Le télétravail a fait une arrivée fracassante dans la vie de nombreux salariés il y a maintenant un an. Si la pratique était déjà connue, son recours quasi-total dans certains secteurs et entreprises a été une surprise en mars 2020, alors que la France entrait dans une première période de confinement. Un an plus tard, le travail à distance est toujours la règle pour les activités qui le peuvent, pour le bonheur, ou pas, des salariés.
Les entreprises, jusque-là frileuses face au travail à distance, ont depuis un an bénéficié “d’une expérimentation à grande échelle pour le télétravail”, estime Vincent Pigache, secrétaire général de l’Union territoriale interprofessionnelle de l’Ouest francilien à la CFDT. Les salariés eux aussi, ont dans le même temps pu apprivoiser le télétravail.
Manque de matériel, difficultés à séparer vie privée et professionnelle, superviser l’école à la maison lors du premier confinement : les obstacles ont été nombreux. Mais force est de constater que le télétravail a finalement été une expérience positive pour une majorité de Français. Ainsi, un sondage OpinionWay-Square Management pour Les Échos et Radio Classique paru le 19 mai soulignait que 40% des personnes interrogées disaient vouloir continuer à télétravailler.
Plus précisément, 80% des actifs ayant eu recours au travail à distance durant le premier confinement assuraient vouloir poursuivre le télétravail, même en partie. “Finalement, le déblocage a eu lieu chez les salariés, mais encore plus chez le management. Celui-ci pouvait être inquiet jusqu’ici, se disant qu’il était préférable d’avoir les équipes sous la main. L’expérience de ce printemps prouve que, dans la plupart des cas, le télétravail, ça marche”, expliquait alors Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’OpinionWay.
Vers du télétravail, mais pas à 100%
Mais voilà, la situation a duré et dure encore. Le confort du travail à distance ne fait pas tout, et les salariés ressentent aussi les désavantages de la pratique, surtout lorsqu’elle est suivie à 100%. Le 3 décembre, le baromètre Ifop/SFL pour Paris Worksplace en faisait l’illustration.
Lassitude face à l’accumulation de mails et visioconférences ou simplement envie de contacts en face-à-face avec leurs collaborateurs, les salariés interrogés semblent avoir des désirs plus précis sur leur façon de travailler à distance. Télétravail oui, mais de façon hybride : seulement 8% des personnes interrogées se disent alors favorables au travail à distance intégral. Ainsi, 63% des salariés estiment maintenant que l’idéal résiderait dans un mélange consistant à venir au travail au moins trois jours par semaine.
Si aujourd’hui encore, le télétravail reste la règle face à la situation sanitaire, les salariés n’aspirent pas entièrement à un retour à la normale après ces temps sombres. Depuis un an, le travail à distance a fait ses preuves tout en montrant ses limites et semble avoir conquis une majorité des concernés.
Un accord syndicats – patronat
À la fin du mois de décembre, un projet d’accord du patronat sur le télétravail a ainsi obtenu la validation d’une majorité de syndicats (CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC). Ce texte fait d’ailleurs la part belle à la prévention contre l’isolement des salariés tout en évoquant le rôle des managers dans cette nouvelle organisation du travail.
Elsa TAILLANDIER