Qu’est-ce qu’une formation de qualité ? La question fait partie des marronniers de la formation. Comment associer qualité et formation ? Comment évaluer une formation ? De quelle qualité parle-t-on ? Autant de question qu’il est difficile d’aborder tant les malentendus sont nombreux. Que peut-on en dire ?
Commençons par répondre à la question, pourquoi a-t-on besoin de parler de qualité de la formation ? Il s’agit d’abord d’un signal envoyé au marché pour en assurer le bon fonctionnement. Une formation de qualité peut être échangée à un prix plus élevé qu’une formation classique, encore faut-il être capable de catégoriser les formations. C’est la fiction du commissaire-priseur, il certifie la marchandise pour que le mécanisme du marché puisse jouer son rôle de régulateur et ainsi déterminer le bon prix. A titre d’exemple, un label ISQ (ex-OPQF) évalue la qualité appose un logo qui, en principe, oriente l’échange. Mais qui connait les critères de détermination du label ? Très peu, d’ailleurs les critères pédagogiques dans l’attribution du label sont particulièrement modestes, au mieux on connait la qualité de l’organisme certificateur. Il ne s’agit plus de qualité mais de réputation, et plus précisément de la réputation de l’organisme certificateur. Ainsi, pour rester sur ISQ, il est, depuis le 1 décembre 2010, accrédité par le Comité français d’accréditation, en somme, la qualité de la qualité.
Il existe encore les normes de qualité ISO avec la nouvelle norme ISO 29990 : 2010,qui s’adresse à l’ensemble des prestataires de formation pour faciliter les comparaisons à l’échelle nationale et internationale. Le travail porte sur l’ensemble du processus de production du transfert des compétences en tenant compte de l’apprenant ainsi que de son environnement. Le propre des normes ISO est qu’il s’agit davantage de s’intéresser au processus qu’à la production, un processus ne fait pas une réalité…Il est intéressant de travailler la transparence de l’achat de formation, mais heureusement l’apprentissage n’est pas un standard. Il s’agit bien d’un acte personnel, le fameux « one to one ». Une formation de qualité, l’est pour moi avec mes critères non rationnels. L’ensemble des processus repose sur une logique de massification de la formation, le « one to one » se positionne à un autre niveau… et on retrouve la notion de réputation… affective, avec des réalités d’achat fondées davantage sur le pair à pair.
Deux remarques s’imposent : la première est que la qualité est souvent une question d’agence de notation ou de labélisation, et depuis Enron, on sait que la qualité octroyée par une agence de notation n’est pas si neutre que cela, et qu’il faut autant regarder les organismes qui notent que de ceux qui sont notés ; la seconde est que la qualité est souvent associé à la transparence et que ce concept douteux en formation, est associé à celui de traçabilité de l’apprentissage et de l’apprenant. Sur ce dernier point l’exemple du livret ouvrier, crée en France en 1803 (supprimé en 1890), doit nous faire réfléchir à ce que la transparence a de moins bon et de nous interroger sur le droit à l’oubli.
Toutes ces remarques pour dire que si la démarche d’assurance qualité, chère à Edwards Deming, donne corps à une certaine forme de la qualité, nous sommes rentrées aujourd’hui dans l’ère qualifiée de spectacle et qu’il s’agit de construire le spectacle de la qualité, non pas tant la mortification de la qualité que l’on voit trop souvent, cette rationalisation qui tue, qu’une qualité source de vie formative. Tout reste à écrire.
Stéphane DIEBOLD