Travailler en open space est monnaie courante dans de nombreuses entreprises. Pas moins de 3,2 millions de salariés y travaillaient déjà en 2019 (Enquête Conditions de travail 2019, Dares).
Autrement dit, 2 salariés de bureau sur 5 travaillent au sein d’un espace de travail collectif où les bureaux ne sont ni séparés par des murs ni par des cloisons.
Cependant, une récente analyse de la Dares met en lumière les conditions de travail pas tout à fait glorieuses auxquelles sont confrontés les salariés évoluant dans ces espaces ouverts, et ce malgré certains avantages (soutien de la part des collègues, horaires moins extensifs…).
myRHline fait le point sur les principaux constats de cette analyse.
Un environnement plus bruyant, et pas seulement
L’une des caractéristiques notables des open spaces est le niveau élevé de bruit ambiant. L’analyse de la Dares révèle que les salariés en open space considèrent le bruit comme une gêne, davantage que chez les collaborateurs travaillant dans un bureau classique. Ainsi, la promesse d’un environnement dédié à favoriser la communication se heurte à la réalité d’un espace de travail où la cacophonie règne, affectant le bien-être des salariés.
Mais ce n’est pas le seul élément qui dérange, tant s’en faut. En effet, puisque les open spaces sont souvent des lieux clos avec une ventilation artificielle, les collaborateurs qui y travaillent sont plus souvent confrontés à une température élevée.
On observe aussi que les salariés travaillant en open space sont un peu plus nombreux à ne pas pouvoir entendre une personne située à 2 ou 3 mètres et qui leur adresse la parole.
Autant d’éléments qui peuvent affecter la qualité de travail et la productivité des salariés, puisqu’ils sont plus souvent distraits et peuvent avoir du mal à se concentrer.
- Le saviez-vous ? Les salariés en open space seraient moins nombreux que les autres à disposer d’informations claires et suffisantes pour mener à bien leur travail (74 % contre 77 % des salariés en bureau classique).
Une plus grande intensité de travail
Cette analyse de la Dares met en lumière un autre aspect préoccupant des open spaces : une intensité de travail accrue. Et pour cause : 39 % d’entre eux sont confrontés à au moins 3 contraintes de rythme sur 8, contre 33 % des salariés en bureau classique. En open space, ils sont un peu plus nombreux par ailleurs à devoir interrompre une tâche pour se consacrer à une autre qui n’était pourtant pas prévue (77 % vs 75 %).
Il semble que la culture de l’urgence et l’injonction tacite à la disponibilité permanente dans les open spaces conduisent à des situations de surcharge de travail. Les travailleurs se retrouvent souvent à jongler avec plusieurs tâches simultanément, compromettant la qualité de leur travail et augmentant le risque de burn-out.
Plus d’arrêts maladie ?
Un constat inquiétant de l’analyse de la Dares concerne le lien entre les open spaces et les risques d’absentéisme maladie.
- Le saviez-vous ? Un récent baromètre ayming sur l’absentéisme en entreprise alerte sur la hausse de l’absentéisme maladie. (voir Baromètre de l’Absentéisme® et de l’Engagement – édition 2023)
L’état de santé des salariés en open space est un peu moins bon que ceux en bureau classique.
Notons par exemple que les absences pour des raisons de santé seraient plus courantes en open space : les collaborateurs sont plus nombreux à déclarer avoir été arrêtés pour maladie (hors maternité) au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête (34 % vs 27 %). Ce qui pourrait s’expliquer, entre autres, par l’exposition au bruit, aux virus, sans parler des risques psychosociaux.
Ainsi, il convient d’être attentif à tous ces éléments dans une logique QVCT. À plus forte raison dans un contexte où le travail en open space serait moins porteur de sens et peut générer un sentiment d’insécurité lié à l’emploi plus fréquent.
Vers des open spaces plus « humains »
Au regard des constats mentionnés par la Dares, ces derniers soulignent les défis majeurs que rencontrent les salariés. Pour remédier à ces problèmes, quelques pistes d’amélioration peuvent apparaître :
- En matière de gestion du bruit : veillez à la création d’espaces dédiés au calme où vos salariés pourront également travailler. Sensibilisez également vos équipes quant au respect des moments de concentration individuelle.
- En matière d’intensité de travail : encouragez les politiques qui reconnaissent la valeur du temps personnel et veillez à promouvoir une approche équilibrée du travail. Pensez également à mettre en place des stratégies de gestion des temps et de priorisation des tâches. Automatisez ce qui peut l’être.
- En matière de santé et de prévention : veillez non seulement à promouvoir une culture d’entreprise axée sur le bien-être des salariés, aménagez vos espaces de travail si nécessaire et veillez à prendre le pouls auprès de vos salariés quant à leurs conditions de travail.
Pour rester dans cette logique, citons Jérôme Friteau, DRH pour l’Assurance Retraite Caisse Nationale, récemment interviewé par myRHline :
Il faut briser le sentiment d’urgence permanent au travail et s’obliger à prendre un temps de pause où l’on évoque les questions sensibles, mais aussi les marges de manœuvre que l’on a pour améliorer l’expérience des collaborateurs. Cela peut se faire en entretien d’évaluation, dans des espaces de dialogue sur le travail lors du debrief des résultats d’un baromètre social (…)
Enfin, n’oublions pas de fixer des objectifs clairs aux salariés, d’autant plus que ces derniers sont sursollicités en open space. Les entreprises soucieuses de revoir ses conditions de travail de leurs salariés seront plus enclines à créer des environnements propices à la productivité.