L’entreprise de services numériques Norsys revêt officiellement, depuis fin octobre, le statut de “société à mission”. Ce qualificatif récompense la démarche engagée de l’entreprise, qui depuis 20 ans, cherche la performance globale, une performance qui vise autant les performances sociale et environnementale qu’économique.
Pour Sylvain Breuzard, PDG de Norsys que nous avons interviewé pour l’occasion, cette nouvelle forme juridique qu’est la société à mission, créée par la loi du 22 mai 2019, ne doit surtout pas être une fin en soi. Chez Norsys, l’équipe veille à ce que chaque projet engendre cette crédibilité de société à mission.
La société à mission : engagement et responsabilité
D’après Sylvain Breuzard, prendre le temps de décrire l’intérêt général et la responsabilité de l’entreprise “renforce la pérennité de l’entreprise sur ses engagements” notamment en matière de QVCT, puisque chaque engagement figure dans les statuts. En effet, la loi demande à l’entreprise non seulement de lister ses engagements, mais de les mettre en œuvre, de les faire évaluer et de communiquer dessus. Côté Norsys, tout cela avait déjà été fait avant d’entreprendre la démarche et de demander la qualification d’entreprise à mission. Sylvain Breuzard explique : “Nous avons, en amont, défini nos indicateurs d’impact, nous avons créé un conseil spécifique pour les évaluer avec des salariés et des personnes externes et nous avons eu les résultats. »
Car la société a mission définit elle-même ses propres indicateurs, identifiés par rapport à la mission que l’entreprise souhaite assumer au niveau sociétal. A titre d’exemple, Norsys a choisi de s’interroger sur des sujets spécifiques, qui lui tiennent à cœur : en quoi Norsys améliore l’employabilité des collaborateurs ? Comment Norsys permet à des jeunes de se réinsérer dans la vie professionnelle ?
A contrario, “B corp” évalue les entreprises par rapport à ses propres indicateurs.
Définir sa raison d’être : une démarche collective pour Norsys
Pour définir sa raison d’être, Norsys s’est appuyé sur une méthodologie japonaise, l’Ikigai, utilisée par les Japonais dans leur travail d’introspection. Faire son Ikigai consiste à répondre à quatre questions : de quoi le monde a-t-il besoin ? Qu’est-ce que j’aime faire ? Qu’est-ce que je fais bien/ pour quoi suis-je doué ? Pour quelle activité puis-je être payé ? Norsys a transposé ces questions à l’entreprise.
Le travail a été mené de manière collective, les collaborateurs participants ayant chacun fait l’Ikigai de l’entreprise. Après avoir comparé les réponses – cet exercice permet par la même occasion d’identifier d’éventuels décalages- les collaborateurs sont parvenus à un consensus, grâce à certains mots clés qui avaient été cités à plusieurs reprises, tels que “éthique” et “humain”. C’est sur cette base que Norsys a défini sa raison d’être qui est la suivante : “Concevoir avec une préoccupation humaine et éthique des usages du numérique efficaces afin de contribuer à l’évolution positive du monde ”.
Pour Sylvain Breuzard, prendre le temps d’identifier collectivement des termes propres à l’entreprise offre une argumentation concrète au collaborateur. Cela engage les collaborateurs, qui pourront ensuite, grâce à un processus d’appropriation, juger de la pertinence de la raison d’être. A ce moment-là, la raison d’être est tout sauf un slogan publicitaire qui sonne creux, puisqu’elle a été éprouvée par les membres de l’entreprise. “La raison d’être amplifie l’effet de participation. Et à partir du moment où l’on s’interroge un peu plus sur le rôle de l’entreprise dans la société dans son environnement externe, on va être à l’écoute des tendances, des préoccupations quotidiennes. Cela permet d’anticiper des problématiques qui peuvent apparaître et tout cela peut être de la performance économique à la sortie.” poursuit Sylvain Breuzard. La raison d’être est créatrice de valeur si et seulement si elle est source de nouveaux élans, de nouveaux projets dans l’entreprise.
Pour Sylvain Breuzard, les entreprises ont un rôle fondamental à jouer dans la transformation de la société, ce sont elles qui peuvent agir le plus efficacement, et sans doute plus rapidement encore que les politiques, les structures administratives, le monde associatif. C’est parce que l’entreprise est actrice du quotidien que Sylvain Breuzard expérimente aujourd’hui au sein de Norsys un nouveau modèle de développement des entreprises. Ce nouveau modèle, sa conception et la méthode pour la développer seront expliqués dans un livre qui sortira le 5 mars 2021.
Philippine SANDER