Le salaire est-il toujours un sujet tabou ? 56 % des femmes interrogées à l’occasion du Cercle InterElles répondent par la négative. Pourtant, il semble que le « plafond de verre » persiste dans certaines entreprises et ce, en dépit des évolutions législatives ayant trait à l’égalité salariale. Quelles sont les raisons profondes susceptibles d’expliquer un tel phénomène ? Comment les femmes peuvent-elles combattre les stéréotypes à commencer par celui où le « salaire féminin » est synonyme de « salaire d’appoint » ? Au final, quel mode d’emploi pour une négociation salariale réussie ? Explications
Aucun doute là-dessus, quand il s’agit d’aborder le sujet de l’égalité salariale, des écarts significatifs subsistent. Aujourd’hui, ces derniers se situent autour de 20 à 25 % et témoignent des rapports complexes que les femmes entretiennent avec l’argent.
Pour Laurence Dejouany, Auteure de l’ouvrage ‘Les femmes au piège de la négociation salariale’, « un imaginaire social persiste où les hommes revendiquent facilement rechercher le pouvoir et l’argent, quand les femmes sont dévouées et forcément désintéressées ». Ces stéréotypes ainsi que ces ancrages dans l’imaginaire social collectif ont favorisé la construction d’un carcan, qui freine l’évolution salariale des femmes dans l’entreprise. Lors du Colloque InterElles qui s’est tenu en mars dernier, un DRH révélait que « contrairement aux hommes, 9 femmes sur 10 ne savent pas où elles se situent précisément en matière de salaire ». Effrayant. D’autant plus que tous les experts et les psychologues s’accordent à le dire « la réalisation de soi-même passe aussi par l’argent ». Mais alors, comment faut-il négocier ? Quelles questions faut-il se poser en amont ? De quels outils disposent les salariés pour négocier une augmentation ? « Oser initier la démarche et faire preuve de détermination », telles sont les deux préconisations phares de François Roger, Responsable RH chez General Electric Healthcare, et Marianne Poyer, Experte métier chez EDF.
Qu’en est-il de la rémunération au sein de la fonction RH ? Découvrez les résultats de l’enquête myRHline dans l’article salaire RH.
Petit mode d’emploi de la négociation salariale
En matière de négociation salariale, l’un des tous premiers commandements consiste pour le collaborateur, à prendre connaissance de la politique de rémunération pratiquée au sein de l’entreprise. « A ce sujet le responsable RH est l’interlocuteur clé, car c’est souvent avec lui que démarrent les négociations », souligne Marianne Poyer. Ensuite, « il faut connaître précisément son salaire, primes et avantages afin de pouvoir se situer par rapport à ses collègues », indique le Responsable RH de General Electric Healthcare. A la question, pourquoi demander une augmentation ? Manon Carado, Industrial performance coordinator chez Areva, répond « parce que je travaille, que j’ai une valeur sur le marché, une valeur par rapport à mes collègues. Bref, parce que je le vaux bien ». Car réussir une négociation salariale passe aussi par un travail de préparation qui consiste à rassembler un certain nombre d’arguments mais également calculer le bon timing.
Comme le confirment les experts RH, « ce type de négociation n’aboutit jamais en une fois ». Enfin au moment de la rencontre avec le DRH ou le manager, adoptez le bon ton et la bonne attitude. Pour Manon Batiat, Responsable HSE chez Air Liquide European HomeHealthcare Operations, cela passe par une détermination affichée, « soyez sans affect, sans agressivité. Adoptez une posture déterminée et ne renoncez pas à votre féminité ».
Emilie Vidaud