Depuis près de deux ans, le petit monde du SIRH subit ce que certains qualifient de mini-révolution. L’arrivée d’une nouvelle génération de fournisseurs qui proposent fonctionnellement la même chose en matière de gestion des grands processus RH mais dans un mode différent, le SAAS. Alors effet de mode ou véritable lame de fond ? Tour d’horizon.
Certains analystes parlent de rupture technologique quand d’autres voient dans l’émergence du mode SAAS un changement de modèle économique. Mais qu’en est-il véritablement ? Nombreux sont les DRH à s’interroger sur la pertinence de leur SIRH. « Il y a deux catégories : les entreprises dont le système est en passe d’être obsolète et qui se questionnent sur le choix d’un nouveau SIRH, au regard de l’évolution de leurs besoins et de leur budget et les organisations qui n’ont pas de besoin immédiat mais conduisent une veille sur le marché », indique Richard Lac, Co-fondateur de l’observatoire SIRH et Manager SIRH au sein du Groupe CSC.
56 % des personnes interrogées à l’occasion du grand débat interactif conduit par l’Observatoire SIRH, ont affirmé avoir mis en place une solution SAAS au sein de leur SIRH. Néanmoins dans quelle mesure faut-il préféré le mode ERP au SAAS ? Quelles sont les bonnes questions à se poser afin de déterminer le mode le plus adapté à votre SIRH ? Pour Arnaud Peponnet, Human Capital Management Sales Executive au sein du Groupe SAP, « il faut analyser la valeur réelle pour l’entreprise. Cette dernière n’est d’ailleurs pas uniquement fonctionnelle. Il y a également des enjeux organisationnels, de sécurité et d’unicité de la donnée ».
Avantages et inconvénients
« L’ERP, c’est du sur-mesure alors que le SAAS s’apparente davantage à du prêt à porter ce qui implique pour l’entreprise de s’adapter à l’outil. Certains groupes internationaux avec des règles et des besoins spécifiques ont du mal à rentrer dans le prêt à porter et auront donc tout intérêt à s’orienter vers le mode ERP », indique le co-fondateur de l’Observatoire SIRH.
La mise en place des ERP est chevillée au déploiement d’un certain nombre de lots : recrutement, mobilité ou encore formation. Une fois la décision prise d’implémenter ces lots, il est en général très compliqué de revenir en arrière, contrairement au mode SAAS qui permet une mise en stand-by du projet. « C’est là tout l’avantage du mode SAAS qui offre une véritable agilité dans la mise en œuvre des fonctionnalités », souligne le Manager SIRH au sein du Groupe CSC. Une théorie confirmée par Claire-Marie de Vulliod, analyste au sein du Groupe Le CXP, « il n’existe pas un seul SAAS mais plusieurs SAAS qu’il convient de déterminer en fonction des besoins RH de l’entreprise ».
Contrairement au mode ERP, le SAAS présente l’avantage d’être affilié à une seule et même version. « Tout le monde a la même version ce qui permet d’offrir une véritable innovation grâce à un système intégré et unique », indique le directeur commercial de Cornerstone OnDemand. En effet, en mode SAAS le fournisseur n’a pas besoin de maintenir plusieurs versions pour son client qui bénéficie des avancées qui ont lieu en moyenne entre deux et quatre fois par an. « Tous les utilisateurs du mode SAAS peuvent, ainsi, bénéficier sans surcoût des évolutions de fonctionnalités. A l’inverse le mode ERP qui subit en moyenne un changement de version tous les deux ans, oblige une migration souvent coûteuse et longue à mettre en œuvre », souligne Richard Lac.
Enfin parmi les inquiétudes figure en bonne place la notion de sécurité et de confidentialité. 58 % des personnes interrogées ont, ainsi, répondu que la confidentialité était un frein à la mise en œuvre du mode SAAS. Pour Matthieu Durif, directeur commercial chez Cornerstone OnDemand, « l’application SAAS autorise beaucoup de fonctionnalité et permet de limiter plus ou moins l’accès à telle ou telle donnée à certaines publics. Il existe de nombreux moyens de contrôle, des niveaux de certifications et de surveillance en interne ».
Au final comme le précise Frédéric Lapras du groupe Talentsoft, « chaque produit a ses propres caractéristiques et il faut bien comprendre les besoins en amont afin de se lancer ».
Un mot de la fin qui semble confirmer la théorie selon laquelle les deux modes ERP et SAAS devraient continuer de coexister et ce, pendant un certain nombre d’années.
Emilie Vidaud