là-même de jouer la carte de l’autonomie. Être vu et considéré, c’est avoir l’opportunité de prendre pleinement sa place, d’être force de propositions et de s’impliquer réellement dans la bonne marche de l’entreprise. Côté manager, fluidifier les échanges et agir en conséquence des informations glanées ici et là, cerner véritablement les hommes et les femmes qu’il encadre, leurs compétences, c’est aussi prendre de la hauteur pour agir de façon stratégique et non pas dans l’urgence. En quelques mots, il s’agit d’écouter, de fédérer, d’analyser et d’anticiper !
Apéro-réunion, séances de relaxation et espace de sieste…
Partout dans le monde, certaines entreprises sont d’ores et déjà passées du concept à la pratique. Ainsi le franco-américain Yvon Chouinard, fervent adepte du slow management, et à la tête de Patagonia une entreprise californienne qui produit des vêtements et du matériel d’alpinisme, de surf a mis en place pour favoriser le bien-être de ses salariés des espaces de sieste ou encore des séances de relaxation (…). Plus près de chez nous, à Rennes, Digitaleo s’applique également à faire du slow management son cheval de bataille. Cette société de marketing organise ainsi une fois par mois un apéro-réunion. L’occasion pour l’employeur d’informer ses salariés sur les tenants et les aboutissants de leur travail, sur les résultats obtenus par l’entité et sur les grandes lignes stratégiques envisagées. Un moment convivial où les collaborateurs sont amenés à s’exprimer et à interagir avec la direction. Un rendez-vous qui va de pair avec d’autres dispositifs mis en place dans l’entreprise comme la propre gestion de son emploi du temps, la possibilité de travailler à distance et la constitution d’équipes qui "s’auto-managent".
Des modes de fonctionnement en totale adéquation avec les attentes de la génération Y, en quête d’autonomie et allergique aux directives. Des principes qui plus globalement corroborent avec les attentes des salariés français qui selon une récente enquête, instiguée par meilleures-entreprises.com et intitulée "Happy at work", plébiscitent le projet d’entreprise (92 %), la convivialité (88,5 %), le travail en équipe (86 %) et la place laissée à l’initiative individuelle (85 %).
Gérald Dudouet