La scalabilité est-il le nouveau néologisme de la langue numérique ? Combien faut-il d’utilisateurs pour développer une application ? Le monde du net est-il la terre du « small is beautifull » ou du « village planétaire » ?
La scalabilité vient étymologiquement du mot échelle, qui a donné des mots comme escalier. Chris Anderson avait proposé en 2004 sa théorie la longue traîne. Il s’opposait à la théorie des économies d'échelle, il est possible de gagner de l'argent avec beaucoup de produits et peu d'acheteurs. La numérisation favorise une baisse des couts de production et de transmission, des nouveaux marchés deviennent possibles. A partir de la vente des disques, Chris Anderson a montré que le futur du marché ne sera plus dans les Top 50, les grosses locomotives mais dans les niches, des millions de disques vendu à peu d’acheteurs. L’avenir est au spécifique. En formation, cela ouvre des perspectives nouvelles, la formation se devra de quitter les formats uniformisés et se traduira par une multiplication des formations, des formats et des contenus. Sortir de la massification de la formation pour produire du spécifique.
La théorie de la longue traine autorise économiquement des changements de comportement. Pour rester sur la vente de disques, on considère, aujourd'hui encore, que 10 % des titres représentent 90 % des ventes et que les phénomènes de mode expliquent pour une grande part l'adhésion sur un produit. Sur ce modèle la formation doit être événementielle pour profiter des économies d’échelle. La longue traine propose une multiplication des formations, tout particulièrement, avec le numérique. Les formations en petit nombre.
La théorie de la longue traine fait une hypothèse implicite, pour que le système fonctionne il faut une communauté, un collectif. Et c’est particulièrement vrai dans le monde de la formation, pour pouvoir transmettre il est nécessaire de constituer un groupe. Avec deux stratégies, soit on ouvre le groupe pour développer une politique de diversification, soit on ferme le groupe autour d’une identité forte, les professionnels de la profession. L’échelle pertinente dépend de la cristallisation du groupe, la confiance qui est à construire entre les membres. L’échelle est la proximité mais avec les agrégateurs, qui coordonner les petites communautés, la formation peut favoriser l’effet de masse tout en préservant les avantages de la proximité.
La scabilité devient donc une variable stratégique qui permet de travailler l'arborescence de la formation afin de trouver l'échelle la plus pertinente en fonction des attentes et de la maturité des apprenants mais surtout en fonction des attentes et de la stratégie de l'entreprise. L’organisation de la scabilité nécessite de repenser le design de la formation et l’architecture de son industrialisation, être capable de mobiliser les forces apprenantes. L’échelle est une notion de quantité et la formation est aussi une gestion des flux mais cette gestion est une gestion qualitative des flux, l’arbitrage n’est donc plus « small » ou « big » mais quelle nature de formation est-il nécessaire de développer. Le déploiement tient tout autant au résultat qu’au process de capilariation, une nouvelle gouvernance de la formation.
Stéphane DIEBOLD