Le bien commun est revenu sous les feux de l’actualité, avec un véritable militantisme. Faut-il sauver les biens communs ? Sont-ils réellement en danger ? Dans un monde qui se privatise de plus en plus, n’est-il pas logique d’envisager la fin des biens communs ? Et qu’est-ce que cela peut signifier pour l’entreprise ?
Qu’est un bien commun ? Par définition il s’agit d’un bien collectif géré par une communauté. La littérature regorge d’exemples de champs communaux, vieille tradition moyenâgeuses, ou le cerf pouvait faire paître ses bêtes, ramassant le bois pour son propre compte. Il y avait une autorégulation du bien afin que chacun n’épuise pas le bien commun. En formation, un bien commun pourrait être une bibliothèque, ou une médiathèque, chacun peut apporter des livres à la bibliothèque qui en assure la gestion et la propriété permettant à tous d’user d’un droit de tirage limité pour ne pas encourager les gloutons de livres, mais suffisant pour que chacun puisse bénéficier d’une culture. Il s’agissait d’un militantisme né avec l’ère des lumières pour populariser le savoir.
Aujourd’hui, les biens communs retrouvent une actualité avec le numérique, à tout mettre en ligne gracieusement, ne pourrait-on pas finir par avoir des gloutons qui tire profit de cette extériorité au point d’en priver l’ensemble. Wikipédia est souvent cité comme un bien commun et en plus autogéré, la production est portée par ses membres qui ensuite mutualisent les résultats. Mais Wikipédia n’est pas le seul modèle. Certains se proposent de restreindre la liberté de circulation et de diffusion pour créer la rareté et assurer ainsi un modèle économique classique. Alors faut-il privatiser les biens communs ?
La privatisation n’a de sens que si elle apporte un plus. Le numérique tire sa force de la production gratuite par ses usagers, avec le fameux slogan, nous sommes le produit. S’il s’agit de privatiser l’accès ou la diffusion, comment remercier les contributeurs gracieux ? Facebook a bien compris le problème, il offre un service gratuit de mises en relation, pour en contrepartie analyser les comportements de ses usagers, un deal gagnant-gagnant. En formation le MOOC écrit par les enseignants est un service gratuit qui permet aux enseignants de toucher un public qui n’était pas le leur et donc d’accroitre leur notoriété pour ensuite en faire quelque chose, gratuit contre publicité.
La relation entre le bien commun et le bien privé est délicate avec les creative commons le bien privé ne détruit plus le commun… tout est une question de mots et ce que l’on met autour des mots. La privatisation du bien commun ne doit pas nous faire oublier que nous sommes responsables de l’ensemble. Nous sommes un peu comme un garde forestier qui est responsable de sa forêt, il n’hésite pas à planter de nouveaux arbres et à les aider à trouver leur place, mais c’est oublier que la forêt seule n’a pas besoin d’aide pour se développer et ce n’est seulement parce qu’on détruit d’un côté qu’il faut replanter, avoir une vision sociétale et responsable pour le bien commun. Le bien commun serait en quelque sorte le poumon d’une nouvelle écologie du net. Il s’agit d’être ni pour ni contre, bien au contraire mais d’être ensemble.