La Société Générale signait en 2011 un nouvel accord triennal visant à faciliter l’intégration des collaborateurs en situation de handicap. En trois questions, Véronique Lafon, adjointe du directeur de la diversité, revient sur les grands axes de la stratégie RH dans ce domaine et insiste sur l’importance du recrutement des cadres et de l’implication des managers. Deux aspects qui représentent, selon elle, des vecteurs incontournables d’une meilleure prise en compte du handicap en entreprise.
Pouvez-vous revenir sur l’historique de la politique handicap à la Société Générale ?
La création de la mission handicap de la Société Générale date de 2007. Deux ans après la loi de 2005, elle vient renforcer et cadrer notre stratégie RH au sein de la Direction de la diversité. Sa création sera suivie la même année de la signature pour quatre ans du premier accord d’entreprise sur cette question. Si l’objectif de départ était de prendre en charge nos salariés en situation de handicap, nous avons rapidement décidé d’aller au-delà en menant de grandes campagnes de recrutement et en participant à l’ensemble de forums et salons qui se sont développés un peu partout ces années-là. Entre 2007 et 2010, nous avons ainsi recruté 168 personnes, essentiellement des chargés d’accueil au sein des agences. En janvier 2011, nous avons signé un nouvel accord triennal qui donne notamment une nouvelle dimension à notre action de recrutement et renforce nos partenariats avec le secteur adapté.
Quel est le contenu de votre nouvel accord entreprise ?
Au-delà des questions de maintien dans l’emploi et la mise en place d’aménagements spécifiques, notre nouvel accord est largement centré sur la question du recrutement avec une volonté de travailler davantage à l’embauche de collaborateurs sur des postes de plus grande envergure. Notre ambition est de recruter cinquante salariés par an sur tous les métiers de l’entreprise. En 2011, soixante-trois travailleurs handicapés dont six cadres managers nous ont rejoints et nous comptons poursuivre sur cette lancée. Dans cette perspective, nous n’allons plus sur les grands salons généralistes de recrutement mais menons une vraie action de sourcing avec un cabinet spécialisé en allant chercher les candidats un par un et en menant des partenariats avec les grandes écoles. C’est une démarche très difficile, très lourde, les candidats sont peu nombreux mais ça marche et nous avons bon espoir de pouvoir continuer dans cette voie. Plus il y aura de managers recrutés – et je parle aussi de bac + 5 dans les services centraux -, plus la question du handicap au sein de l’entreprise sera facile à traiter. Nous menons également un grand chantier auprès du secteur adapté puisqu’aujourd’hui la moitié du courrier est traité par des entreprises de travail protégé. Entre 2010 et 2011, nous avons plus que doublé notre chiffre d’affaires avec ce secteur particulier.
Quels outils avez-vous mis en place pour accompagner votre politique handicap ?
Pour mener notre politique handicap, nous avons à la fois « industrialisé » et « humanisé » notre action. Ainsi, nous suivons de manière individualisée tous nos salariés en situation de handicap et mettons à disposition de l’ensemble des collaborateurs un numéro vert qui leur permet, de manière complètement anonyme, de poser toutes les questions relatives à cette problématique. Nous avons également affiné notre communication en créant des comptes Facebook et Twitter dédiés et en lançant le blog « Tous uniques » avec beaucoup de retours d’expériences. Nous organisons aussi de nombreuses formations pour les managers, car c’est un public qui n’est pas forcément sensibilisé à cette question et pour lequel il y a encore beaucoup d’a priori et de barrières à franchir. Notre action passe aussi par la participation à de nombreuses rencontres avec les membres des missions handicap d’autres entreprises, et pas seulement du secteur de la banque. Nous avons beaucoup à partager sur cette question du handicap et sommes toujours à l’écoute des bonnes pratiques dans ce domaine. Aujourd’hui, nous travaillons déjà à la mise en place du troisième accord. Sa signature est prévue pour début 2014.
Audrey Caudron-Vaillant