Aujourd’hui, le marché du travail est dans une configuration inédite où plusieurs générations se côtoient en contexte professionnel. Pour autant, une catégorie de travailleurs reste encore sous-exploitée par les entreprises : les seniors.
Perçus comme trop chers ou peu adaptables, ils sont encore victimes de nombreux préjugés qui limitent leur accès à l’emploi. Pourtant, leur expertise, leur engagement et leurs compétences en font des atouts stratégiques pour les organisations.
Quels sont les principaux freins à l’embauche des salariés seniors ? Sont-ils vraiment moins adaptables face aux évolutions du marché du travail ? En quoi miser sur les seniors représente-t-il un levier de compétitivité pour les entreprises ?
Décryptage dans cet article.
Voir au-delà des clichés
Selon le baromètre Landoy 2024, à compétences égales, être âgé de 50 ans et plus représente un frein à l’embauche pour 64 % des personnes interrogées. En effet, alors que le nombre de seniors sur le marché du travail explose, les clichés à leur égard ne diminuent pas.
En premier lieu, ces salariés coûteraient trop cher.
Or, ce n’est pas tout à fait vrai, puisque 48 % des seniors en recherche d’emploi se disent prêts à revoir leurs prétentions salariales à la baisse (Source : France Travail & Apec, janvier 2022). Ajoutons à cela qu’il existe des dispositifs d’aide à l’emploi des seniors tels que le contrat de professionnalisation, créé pour les demandeurs d’emploi de 45 ans et plus. Mais aussi le CDD Senior et le CDI Inclusion, bénéficiant tous deux aux talents de plus de 57 ans.
Notons également que, si 62 % de cette population accordent une forte importance au salaire, il en va de même pour les moins de 35 ans. (Source: Work Initiative for Senior Empowerment, TBWA). L’âge n’est donc pas la variable d’ajustement !
En parallèle, certains employeurs sont peu enclins à recruter des seniors par crainte que ceux-ci ne s’inscrivent pas dans la durée. Pourtant, 73 % des 45-54 ans aspirent à faire carrière dans une seule entreprise, quand 43 % des plus de 50 ans souhaitent rester durablement au même endroit. Ce chiffre descend à 32 % pour les collaborateurs de moins de 35 ans.
L’Apec indique, quant à elle, que sept cadres seniors sur dix exercent dans leur entreprise depuis au moins 20 ans. Ils sont par ailleurs huit sur dix à se dire attachés et fiers de leur organisation, et massivement engagés dans leur travail pour 91 % d’entre eux .
Recrutement des seniors : de précieux talents
Autrement dit, il faut apprécier les seniors à leur juste valeur : ce sont des talents attractifs dont la contribution est précieuse pour l’ensemble de l’entreprise.
Un rôle essentiel dans la transmission des savoirs
Ainsi, bien que l’épanouissement professionnel figure parmi leurs priorités, ils sont pas moins de 53 % à souhaiter transmettre leurs savoirs (Source : Robert Walters). En zoomant sur les cadres, on s’aperçoit que huit employés sur dix souhaitent se consacrer davantage à la formation des collaborateurs. Qu’elle prenne la forme de mentorats, d’échanges informels, ou fasse l’objet de parcours spécifiques, cette transmission est indispensable à la compétitivité des organisations, puisque l’expérience accumulée au fil des années par ces populations est une véritable mine d’or.
En outre, apprendre aux côtés des « aînés » est un facteur de motivation indéniable pour les « autres » salariés : ils sont 64 %, toutes générations confondues, à déclarer que les plus de 50 ans ont beaucoup à apporter en matière d’expérience et de compétences, et 46 % voient la mise en place de binômes intergénérationnels comme un levier au service de la coopération.
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Des soft skills stratégiques… à toute épreuve
En parlant de compétences justement, les seniors n’ont pas dit leur dernier mot. Outre les connaissances techniques rattachées à un métier, ils sont dotés de nombreuses soft skills que sont l’autonomie et la fiabilité – 80 % des dirigeants et DRH considèrent les seniors comme étant plus fiables et autonomes que les autres salariés –, l’aisance relationnelle, la prise de hauteur, le leadership ou la résolution de problèmes. À titre d’exemple, 47 % des cadres seniors seraient, selon les managers, mieux armés pour désamorcer un conflit.
De quoi faire la différence dans un monde du travail placé sous le signe de la montée en puissance des nouvelles technologies et de la disparition progressive de certaines tâches opérationnelles, où les compétences sociales et émotionnelles occuperont une place de choix à horizon 2030. (Source : McKinsey).
Disposer de tels savoir-être est aussi un avantage clé pour maintenir la tête hors de l’eau par ces temps mouvementés. 53 % des seniors estiment d’ailleurs que les crises successives sont l’occasion de mettre en lumière leurs capacités d’adaptation, leur souplesse, et leur résistance au stress.
Source(s) documentaire (s) :
- Baromètre du Club Landoy 2024
- Projections professionnelles des cadres seniors, Apec
- Dossier L’emploi des seniors, Caisse des dépôts