L'informatique a créé un nouveau comportement, l'assistanat par ordinateur, le fameux XAO qui comprend tout aussi bien la CAO, la PAO, la GAO,… Toutes les étapes de la production peuvent être assistées par ordinateur, c’est la théorie de la longue traine. Il est alors intéressant de réfléchir à l’impact de la FAO, la Formation Assistée par l’Ordinateur. Qu'est-ce que cela recouvre tout particulièrement face à des concepts comme la FOAD (formation ouverte à distance) ou le Elearning ?
La première remarque et que la FAO est souvent considérée comme une recherche de puissance centrée sur l'objet. Dans l’assistanat par l’ordinateur, le mot important est ordinateur. Qu’est-ce que l’objet a de plus, de mieux ? Si l’on parle de l’iPhone, s’agit-il de la dernière génération ? Que pensez de la nouvelle application Siri, l’intelligence vocale ? Il s’agit d’une course à la performance, l’ordinateur est un objet fétichiste. « La formation avec iPad c’est formidable ! ». Mais ce qui est formidable, c’est plus l’objet que la formation. D’ailleurs, les contenus sont rarement à la hauteur de cette puissance, et quant à l’usage…
La seconde remarque est que la FAO est une ouverture au multicanal. Une analyse fonctionnelle de la formation, nous permet d’envisager un assistanat pour la voix, l’image, l’interactivité, le gout,…autant de canaux qui assurent la webradio, la webtv, le social learning,… reste alors à coordonner tous ces assistants dans une démarche crosscanal.
Mais la FAO s'inscrit dans un mouvement plus large de société assistée par ordinateur. L'ordinateur a vocation à aider l'individu dans toutes ses actions, il devient l'assistant personnel de chacun. Il peut même anticiper nos besoins grâce à un bon algorithme. L’ordinateur peut anticiper nos besoins de formation, sans avoir besoin de les expliciter. On n’en a même pas rêvé que l’ordinateur nous les propose… Mais l’ordinateur peut faire mieux, il peut nous contrôler en temps réel, un vendeur qui développe un argumentaire commercial pourrait laisser son Smarthphone ouvert, qui calculerait ainsi l’usage des mots, des intonations etcomparerait avec les standards de l’entreprise, l’ordinateur peut assurer une analyse en temps réel. Il suffit alors de préciser que cette conversation pourra être enregistrée afin d’améliorer la qualité et le professionnalisme de la relation, CNIL oblige. Et quand l’écart est trop important pour faire unmicroformation, l’ordinateur programme une formation puisqu’il a accès directement à mon agenda électronique. Et qu’on ne critique pas la machine, l’ordinateur intelligent est beaucoup plus rationnel que l’homme, l’optimisation sera plus sure avec l’ordinateur qu’avec l’homme, et en plus tout est tracer, fini les reportings fastidieux.
L’assistanat de la machine pose clairement la question de qui assiste qui ? In fine l’homme ou la machine ? Et si l’on parle d’assistanat, cela ne raisonne-t-il pas avec infantilisation ? Et l’addiction ? Un Geek a tenté une expérience originale, il s’est privé d’outil numérique pendant 6 mois (qui peut encore réaliser cette opération ?) fini mail, Smartphones, téléphones, télévision,… il avait les mêmes symptômes que les drogués, manques, absences, déprimes,… Finalement l’ordinateur assiste-t-il vraiment l’homme ? C’est une crainte que Jacques Derrida a déjà traité avec la notion de rapport prothétique (de la prothèse), au fond il s’agit pas tant d’aider l’apprenant à avoir du poisson que de lui apprendre à pêcher. Somme toute si le paquet change, au fond, il s’agit de la même chose depuis des siècles…