La sonnette d’alarme tirée par les organismes de l’apprentissage a bien été entendue par l’État qui le 4 juin a annoncé un plan de sauvetage de l’apprentissage à hauteur d’un milliard d’euros. La priorité, maintenir le taux d’embauche des apprentis en hausse en 2019, puis sécuriser le présent et l’avenir des jeunes en réduisant l’impact de la crise du coronavirus sur leur insertion professionnelle. Voici ce qu’il faut retenir en 5 points.
Maintenir la dynamique positive de l’emploi des jeunes
Après une hausse de 16 % du taux d’embauche des apprentis sur l’année 2019, soit 368 000 signatures, le ralentissement soudain des contrats d’apprentissage vient casser la dynamique de soutien à l’accès à l’emploi. Le plan de sauvetage de l’apprentissage vise à garantir les demandes de contrat d’apprentissage enregistrées sur les plateformes Parcoursup et Affelnet. Cela dans la logique de soutenir l’impulsion d’emploi des jeunes soutenue par les mesures gouvernementales de ces dernières années.
Une prime avantageuse à l’embauche d’un apprenti
D’une hauteur de 5 000 à 8 000 euros sera versée par l’État à l’employeur qui signe un contrat d’embauche d’un apprenti (du CAP à la licence professionnelle bac +3) du 1er juillet 2020 au 28 février 2021. Dans le détail, il s’agit de 5 000 € par an pour un jeune de moins de 18 ans et 8 000 € pour un jeune entre 18 et 30 ans. D’une part, ceci se traduit par une éventuelle gratuité pour les apprentis de moins de 21 ans. D’autre part, cette mesure favorise particulièrement les PME de moins de 250 salariés qui pourront en faire la demande sans conditions.
Un plan de sauvetage de l’apprentissage favorisant la temporalité
Non seulement le délai de recherche d’un contrat d’apprentissage a été rallongé de 3 à 6 mois, de plus, la nouvelle mesure gouvernementale permet aux jeunes d’entamer leur apprentissage en CFA lors des premiers 6 mois sans embauche dans une entreprise. Même si cela est loin de résoudre l’incertitude d’une année scolaire bouleversée par la crise du coronavirus, ce délai permet de garder les jeunes dans une dynamique de recherche et d’entrée dans le circuit professionnel.
Plus de moyens pour soutenir l’apprentissage en ligne
Le plan de sauvetage de l’apprentissage comprend des nouvelles modalités pour décrocher l’aide financière au premier équipement de départ, allant jusqu’à 500 euros (pour l’achat d’un ordinateur, par exemple) octroyés par les OPCO. Cette aide initiée en septembre 2018 sera désormais débloquée à l’entrée du jeune en formation et non plus à la signature du contrat d’embauche d’un apprenti.
Un plan de sauvetage de l’apprentissage qui a ses limites
Les défenseurs du contrat d’apprentissage, comme l’Association Nationale des Apprentis de France, préviennent d’un risque de dévaluation possible du statut d’apprenti. La baisse du niveau d’investissement nécessaire pour l’embauche d’un apprenti pourrait se traduire par un effet d’aubaine (volume d’embauche, manque de mission définie, besoin mal ou pas du tout évalué) qui pourrait nuire à l’expérience de l’apprenti au sein de l’entreprise. Néanmoins, cette crainte ne prend pas en compte l’investissement en ressources pour former et accompagner un apprenti, ni la valeur qu’il est susceptible de créer pour l’entreprise par la suite.
Du point des ressources humaines, le plan de sauvetage de l’apprentissage permet non seulement de continuer à intégrer des jeunes dans le circuit de l’emploi au sortir du système éducatif, mais aussi d’expérimenter de nouvelles voies pour l’embauche d’apprentis. C’est là aussi l’occasion pour l’entreprise de venir en aide à cette “génération du confinement” qui se retrouve impactée par les conséquences socio-économiques de la pandémie (traumatismes psychologiques, précarité financière et socio-professionnelle), ceci dans l’immédiat et à long terme. Sans une continuité dans l’embauche des apprentis, ces derniers courent non seulement le risque d’être exclus du marché du travail, mais aussi l’impossibilité de le réintégrer, au moment de la reprise économique.
Mai Trebuil