Si le sujet de l’IA pour le SIRH est largement médiatisé, la réalité opérationnelle est bien différente ! La GTA n’échappe pas à ce constat. L’adoption de l’IA dans ce domaine est loin de se traduire par des innovations opérationnelles dans les solutions. Les éditeurs sont encore à ce stade dans des démarches prospectives.
Solutions de GTA et IA : où en est-on actuellement ?
Pour les éditeurs de GTA interrogés par myRHline, l’irruption de l’IA est vue à la fois comme un levier de croissance et une menace potentielle. Ainsi, 46% d’entre eux indiquent que l’IA pourrait soutenir leur croissance dans les années à venir, mais 1 sur 3 pense qu’elle pourrait aussi être un frein.
Intelligence artificielle et GTA : oui, mais pour faire quoi ?
C’est bien ce constat qui ressort des entretiens approfondis menés avec plus de 20 éditeurs à ce sujet. Les acteurs sont la plupart du temps convaincus que l’IA peut amener une véritable valeur ajoutée à leur solution et aux utilisateurs. Mais en dehors de ce constat de principe, peut-être influencé aussi par le buzz médiatique autour de l’IA, ils ont bien du mal à préciser quelles fonctionnalités pourraient être concernées, et à quel horizon.
Deux ou trois acteurs, plutôt dans le domaine de la gestion des plannings, proposent d’ores et déjà quelques fonctionnalités basées sur l’intelligence artificielle. Celles-ci consistant notamment à soumettre au machine learning des scénarios et historiques de planification pour aider à générer des plannings de travail avec l’IA. Mais de l’avis même des éditeurs, on est loin d’une application industrielle.
Par ailleurs, un constat est exposé par de nombreux acteurs : il y a déjà beaucoup d’intelligence dans les solutions de GTA. Sans attendre l’IA, les éditeurs ont déjà énormément optimisé leurs solutions, à la fois pour améliorer l’acceptation par les utilisateurs et pour obtenir les gains de productivité RH recherchés. Les spécialistes de la planification indiquent ainsi que leurs moteurs d’optimisation de plannings par contraintes vont déjà très loin dans l’automatisation. Les processus quotidiens de correction d’anomalies ou de validation de demandes (congés, par exemple) ont également été largement améliorés au fil des années.
Aller plus loin en s’appuyant sur des technologies d’IA suppose donc qu’on puisse démontrer une véritable valeur ajoutée.
La plupart des éditeurs cherchent en effet à éviter des approches gadgets consistant à proposer de l’IA pour de l’IA, avec un intérêt avant tout marketing plus qu’opérationnel.
Au final, les éditeurs de GTA ont du mal à présenter des roadmaps claires à ce sujet et leurs équipes produit travaillent surtout aujourd’hui à définir ce qui pourrait apporter de la valeur aux utilisateurs. Quelques POC (proof of concept) ont été réalisés ou sont en cours avec quelques utilisateurs, mais tous restent expérimentaux à ce stade.
GTA et IA : le manque de solutions souveraines
C’est un frein identifié par quelques acteurs. Le manque de solutions d’IA françaises ou à minima européennes peut être vécu comme une limite pour leurs utilisateurs. Utiliser l’IA suppose de soumettre de nombreuses données confidentielles (liées aux employés) ou métier (liées aux processus) à des outils de machine learning. Or, même si les éditeurs peuvent intégrer leur propre technologie d’IA, celles-ci feront le plus souvent appel à des composants américains ou chinois, avec une localisation des données parfois difficile à maîtriser.
Dans le contexte politique actuel, avec les incertitudes stratégiques autour des principaux acteurs de l’IA et tous les problèmes de sécurité IT qui se posent, certains éditeurs de GTA ont du mal à voir comment ils pourraient, aujourd’hui, proposer des solutions totalement sécurisées à leurs clients.
L’IA déjà largement adoptée pour les processus internes et la gestion des projets de GTA
Si à ce stade, l’IA dans les solutions de GTA reste encore embryonnaire, il n’en est pas de même concernant son adoption pour l’optimisation des processus. Sur ce point, les éditeurs confirment qu’ils utilisent déjà largement des outils d’IA pour réaliser des comptes-rendus, générer des spécifications, produire de la documentation ou des manuels. À titre d’exemple, l’usage de chatbots pour la formation interne des collaborateurs est déjà largement répandu. De même, l’on commence à trouver des cas d’usage de l’IA dans les help desks des éditeurs. Côté entreprises cette fois, certains utilisateurs interrogés ont également indiqué qu’ils attendaient de l’IA qu’elle les aide à mieux garantir la conformité réglementaire (ou vis-à-vis de l’accord sur les temps de travail) de leur solution de GTA.
Une médiatisation de l’IA qui agace certains éditeurs
Plusieurs éditeurs interrogés rapportent que la médiatisation extrême de l’IA pour le SIRH commence aussi à produire des effets de bord et génère parfois des attentes assez irréalistes auprès des utilisateurs. Les communications incessantes à ce sujet peuvent ainsi créer des besoins (ou des espoirs) auxquels les solutions ne peuvent pas apporter de réponse à ce stade.
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