La voie du milieu est prêchée par un grand nombre de sages, de l’orient à l’occident, de Bouddha, à Lao Tseu, à Aristote, aux stoïciens, à Epicure.
Deux champs rythment nos vies, l’action et le repos. Le travail du jour est suivi par une nuit de repos. Après une semaine active vient la pause du week-end. Nous vivons une alternance entre des moments de travail et des temps de loisirs. Le bien-être et la santé résident dans cet art de vivre.
Nous parlons d’art. Qui dit art, dit apprentissage. Mais accordons-nous ce temps, pour le cultiver ? L’actualité d’un grand nombre de contemporains est parsemée de maladie, de stress. Lorsque nous sommes fatigués, dépassés par les événements, il est peut être judicieux de prendre le temps de s’arrêter et de regarder comment s’articule notre existence sur ces deux tempos. Voyez leurs contenus et leurs accords, sont-ils harmonieux ? Et dans quel état d’esprit, vous retrouvez-vous en eux ?
Il est préférable de ne pas fermer les yeux pour demeurer ignorant, et puis se plaindre ou se lamenter ne change rien. Ce qui compte, c’est de constater les faits et de ne pas se mentir. C’est un cadeau que vous vous faîtes, vous vous offrez une prise de conscience salvatrice. Là, se niche votre pouvoir : voir pour ensuite entreprendre et actualiser votre existence. Le mieux que vous puissiez faire et que vous ne perdrez jamais, c’est de miser sur vous, d’investir sur votre être. Cela doit se faire en toute conscience et avec un désir intense et soutenu. La joie dans cette affaire, au seuil de vous-même, va faire votre conquête.
Hannah Arendt distingue deux genres de vie : la vita activa et la vita contemplativa. La dernière conduit au lâcher prise et donc à un renoncement. Ici nous revenons vers soi et goûtons au présent, loin de nos vanités liées à la richesse ou à la course au succès.
La vie active est une orientation de l’existence totalement opposée. Nous avons en nous une force vitale qui pousse et veut s’exprimer. Ce modèle de vie repose sur l’affirmation du désir et de l’action, vivre, c’est agir et s’accomplir. Dans cette sphère, toute entreprise humaine suppose de la clairvoyance, à la fois de l’élan, du courage et de la lucidité.
Si vous êtes dans une vie active à plein régime, noyée par l’atteinte d’objectifs, coûte que coûte, réfléchissez ! Vous ne tiendrez pas longtemps à tirer autant sur la corde. Beaucoup sont en surchauffe, à bout de souffle. Dans le besoin d'être reconnu et l'illusion d’être comblé par une consommation d'objets, d'activités ou de relations "bouche-trous", se fabriquent la confusion, puis la dépression. Le culte de la performance et de l’excellence fait des drames, il mène au stress, au burn out. Cet épuisement professionnel est le signe d’un excès d’activité physique, mentale et sociale.
Le succès des manuels sur le lâchez-prise, l’instant présent témoigne de ce besoin de revenir à une vie fluide comme le souffle, à une vie harmonieuse comme une partition de musique, détaché des pressions de tous genres : médiatiques, travail, environnement, culture.
Et si vous êtes en vacances, vous savez que cela ne va pas durer. La vie sociale, les projets vous rappellent. Une vie contemplative sans limite est un risque. L’inactivité permanente n’est pas le propre de l’homme. A long terme, on s’ennuie, et l’on trouve la vie sans charme. Le bonheur du repos vient de l’alternance avec une période active bien dirigée.
L’association d’une vie active et d’une vie contemplative offre équilibre et joie. Il s’agit là d’une danse qui fait appel à l’envie et demande de la compréhension, de la patience, de la vigilance. Ce rapport à l’existence produit une intense détente.