Vous l’avez loupée sur LinkedIn ?
Florence Bernier-Debbabi est juriste experte en droit social, mais également rédactrice juridique et autrice.
Elle figure dans le Top 200 des créateurs de contenus LinkedIn.
Nous avons passé 20 minutes avec Florence pour comprendre qui elle est.
Si 53 831personnes suivent Florence Bernier-Debbabi sur LinkedIn, ce n’est peut-être pas par hasard.
Florence, quel est ton parcours ? 🎓💼
Au départ, je n’aspirais pas particulièrement à devenir juriste.
Mener des études de droit se présentait comme une option qui allait de soi, mais j’ai finalement réalisé des études en administration économique et sociale.
C’est là que, au hasard d’un cours, j’ai trouvé l’aspect juridique intéressant. Donc j’ai découvert le droit du travail en licence, et ça m’a véritablement passionnée. Alors j’ai continué sur cette voie avec un master en droit du travail.
En sortant de la fac, j’ai occupé une première expérience au sein d’une DRH au sein d’une grande entreprise qui s’occupe de gérer les aéroports. Je travaillais avec une femme qui partageait ma passion pour la négociation collective et le droit du travail. J’ai donc continué sur cette voie.
Mais il y a deux ans et demi, je me suis retrouvée face à un tournant : j’ai eu le sentiment de me répéter, beaucoup, souvent. Quand tu parles aux gens, ils comprennent, puis en fait, ils ne capitalisent pas. J’ai donc eu une sorte de prise de conscience, en me posant cette question : ne pourrais-je pas démocratiser le droit social autrement ? C’est là que j’ai commencé à écrire sur LinkedIn, à démocratiser le droit sur ce réseau. L’engouement a été incroyable. J’en ai été la première surprise. Je crois qu’il faut être capable d’être “moins juridique” tout en restant suffisamment soutenu pour rester dans le champ du droit.
Je suis aujourd’hui dans cette logique : rendre accessible le droit social, afin que les salariés comprennent quels sont leurs devoirs, que les employeurs comprennent bien quels sont les droits des salariés, de manière à mettre tout le monde d’accord.
J’ai alors commencé à écrire de cette façon, ce qui m’a ouvert d’autres portes sur le plan rédactionnel, mon domaine de prédilection.
Depuis un an et demi, j’ai aussi pu développer quelques partenariats et campagnes pour découvrir des actions, des formations, des produits permettant aux entreprises d’améliorer leur quotidien RH. Ce qui me permet d’avoir une petite activité indépendante en parallèle.
Qu’est-ce que tu apportes à la fonction RH ? 👊
Mon but, c’est de faire des choses concrètes pour que le DRH, le RRH, l’employeur puisse se dire que dans telle ou telle situation, il a le droit de faire telle ou telle chose. Parce que je suis intimement convaincue qu’en mettant en œuvre une décision légalement justifiée, les choses passent mieux. Lorsque l’employeur engage une action qui déplaît au salarié, mais que cette action est fondée sur le plan juridique, elle ne plaît toujours pas, mais elle a un socle juridique.
En revanche, quand l’employeur engage une action dont on sait qu’elle n’est pas justifiée juridiquement, non seulement le salarié n’est pas content, mais il perd toute confiance. Et là, on assiste à un désengagement massif, voire collectif quand d’autres salariés témoignent leur soutien.
Donc, ce que j’apporte, de manière très concrète, c’est l’accessibilité au droit. Or, je crois qu’aujourd’hui, il n’y a malheureusement pas assez de démarches facilitatrices au niveau de la compréhension du droit social.
Quels sont les grands défis RH ? 🦸🏻♂️🦸🦸🏾♀️
Pour répondre à cette question, j’apporterai plutôt une réponse RH. Je crois que le grand défi RH pour 2024, c’est l’engagement collaborateur. Pour un tas de raisons, qui, elles, sont juridiques.
Aujourd’hui, on parle énormément des difficultés de recrutement, de rétention des talents. Je crois qu’au contraire, il ne s’agit pas de se concentrer sur la rétention, mais sur le développement, le maintien dans l’emploi et la performance.
Donc je considère que le grand défi consiste à accepter que le monde du travail a changé, que les salariés attendent autre chose, et que l’entreprise a aussi droit d’évoluer pour pouvoir offrir aux salariés les conditions qui leur donnent non seulement envie de rester, mais aussi de s’engager, de performer. Et je crois que c’est très lié au volet juridique.
Par exemple, avec l’emploi des seniors et les discriminations dont ils font l’objet. C’est un sujet qui existe depuis des années, mais qui est exacerbé aujourd’hui, avec le recul de l’âge légal de départ à la retraite et le durcissement des durées et conditions pour être allocataire France Travail (…) Donc je pense qu’il faut effectivement continuer à repenser les postes, les évolutions de carrière, à réfléchir à la manière d’établir des transmissions de savoirs entre les anciennes générations et les nouvelles.
Le secret de ta visibilité sur LinkedIn ? 🧙♂️🪄
Je crois qu’avant même de rendre le juridique accessible, il faut savoir ce dont les gens ont besoin.
Et j’ai constaté que les posts qui fonctionnaient le mieux étaient ceux qui contenaient une accroche un peu choc, une phrase que tout le monde est persuadé de comprendre avant de se rendre compte que ce n’est pas le cas.
À mon sens, la visibilité de mes posts vient du fait que les thèmes que j’aborde sont une souffrance pour les gens ou un problème récurrent.
Tu es : workaholic ou work-life balance ? 🔥
Aujourd’hui, je ne peux plus parler de work-life balance me concernant. Je pouvais, quand j’étais salariée.
Désormais, je travaille beaucoup. D’ailleurs, il n’y a pas un dimanche où je ne travaille pas, même si je me réserve le samedi comme jour off.