Dans son rapport sur l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication au travail, le Centre d’analyse stratégique (CAS) met en garde sur les risques psycho-sociaux qu’elles induisent. Pour contrer les dérives, les DRH doivent être en première ligne sur ce sujet.
Internet, smartphones, mails… Quels impacts sur les conditions de travail ? Aujourd’hui, près de deux tiers des actifs occupés et 100% des entreprises de plus de 20 salariés utilisent les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leurs activités professionnelles. Pour le Centre d’analyse stratégique (CAS) qui a publié, le 29 février, un rapport sur le sujet, les effets des TIC sont souvent positifs, en apportant de l’autonomie, mais ils peuvent également se révéler défavorables, en contribuant à la disparition du collectif du travail. Parmi les dangers, le rapport souligne que les Tic « occasionnent du stress, une surcharge de travail », en brouillant les frontières entre vie privée et vie professionnelle, « des troubles musculo-squelettiques et un sentiment d’urgence ».
Mettre en place des outils de régulation interne
Pour éviter ces risques, le CAS préconise de considérer le système d’information « comme un outil d’aide au travail des salariés ». Cela passe par « la mise en place d’outils de régulation interne des usages », comme par exemple, l’interdiction d’envoyer des e-mails le soir après une certaine heure ou le week-end. C’est-à-dire des modes d’encadrement comme des codes de bonne conduite ou des chartres d’utilisation de ces outils.
Associer le management au projet
Par ailleurs, le CAS recommande d’intégrer, dès le départ du projet TIC, le management. L’objectif étant de s’interroger sur l’opportunité d’utiliser de tel ou tel outil. Le facteur humain est insuffisamment pris en compte, voire, dans certains cas, « totalement occulté ». Les critères techniques et financiers avancées par les directions des services informatiques (DSI) prenant trop souvent le pas sur les conséquences organisationnelles et sur les impacts des systèmes d’information sur le travail des salariés.
Et impliquer les DRH
De même, « les responsables de ressources humaines et du dialogue social doivent être davantage impliqués et disposer pour cela de marges de manœuvre suffisantes ». Ils sont actuellement trop peu « investis en partie par manque de formation sur les enjeux des usages des TIC ». Les DRH doivent être en première ligne pour traiter de ces questions: intensification des rythmes de travail, productivité, stress, santé au travail. A eux également d’établir « un bilan annuel sur les usages des TIC » afin de connaitre le niveau d’appropriation de certains outils et leur impact sur les conditions de travail. Ou d’aborder le sujet lors des négociations sur les risques psycho-sociaux qui est un bon support pour traiter ce genre de problèmes.
Former les salariés au changement
De même, alors que les technologies évoluent très rapidement (mise en place d’application type ERP, par exemple), la formation des salariés est souvent négligée. Aussi est-il important, selon le CAS, de renforcer « l’accompagnement au changement des salariés face aux évolutions du système d‘information ». Or, l’effort de formation continue des salariés concernant les TIC a singulièrement fléchi depuis le début des années 2000. La plus grande maîtrise des outils par les salariés, notamment les plus jeunes, explique en partie cette baisse, de même que le développement de l’autoformation.
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Camille Leroy