En France, 3,5 millions de jours de travail sont perdus chaque année en arrêts de travail, et plus de 9 dirigeants sur 10 considèrent que les problèmes personnels de leurs salariés peuvent avoir des répercussions sur leurs performances. Alors comment les entreprises peuvent-elles agir concrètement pour une meilleure articulation entre vie professionnelle et vie familiale ? Rencontre avec Emérance de Loisne, directrice de la communication de la Maison Bleue, entreprise spécialisée dans la gestion de crèches pour les entreprises et les collectivités, à l’initiative d’une étude menée par Viavoice, intitulée "Famille et Entreprise".
Est-ce le rôle de l'entreprise d'agir en faveur de l'articulation vie professionnelle / vie de famille ?
Les résultats de l’étude "Famille et Entreprise" sont éloquents : 81% des décisionnaires RH au sein des entreprises de 50 salariés et plus constatent que l’articulation Famille-Travail est une attente croissante des salariés. D’ailleurs, 83% considèrent que cela devrait représenter un enjeu central à l’avenir. Cette tendance s’explique notamment par le changement des modes de vie et attentes des générations. En effet, d’une part, les jeunes générations privilégient de plus en plus leur vie de famille et leur équilibre personnel et ne fondent plus leur vie sur la réussite professionnelle exclusivement. D’autre part l’émergence de nouveaux modes de communication immédiats et mobiles, génère une porosité croissante entre la vie privée et la vie professionnelle. L’entreprise a donc un rôle à jouer, car elle est l’un des facteurs principaux de cet enjeu. Depuis une dizaine d’années, la notion de responsabilité de l’entreprise envers ses salariés n’a cessé d’évoluer. L’objectif : répondre au mieux à l’aspiration grandissante des salariés à vivre pleinement leur vie de famille, la valeur famille étant devenue aussi importante que celle du travail. Une tendance de fond à laquelle s’ajoute la reconnaissance récente des impacts de la vie de famille sur le travail (absentéisme, stress, …) et réciproquement. Par ailleurs, les entreprises doivent innover et définir de nouveaux leviers de productivité et de croissance. L’humain étant le cœur même de l’entreprise, cet enjeu est donc logiquement central pour les entreprises.
Quelle est l'importance de cet enjeu pour l'entreprise ?
Ces questions ont un impact direct sur l’entreprise étant donné que 79% des entreprises envisagent la prise en compte de la conciliation famille-travail comme un levier de durabilité et de performance pour leur organisation, plutôt qu’un simple coût. En effet, 44% d’entre eux estiment que cette articulation permet d’améliorer le bien-être des collaborateurs dans l’entreprise et 42% vont jusqu’à considérer que c’est un levier de fidélisation de leurs collaborateurs – la crèche, à titre d’exemple permet de fidéliser au moins 3 ans un collaborateur -. Autre chiffre significatif : 29% d’entre eux estiment que les retards sont directement liés à cet enjeu ; lorsque l’absentéisme coûte chaque année 8.83 milliards d’euros aux entreprises françaises. De plus 72% des DRH considèrent que les problèmes de garde ont une incidence directe sur l’absentéisme.
Comment les entreprises peuvent agir concrètement pour une meilleure articulation entre la vie professionnelle et la vie de famille ?
69% des entreprises ont le sentiment d’avoir des moyens insuffisants pour agir en ce domaine. Il semble donc important de leur donner des clefs supplémentaires pour proposer aux salariés des dispositifs les mieux adaptés. Les entreprises ont plusieurs façon d’agir pour améliorer la conciliation famille-travail : l’aménagement d’horaires (59% des entreprises l’ont déjà mis en place), le télétravail (14% des entreprises). Il existe également des solutions plus structurelles et engageantes pour l’entreprise comme des places en crèche (4% des entreprises actuellement) qui grâce aux aides de l’état ne représentent pas nécessairement un investissement trop important.
Gérald Dudouet