Personne ne travaille pour la gloire, et recevoir une fiche de paie à la fin du mois est la raison principale qui pousse les salariés à se lever le matin. Mais la motivation au travail n’est pas (seulement) pécuniaire. Pour donner envie à ses collaborateurs de se surpasser, et si possible, avec le sourire, les primes, les petits cadeaux et les séjours incentive ne sont pas les seuls boosters de motivation. Paroles de salariés…
La perception de la tâche
L’intitulé d’un poste est une étiquette. Les tâches, les responsabilités qui y sont liées, les dossiers à traiter, les déplacements à effectue, font de ce poste une réalité quotidienne, motivante ou non. Pour qu’elle le soit, il faut pouvoir susciter un intérêt pour le secteur dans lequel évolue le salarié. Karine travaille dans l’environnement et s’estime chanceuse car c’est le secteur qu’elle a toujours visé. Dans ce cas, la passion est bien présente, mais la motivation est encouragée. Elle avoue ne pas « trop aimé passer des heures à rédiger des rapports », mais reste motivée car elle passe aussi du temps sur le terrain. « Ce qui me motive, c’est le contact avec la nature et le fait de la mobilisation pour une cause », confie-t-elle.
Le sentiment d’implication naît avec l’information et s’accompagne d’une liberté d’expression : le salarié doit exploiter ses compétences, ses savoir-faire, ses savoirs et les compléter. Karine ajoute d’ailleurs à la liste de ses motivations, « la possibilité d’augmenter ses connaissances dans un domaine précis ». La formation est un outil de motivation. On peut également inviter ses salariés à des conférences, des colloques ou organiser une rencontre avec des experts.
Le mode projet et le challenge
L’innovation, l’aboutissement d’un projet, mais aussi le dépassement de soi sont des facteurs de motivation. Sarah est salariée dans une agence de photographies et le dit clairement : « Ce qui me motive ? C’est de développer un nouveau projet, de le faire connaître et de le voir aboutir ». Nicolas, lui, est chercheur en Sciences Economiques et, « pour être motivé, [il] a besoin de mener un projet, collectif ou pas, de créer, de produire quelque chose, qu’il s’agisse d’un document, d’une étude ou de préparer une conférence ». Se situer au cœur d’un projet gonfle la motivation et permet, poursuit-il, « de prouver qu’on est capable de le faire ». Karine place également au cœur du débat le salarié en tant qu’individu. Pour elle, un travail motivant est un travail qui pousse « à se surpasser », et permet d’acquérir « une meilleure connaissance de soi, de renforcer sa personnalité et d’améliorer sa capacité à résoudre les difficultés ».
Lancer des challenges à ses collaborateurs favorise l’émulation et la productivité, mais peut aussi s’avérer risqué en termes de motivation. Le défi qui oppose les salariés ne porte pas toujours que des fruits mûrs. Sans élever la barre trop haut – vers des objectifs inatteignables, ce qui causerait du stress -, le challenge peut être lancé par rapport à des résultats passés ou à ceux des concurrents.
La reconnaissance
Apres le challenge, vient la reconnaissance. Une relation de cause à effet qui ne paraît pas aussi évidente. Le dernier sondage de Juritravail sur le moral des salariés indique que 55% des cadres s’estiment non reconnus par leur hiérarchie et 67% des salariés dans leur ensemble. Sarah se sent, dit-elle, « motivée lorsque les gens considèrent [son] travail ». Pour Karine, ce n’est pas seulement la reconnaissance de la hiérarchie mais celle « de l’entourage » dans son ensemble qui compte.
Pourquoi toujours dire ce qui ne va pas, et seulement ce qui ne va pas ? Sans tomber dans la niaiserie du « tout le monde, il est beau », il faut pouvoir indiquer à ses collaborateurs ce qui ne fonctionne pas ET ce qui fonctionne.
Les relations entre collègues
69% des salariés estiment avoir de bonnes relations avec leurs collègues de travail, remarque l’étude sur le moral des salariés… un des scores les plus encourageants, mais qui ne parvient pas à rehausser l’indice général. « J’ai démarré dans la profession de journaliste avec passion et envie. Je sens qu’à l’heure actuelle ça s’étiole un peu. Mais j’aime toujours l’ambiance qu’il règne dans les rédactions », raconte Lionel. Il évoque comme facteur motivant, le fait « de rentrer dans une communauté et de s’y sentir bien, d’y être compris et de partager les mêmes codes ». Le sentiment d’appartenance est fortement lié à la motivation et découle de l’image de l’entreprise que se fait le salarié. C’est dès l’intégration d’un nouveau collaborateur que cela se joue. Malheureusement, d’après le même sondage plusieurs fois cités, 52% des salariés n’ont pas une bonne image de leur entreprise.
Typhanie BOUJU