Le groupe Mane, spécialisé dans l’élaboration et la production de composants aromatiques et de compositions parfumantes, a reçu le Trophée du contrat de génération dans la catégorie Entreprise de 300 salariés et plus. Retour sur cette négociation avec Pascal Chapelon, DRH du groupe Mane de la zone EMEA.
- Dans quel contexte avez-vous signé ce contrat de génération ?
Pascal Chapelon : Notre société est dans une logique de croissance d’activité, il était donc normal qu’une dynamique sociale l’accompagne. Depuis 10 ans, notre président a fait le choix de s’engager à créer de l’emploi en France. Sur 5 ans, nous avons créé 400 emplois nets. Cet accord « contrat de génération » participe de la gestion de notre pyramide des âges.
- Comment se sont passées les négociations avec les partenaires sociaux ?
Nous avons d’abord mené une phase de diagnostic de la situation économique et de l’emploi chez Mane. Ce bilan a ensuite été partagé avec les partenaires sociaux et a servi de base au dialogue social. Au final, l’accord triennal a été signé par l’ensemble des organisations représentatives du personnel le 13 septembre 2013.
- Quels engagements avez-vous pris ?
Nous nous sommes engagés à offrir 100 opportunités d’emploi à des jeunes et à maintenir le taux d’emploi des seniors à 6% minimum de l’effectif du groupe. Cet accord nous engage également sur la transmission de savoirs et l’optimisation des conditions de travail.
- Quelles actions avez-vous entrepris pour le recrutement des jeunes ?
Cet accord nous a permis d’améliorer notre image employeur, notamment auprès des jeunes candidats. A ce jour, nous avons embauché 73 jeunes de moins de 26 ans en CDI, 50 en CDD via l’apprentissage et nous rémunérons nos stagiaires au dessus des barèmes fixés par la loi.
- Comment avez-vous assuré le maintien dans l'emploi des séniors ?
D’abord en veillant à développer leur employabilité, mais aussi en travaillant sur la pénibilité des postes de travail. Depuis la signature de l’accord, 200 postes ont été audités et rendus plus ergonomiques. Nous avons également mis au point un modèle de prévention des risques chimiques par inhalation qui fait aujourd’hui référence dans le secteur. Au total, nous consacrons un million d’euros par an pour améliorer les conditions de travail de nos salariés. Bilan, en deux ans, grâce à ces actions de maintien dans l’emploi, le nombre de collaborateurs de plus de 55 ans chez Mane a augmenté de plus de 25%.
- Quid de la transmission des savoirs ?
Chaque nouvel arrivant bénéficie d’un tuteur. Autrement dit d’un référent d’éducation qui lui explique les règles et les codes du monde du travail et lui inculque les savoir-faire inhérents à son métier.
- En avez-vous profité pour instaurer du tutorat inversé, à savoir des juniors qui formeraient des seniors sur les nouvelles technologies par exemple ?
Non, ce tutorat inversé se met en fait en place de manière informelle. Les jeunes, très agiles dans l’informatique, ne se font pas priés pour « éduquer » leurs collègues plus seniors. Mais rien n’a été formalisé pour l’instant.
- Quel premier bilan faîtes-vous de cet accord ?
Pour l’instant, cet accord est plutôt une réussite. Nous avons d’ores et déjà dépassé nos objectifs de recrutement de juniors. A ce jour, je ne vois pas d’éléments particuliers qui dysfonctionnent.
- Cet accord sera-t-il reconduit dans le futur ?
C’est dur d’avoir une visibilité sur l’avenir. Les partenaires sociaux ne manqueront pas de nous interroger le moment venu et nous répondrons selon nos capacités économiques.
Recueillis par Sylvie Laidet