Le fast checking, parfois appelé fact checking, est une tendance qui a connu ses lettres de noblesse lors de la dernière élection présidentielle. Il s'agissait de vérifier les faits énoncés par les candidats lors de leurs discours politiques. Et la nouveauté tient au fait que la vérification se faisait en temps réel, in live, d'où la terminologie de fast checking qui prime. Que peut-on dire du fast checking et de la formation ? Qu'est-ce que cela peut changer dans les pratiques formatives ?
La pratique fait fureur, tout le monde y va de son fast checking : le journal Le monde a créé « les décodeurs », le Nouvel Obs « les Pinocchio », le JDD « les détecteurs de mensonges », Rue 89 « le contrôle technique »,… Tout le monde y va de sa participation, créer des mouvements de contrôle populaires. Les chiffres sont disséqués pour déterminer le vrai du faux. Ce qui est assez extraordinaire c'est de voir l’explosion du nombre de personnes techniciens experts qui sont prêts gracieusement à faire le travail de transparence des faits. La nouveauté devient alors que le contrôle ne se fait plus par un groupe d’expertise, les professionnels de la profession, mais par une masse de particuliers. C'est le paradigme des foules intelligentes. Qu'est-ce que l'on peut en dire ?
La première conséquence est la déverticalisation de la formation. Le formateur, le sachant, et parfois sachant sans faire, cèdent sa posture d’autorité à des amateurs, au sens premier du terme, ce qui aiment la chose. Le formateur devient un animateur, il crée le hot spot, l’événement, pour que les particuliers adhèrent au projet formatif et deviennent acteur du savoir.
Mais cette animation du P2P nécessite une structuration, autrement dit une ingénierie pédagogique. Il s’agit de créer une communauté du savoir, faire en sorte que l’apprenant devienne un citoyen du savoir, étymologiquement un membre de ce collectif avec un sentiment d’appartenance, être sensibilisé par le sujet et être suffisamment en confiance pour exprimer leurs opinions, leurs idées, leurs vérités. Le responsable de formation est un storyteller, qui raconte une histoire apprenante et cette histoire est vivante, avec une scénarisation et des rebondissements et le responsable de formation devient alors un media planner, un organisateur de temps formatif, d'événements qui captent l'attention et suscite la motivation des personnes pour en faire des acteurs
Il y a deux stratégies, plus ou moins complémentaires suivant les situations, une stratégie de type BtoC qui consiste à capter des apprenants qui n’avait pas particulièrement l’idée d’être apprenant, il s’agit de susciter l’envie, capturer les apprenants virtuels ; soit une stratégie de type BtoB, qui consiste à travailler sur des populations plus faible en nombre et plus ciblé autour des identités professionnelles afin de développer leur expertise.
Tout le travail des politiques de fast checking consiste, outre le contenu et de la politique de communication formative, d’impliquer la ligne hiérarchique pour que le processus devienne effectif. Faire des managers les lead user, ou influenceur, d’une nouvelle relation sociale. Autrement dit, le fast checking peut soit devenir un outil marketing qui s’intègre dans une politique plus globale de corporate branding, soit une refondation culturelle l'entreprise qui associe transparence, live, et collectif…
Stéphane Diebold