Alex Landreau, Directeur Produit et Innovation chez Openportal répond à nos questions.
2012 est une année charnière pour la formation professionnelle. Pouvez-vous faire une synthèse des enjeux ?
Depuis l’acte fondateur de la loi du 16 juillet 1971, la formation professionnelle en France a fait l’objet d’un empilement de textes de loi depuis 40 ans, ce qui démontre sa très forte dimension politique et sociale. On peut retenir quelques éléments clés tels que la formation tout au long de la vie en 2004 (DIF, période de professionnalisation, contrat pro, passeport formation), la loi du 24 novembre 2009 qui pose les bases de la portabilité du DIF, du développement de l’alternance, de la réforme des OPCA et de la réorientation des fonds.
Le sommet social du 18 janvier 2012 vise à renforcer les moyens financiers et consacre la formation comme une alternative au licenciement (formation des demandeurs d’emploi de longue durée, meilleur accompagnement des jeunes via l’alternance, action vers les TPE-PME).
On peut retenir qu’au fil du temps, la formation est devenue une affaire d’Etat de plus en plus focalisée sur la problématique du chômage.
Au point d’en oublier sa vocation première ?
C’est en soi une bonne chose que l’Etat s’implique dans la Formation professionnelle et en fasse un outil de lutte contre le chômage. Il serait juste dommage d’en rester à cette dimension car « former », pour l’entreprise, c’est acquérir ou entretenir des compétences stratégiques. Nous sommes entrés dans l’ère de l’hyper compétition avec le réveil des ex pays émergents et l’accélération des mutations technologiques. Les concurrents peuvent venir de n’importe où et les avantages compétitifs s’érodent rapidement. La Formation est aussi là pour lever ces incertitudes croissantes. L’entreprise se doit de former pour s’adapter en permanence et se constituer des avantages concurrentiels temporaires.
Concernant la mesure de l’impact de la formation ou Retour sur Investissement (ROI). Pouvez-vous en dire plus ?
Tout d’abord, la notion de ROI désigne un ratio financier qui se calcule sur la base du montant d’argent gagné ou perdu par rapport à la somme initialement investie. Si on veut appliquer cette approche à la Formation, cela consiste à en mesurer les bénéfices en justifiant son efficacité grâce à des indicateurs fiables :
- Quantitatif sur les coûts (maximiser les recettes, minimiser les coûts de gestion)
- Quantitatif sur les bénéfices (productivité, sécurité, anomalies, turnover, profits, parts de marché, etc.)
- Qualitatifs en termes d’impact sur l’individu (performance, bien-être au travail, passerelles métiers et mobilité,…) et sur l’organisation (culture d’entreprise, climat social, etc.)
La forte dimension administrative et budgétaire de la formation facilite la mesure du ROI quantitatif, notamment l’amélioration du « taux de retour » (maximiser l’utilisation des fonds) et l’optimisation des dépenses (recours à la FOAD, automatisation de la logistique de formation, etc…).
Pour le volet qualitatif, il est vital pour les entreprises de dépasser le « Taux de Retour » et d’aller vers un modèle d’évaluation de la formation et du développement des RH. La littérature nous donne d’excellents modèles méthodologiques dont je retiens principalement la matrice de Kirkpatrick /Philips qui impose la mise en place d’une véritable stratégie d’évaluation à froid qui s’appuie sur un diagnostic initial souvent porté par la démarche GPEC (désormais devenu GEPP).