Postulez, puis patientez ! En effet, les délais entre le premier acte de candidature et la réponse de l’employeur n’ont jamais été aussi longs. Pourquoi les recruteurs Français ont-ils besoin de plus de temps que leurs homologues américains par exemple ? Explications.
Nouveau record pour la France. C’est en effet dans l’hexagone que les processus de recrutement sont les plus longs : 31,9 jours. Contre 28,8 en Allemagne, 28,6 en Royaume Uni, 22,9 jours aux Etats-Unis et même 22,1 jours au Canada. Pire, toujours selon une étude publiée par le centre de recherches de Glassdoor, un site d’évaluation des employeurs, ces délais ont même tendance à s’allonger. Depuis 2010, la durée des entretiens d’embauche a augmenté en moyenne de 3,3 à 3,7 jours selon les zones géographiques. A cela plusieurs explications.
D’abord la prudence à tous les étages. Avant de se lancer, les recruteurs enfilent « ceinture et bretelles ». Et pour cause, une erreur de casting peut coûter jusqu’à 44 000 euros à une entreprise selon une étude menée par Manpower. Donc, ils multiplient les étapes de sélection en vérifiant par exemple de très près l’origine et l’authenticité des diplômes. Les prises de références auprès d’anciens employeurs du candidat n’ont jamais été aussi nombreuses. Aux Etats-Unis, elles concernent 42% des candidats contre seulement 25% en 2010. Toujours selon les 344 000 compte-rendu d’entretiens d’embauche passés au crible par Glassdoor, les recruteurs ont désormais davantage recours aux tests de compétences et/ou de personnalité. « Ces méthodes de sélection additionnelles des employeurs ajoutent un allongement statistiquement significatif à la durée moyenne requise par les candidats pour suivre un processus d’embauche. Jusqu’à une semaine dans certains cas », souligne Andrew Chamberlain, économiste en charge de cette étude pour Glassdoor.
A cette volonté de limiter au minimum les risques s’ajoute, sur certains secteurs, une pénurie de candidats qualifiés pour les postes à pourvoir. Dans ce cas, le sourcing compliqué rallonge de fait les processus de sélection. Certains mettent également en avant la complexité du droit du travail et plus encore, le coût d’un licenciement pour expliquer leur frilosité à se décider.
Evidemment, ces moyennes cachent de grandes disparités. Ainsi, sans surprise, c’est dans les grandes structures internationales (plus de 100 000 salariés) que le processus de validation est le plus long. L’inertie, de toute évidence. Le délai y dépasse un mois et demi. En revanche dans les boites de moins de 50 salariés, cela varie entre 15 et 16 jours selon les pays. En fonction de leur CSP et du type d’emploi visé, tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne. Il faut moins d’une semaine aux employeurs pour pourvoir un poste nécessitant peu ou pas d’expérience ou de compétences techniques. Les candidats au poste de marketing junior en profitent (3,9 jours), suivis par exemple par les vendeurs juniors (5,4 jours en moyenne). Sur les profils que les recruteurs s’arrachent en ce moment, comme les développeurs informations, les spécialistes en data, les web designers, cela prend à peine 15 jours. En revanche, plus on grimpe dans la hiérarchie, plus les recruteurs prennent leur temps. Enfin, l’étude de Glassdoor Research conclut que le sexe, l’âge et le niveau d’éducation des candidats « n’ont statistiquement aucun impact sur la durée du processus d’embauche ».
Sylvie Laidet