La parité entre homme et femme, reste la demeure d’une vive revendication, aujourd’hui encore, dans le milieu professionnel. Ce simple mot véhicule avec lui, un cortège de désirs et de débats. Des femmes (aussi quelques hommes) qui réclament la fin d’une mascarade, une réelle égalité, un juste partage du gâteau. Mais d’égalité à quoi ? A des postes équivalents, à des salaires équivalents, à des responsabilités équivalentes ? Derrière tout cela, l’envie d’une vie agrandie, une vie au sens large, une existence amplifiée.
Dans l’absolu, tout cela est recevable, rien de choquant. Bien sur, c’est mon point de vue, celui d’une femme. Mais voilà, cette demande qui devient de plus en pressante, trouve en face d’elle, un même degré de résistance.
Quand, j’étais étudiante en psychologie, j’ai été effarée, de découvrir que dans la catégorie dévolue aux emplois précaires, parmi les handicapés et les jeunes, on avait classé aussi les femmes. Je n’en revenais pas. Sans doute, j’étais loin de ce débat, qu’aujourd’hui, je vois et je côtoie.
Devant cette situation, on peut évoquer un tas de raisons. Mais quittons cette région déjà connue, pour aller au cœur de cette affaire. Et, si au lieu de se pencher sur la parité, dans son âge adulte, on allait plutôt à la racine, à celle de son berceau.
A quel moment, l’un serait évincé et que l’autre serait dominant ? Et sans chercher de coupable ou de fautif, qui est responsable de cette différenciation et de ce manque d’égalité ?
Sans vouloir caricaturer, mais très tôt, des messages, que l’on dits contraignants, sont greffés à même la peau, d’un grand nombre d’enfants. Ceux là mêmes, qui font confiance, ils ne savent rien, du bon usage du monde et de la raison provenant des grands. Pour la petite fille, il sera globalement question des préceptes suivants : « sois parfaite » et « fais plaisir » et pour le petit garçon, il recevra, à des niveaux plus ou moins importants : « sois fort ». Et au cœur de ces deux charmants profils, un autre message, tout aussi percutant, va les pénétrer sans distinction, le fâcheux : « dêpêche-toi ». Dans les paysages intérieurs, les opinions sur le destin de chacun, se dessinent dans un large voile. Et voilà, on n’y voit plus clair. Dans les deux sens du terme. La séparation est évidente. On filtre. On aura conçu des modèles invalidants, que certains adultes, devenus grands auront, à cœur d’introspection, d’en finir et les abandonner.
Historiquement, culturellement et en général, l’éducation des enfants sera beaucoup assurée par les femmes, au sein de la maison, et même en dehors, puisque ces mêmes enfants rejoindront les bras d’un corps professoral, essentiellement féminin. Si ces mêmes femmes sont habitées, de manière inconsciente, par ces modèles d’action, leur ligne conductrice se projettera automatiquement sur ces chérubins. Et le tour est joué. Il sera très difficile de changer la donne et de faire évoluer les mentalités, et quitter l’absurdité de ces schémas issus de l’ancien monde.
Ayant été ainsi modelée, adulte, la femme éprise de liberté, de son pouvoir d’agir, n’aura pas d’autre choix que de se battre pour conquérir une nouvelle place d’abord et avant tout, dans son esprit et enfin dans l’espace tant convoité. Je n’évoque pas celles qui se sont résignées, ni même celles qui restent dans l’anonymat, de l’ignorance du pouvoir, qu’elles ont réellement.
Des voix racontent que les femmes manquent de confiance, qu’elles réfléchissent, hésitent devant la prise d’une nouvelle responsabilité. C’est précisément en elle, que le débat fait rage. Les nouveaux modèles féminins offrent une nouvelle vision et ouvrent la voie vers de nouveaux paradigmes. En finir avec cette obsolescence de l’esprit, permettre une complémentarité saine et vivante, du modèle masculin et féminin, voilà le projet d’un nouveau monde, un monde dans sa complétude et ennoblit.
Samira Sofi