Cette question déplaît autant aux candidats qu’aux recruteurs. Si elle est de moins en moins posée, car insignifiante tant les réponses sont formatées, la préparer a le mérite de permettre à celui qui cherche un emploi de faire le point sur ses atouts et ses limites.
À question banale, réponse formatée
« Si elle est toujours présente dans les manuels de recrutement, la question est un peu vieillotte et surtout, n’a pas grand intérêt. Les réponses sont préparées et ne disent rien du candidat ». Les paroles de Caroline Marty, Responsable RH chez Descours & Cabaud Rhône-Alpes Auvergne, ont de quoi rassurer les plus inquiets. Cette question, elle ne l’a plus posée depuis 10 ans. Malgré tout et au-delà du fait qu’il faut se préparer à toute éventualité, réfléchir à une liste de qualités et de défauts n’est pas un exercice inutile. Il vous permettra de repérer vos points forts et vos points faibles.
Aussi formatées que vos réponses puissent être, elles ne doivent pas être nonchalantes, voire même agaçantes. Si vous n’avez pas d’idées, évitez de philosopher en tentant un « Il est plus facile de déplacer un fleuve que de changer son caractère » ou un « J’ai les défauts de mes qualités et les qualités de mes défauts ». Vu, lu et entendu en entretien !
Vous ne savez pas par où commencer ? Pour les qualités, procédez par thématique :
- relation aux autres : êtes-vous attentif (et non attentionné), enthousiaste, convaincant… ?
- conscience professionnelle : êtes-vous audacieux, entreprenant, rigoureux… ?
- gestion du stress : êtes-vous plutôt serein, réactif, réfléchi… ?
Cette liste n’a rien d’exhaustif et sera complétée en fonction du poste auquel vous postulez, de votre secteur, du vocabulaire de l’annonce et de l’entreprise que vous visez. Ensuite, armez-vous d’un dictionnaire des synonymes.
Pour les défauts, demandez à votre entourage et fouillez dans vos souvenirs en contexte professionnel. Vous a-t-on déjà dit que vous étiez têtu ? Il suffit ensuite de trouver le mot juste et de ne pas tomber dans l’excès. A « têtu », préférez « obstiné ». Vous êtes du genre timide ou effacé, le mot « discret » passera mieux. Ou au contraire, impulsif, autoritaire ou susceptible, essayez « passionné, impatient, convaincant, meneur ». Gardez à l’esprit la situation professionnelle qui vous a mené jusqu’à la citation de ce défaut. Vous pourrez l’expliquer au recruteur – à sa demande ou de vous-même – et ainsi le rassurer.
Qualité ou compétence ?
N’entrez pas dans le domaine du privé et, si vous n’êtes pas à l’aise avec les termes « défaut » et « qualité », transposez la question dans le champ des compétences. « Le candidat doit transformer ses points faibles en points forts et ses expériences en compétences », conseille la responsable RH. Elle donne l’exemple d’une personne « en reconversion » qu’elle a récemment rencontrée. Issue du monde de l’intérim, elle souhaite travailler dans un service RH. Pour les recruteurs, son expérience passée fait partie de ses points faibles. « Elle doit transformer son expérience du travail temporaire en compétences RH : savoir travailler dans l’urgence, faire du reporting, faire le lien entre un directeur et un salarié… », détaille Caroline Marty.
Lorsque le point faible est lié à votre expérience, qu’il s’agisse d’une période d’inactivité ou de changements fréquents d’employeur, « transformez-le en force, continue la responsable RH. Changer d’entreprises, ce n’est pas grave, si vous pouvez expliquer ». La faiblesse se transforme alors en qualité. Vendez « votre capacité d’adaptation, votre regard neuf et la diversité de vos expériences ».
La question qualité/défaut « détournée »
Non, il ne s’agit pas d’un stratagème du recruteur. Non, le recruteur ne cherche pas à vous déstabiliser. « Ce serait une perte de temps que de passer une demi-heure à sous tirer des informations à un candidat tétanisé », ironise Caroline Marty. Un entretien permet de dégager les compétences d’un candidat, uniques critères de recrutement.
Pour éviter les réponses des manuels, la question pourra être « détournée » ou contournée. « Je demande plutôt à la personne de me décrire son responsable idéal, en termes de contact, de management, de soutien. J’aime à penser que les qualités qu’ils apprécient sont celles qu’ils possèdent. » Autre moyen d’amener le candidat sur le terrain des qualités et des défauts, mais aussi de la maîtrise des savoirs-faires : « Quelle expérience professionnelle se rapproche le plus du poste proposé ? ». L’occasion de développer sur vos points forts, de raconter votre personnalité, vos idées.
Un dernier conseil : soyez honnête. « Gardez en tête que l’objectif de l’entretien est de donner confiance au recruteur », termine la responsable RH. Si vous mentez, sur votre période d’inactivité par exemple, vous perdez sa confiance… et l’opportunité d’être retenu.
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Typhanie Bouju et Laurène Boussé