Plus de 40 après l’adoption à l’initiative de Jacques Delors, de l’Accord national interprofessionnel qui posait les bases du système de formation professionnelle continue (FPC), où en est-on ? Quelles sont les forces et les faiblesses du système de formation professionnelle ? Quels sont les défis de demain en la matière ? L’ambition originelle est-elle devenue réalité ? Le 24 janvier dernier, le Recteur Christian Forestier, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), organisait une conférence-débat sur le thème de la formation professionnelle continue, avec à ses côtés Raymond Vatier, l'inventeur des Greta, de l'Onisep, du Cereq et du Cesi. Tour de table…
Comme le soulignait l’Accord national interprofessionnel du 7 janvier 2009*, la formation professionnelle renforce la compétitivité économique et s’impose aujourd’hui plus que jamais, comme un des piliers pour la sécurisation des parcours professionnels et la promotion sociale des salariés.
Pour autant, la formation a mauvaise réputation. Jugé complexe voire taxé d’inefficace, le système de formation professionnelle dispose pourtant de solides atouts comme le précise l’Avis** rendu le 13 décembre dernier par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) : « il repose sur un financement conséquent et un principe de mutualisation ; il donne un rôle central aux partenaires sociaux, il accroît l’individualisation du droit à la formation en cherchant à rendre le salarié acteur de sa formation. Enfin, les réformes successives lui ont permis de s’adapter aux évolutions du monde du travail ».
La loi de 2009 devait notamment corriger certaines faiblesses du système. Il semble en effet, selon les conclusions du Cese que les entreprises ne recourent pas suffisamment à la formation pour sécuriser les parcours professionnels, que l’offre de formation soient encore peu régulée, le financement complexe et la gouvernance problématique.
A cela s’ajouterait également un problème d’inégal accès à la formation notamment pour les salariés peu qualifiés, ceux issus des TPE-PME et les demandeurs d’emploi. Rappelons qu’en 2009, les dépenses de formation professionnelle ont atteint 31,3 Md€ dont 12,8 Md€ par les entreprises et que 117 000 diplômes ont été délivrés en FPC (sources Cese).
Le plan de formation : un outil stratégique RH
Deux ans après la mise en œuvre de la loi de 2009, où en est-on ?
« Il était encore un peu tôt pour faire le bilan de la loi de 2009, seulement deux ans après sa mise en œuvre. Le Cese a réalisé un certain nombre d’auditions. A commencer par celle de Jacques Delors, le père fondateur de la loi de 71. Ce dernier a réaffirmé qu’il fallait respecter l’esprit de cet Accord tout en rappelant avec force que les partenaires sociaux ont un rôle central à jouer sur la question de la formation professionnelle », précise Françoise Geng, présidente de la section Travail et Emploi (CGT) du Cese (Conseil économique, social et environnemental).
Plus concrètement, le Cese a formulé dans son Avis, 24 recommandations structurées autour de 4 axes forts. Par exemple, il est urgent selon Françoise Geng de mieux articuler la formation initiale et la formation continue en renforçant les liens entre le système éducatif et le monde du travail mais aussi en assurant la promotion de l’alternance ou encore de la VAE.
« Aujourd’hui il faut rebâtir l’articulation entre formation et orientation. Il est indispensable qu’il y ait des passeurs. Car ce sont eux qui peuvent faire évoluer un système comme le nôtre », indique Vincent Merle, professeur au CNAM et titulaire de la Chaire « Travail, emploi et acquisition professionnelle ». Sur la question de l’efficacité du système, le Cese réaffirme la nécessité de faire du plan de formation un outil stratégique de gestion RH. « Investir dans le capital humain, c’est cela dont les entreprises ont besoin aujourd’hui.
Et pourquoi pas, inscrire la formation professionnelle comme une des composantes de la RSE des entreprises. », propose la Présidente de la section Travail et Emploi (CGT) du Cese. La formation professionnelle devrait dans les prochaines années s’affirmer de plus en plus comme un outil de sécurisation des parcours et des transitions professionnelles. C’est la raison pour laquelle, il est fondamental, selon le Cese de renforcer la question de la gouvernance et du pilotage stratégique.
Emilie Vidaud
*« Le développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels »
** Le 13 décembre dernier, le Cese (Conseil économique, social et environnemental) publiait un avis sur « 40 ans de formation professionnelle : bilan et perspectives ».