Inégalité salariale : en raison d’un écart de salaire de 15,5% en faveur des hommes, les femmes travaillent « gratuitement » depuis ce mercredi à 16h16.
Les femmes auraient pu éteindre leur ordinateur, poser leurs stylos, blouses ou autres outils le mercredi 4 novembre à 16h16. Elles ont en effet cessé d’être symboliquement rémunérées si nous prenons en compte l’écart de salaire entre hommes et femmes. Cette date et cette heure ont été calculées à partir de statistiques européennes sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France. L’écart est cette année de 15,5%, contre 15,4% l’an dernier, et le jour à partir duquel les femmes travaillent « gratuitement » arrive donc avec une avance plus de 24h par rapport à l’année précédent (5 novembre à 16h47 pour l’année 2019). Des inégalités qui ont été accentuées par la pandémie et la crise économique liée au coronavirus selon l’Institut national d’études démographiques (Ined).
La newsletter féministe « Les Glorieuses » déplore ces inégalités : « ça ne s’améliore pas, c’est plutôt une stagnation » regrette ainsi auprès de l’AFP l’économiste Rebecca Amsellem, fondatrice des « Glorieuses ».
Qu’en est-il de la rémunération dans la fonction RH ? Les résultats de l’enquête myRHline sont disponibles dans l’article salaire RH.
Les principaux facteurs de l’Inégalité salariale
Selon le sondage, réalisé auprès de plus de 7 260 personnes, 35% des répondantes estiment avoir subi des discriminations salariales à cause de leur genre et 9% à cause de leur âge. 45% des femmes estiment en revanche ne pas en avoir subi.
Pour Rebecca Amsellem, « le fait que 45% des femmes pensent ne jamais avoir été victimes d’inégalités salariales montre qu’il y a une vraie opacité sur le sujet. On ne pourra arriver à rien sur l’égalité salariale sans avoir accès aux informations.» Depuis plusieurs années, elle demande la transparence des salaires dans toutes les structures ainsi que la publication de « la grille de salaires réelle » des entreprises. En effet, la loi Pacte adoptée en 2019 exige seulement seulement que les grandes entreprises publient l’écart de rémunération entre les dirigeants et les salariés.
Les mesures demandées par Les Glorieuses
Pour lutter contre cette inégalité salariale, les militantes ont lancé une pétition pour demander un « plan de relance économique féministe ». La première mesure serait de conditionner l’accès aux marchés publics, aux subventions publiques et aux prêts garantis par l’État à un meilleur respect de l’égalité salariale par les entreprises.
Une autre mesure phare serait de « soutenir un congé paternité équivalent au congé maternité » et de « valoriser les salaires des métiers où les femmes sont les plus nombreuses, comme les métiers du soin ou de l’éducation ». Des métiers injustement mal payées car occupés par des femmes selon les économistes Rachel Silvera ou Séverine Lemière et nécessitant des compétences considérées comme innées chez les femmes comme « prendre soin », « éduquer » ou « assister ».
Rebecca Amsellem demande l’intégration des femmes aux décisions de ce plan de relance économique féministe, déplorant qu’à l’heure actuelle « les tables des négociations sont majoritairement occupées par des hommes blancs ». Elle insiste également pour la mise en place d’un « lobby d’expertes » pour que les situations des femmes soient prises en compte dans ce plan.
Clément Kolodziejczak