Endométriose et travail ne font pas toujours bon ménage, pour la simple et bonne raison que l’endométriose est une maladie chronique souvent invalidante. Affectant près de 10 % des Françaises, elle peut considérablement impacter la qualité de vie (QVCT) et la capacité à travailler.
Malgré sa prévalence, l’endométriose reste une maladie encore peu connue. Ce qui complique la mise en place de mesures adaptées dans le cadre professionnel.
Qu’est-ce que l’endométriose ? Et comment impacte-t-elle la vie des salariées touchées par cette maladie ? Les RH peuvent faire beaucoup pour aider les collaboratrices concernées !
Comprendre l’endométriose au travail
L’endométriose peut affecter non seulement le bien-être physique et mental, mais aussi la performance au travail, entraînant des défis supplémentaires pour concilier santé et carrière.
Endométriose : définition
L’endométriose est une maladie gynécologique qui touche 2 millions de Françaises, soit 1 personne sur 10.
À l’instar de l’autisme, elle s’inscrit dans un spectre : il n’existe pas une seule endométriose, mais bien des formes multiples et variées. Cette diversité explique que les symptômes, leur intensité et leur impact sur la vie quotidienne varient grandement d’une personne à l’autre.
La maladie se caractérise par la présence de tissus semblables à l’endomètre en dehors de l’utérus. Ce qui entraîne des inflammations, des adhérences et des lésions parfois handicapantes.
Ces manifestations physiques sont souvent accompagnées de douleurs chroniques, notamment au niveau des jambes, de troubles digestifs ou urinaires, et de problèmes de fertilité.
Pour les professionnels des ressources humaines, comprendre les enjeux liés à cette pathologie est essentiel. Entre obligations légales en matière de santé au travail, enjeux d’inclusion, et besoin de préserver la performance organisationnelle, la gestion de l’endométriose en entreprise nécessite une approche à la fois humaine et stratégique.
Symptômes et impacts de l’endométriose sur le travail
Nous l’avons vu, l’endométriose peut se manifester par divers symptômes physiques. Lorsque ceux-ci surviennent au travail, ceux-ci peuvent alors affecter directement la capacité à effectuer des tâches quotidiennes.
À titre d’exemple, les douleurs pelviennes intenses, souvent contraignantes, peuvent survenir à tout moment. Elles rendent alors difficile la concentration et l’accomplissement des responsabilités professionnelles.
Les salariées atteintes peuvent également souffrir de fatigue chronique. Un symptôme courant de la maladie qui limite leur endurance et leur productivité. Les troubles digestifs, urinaires, et les saignements abondants déjà évoqués au préalables, peuvent aussi venir compliquer la gestion de leur journée de travail.
Les impacts psychologiques de l’endométriose
L’impact de l’endométriose sur la vie professionnelle est souvent profond. Les absences répétées dues aux crises ou aux traitements peuvent entraîner un sentiment de culpabilité ou de peur de stigmatisation. Cela peut nuire à la confiance en soi des salariées concernées. Ces dernières pouvant redouter d’être perçues comme moins fiables ou moins performantes. D’ailleurs, l’endométriose est souvent mal comprise dans le milieu professionnel. Ce qui peut engendrer des inégalités d’opportunités et limiter la progression de carrière des personnes concernées.
Ainsi, certaines collaboratrices hésitent à partager leur condition en raison d’un manque de compréhension de la part de leurs supérieurs ou collègues, mais aussi par peur de la discrimination. Ceci ajoute une dimension d’isolement émotionnel au lieu de travail.
Un point notamment soulevé par Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph, dans un entretien accordé à myRHline :
(…) Endométriose, cancer, etc. Ces handicaps invisibles sont divers, et leurs besoins tout autant. Il est donc indispensable de sensibiliser les entreprises et leurs managers à cette pluralité. Cela passe par des formations spécifiques pour mieux identifier les besoins, mais aussi pour accompagner les personnes dans l’expression de ces derniers (…) beaucoup hésitent à parler de leur situation par crainte de ne pas être compris ou soutenus.
Les défis spécifiques pour les salariées atteintes d’endométriose incluent également la gestion de leur charge mentale. Ainsi, jongler entre les attentes professionnelles et les besoins médicaux (consultations fréquentes, traitements, ajustements de poste) peut devenir accablant. Dans certains cas, l’absence d’aménagements adaptés sur leur lieu de travail aggrave leur épuisement.
Quelles actions RH pour accompagner les salariées atteintes d’endométriose ?
Les collaboratrices concernées doivent souvent composer avec un manque de reconnaissance officielle de l’impact de la maladie sur leur vie professionnelle. Sans un cadre clair pour les protéger ou des politiques favorisant l’inclusion, elles peuvent se sentir démunies face à une maladie qui, au-delà de la souffrance physique, érode leur bien-être professionnel et personnel.
Endométriose et RQTH : reconnaître, sensibiliser et informer
Les ressources humaines jouent un rôle clé dans le soutien aux salariées atteintes d’endométriose.
Mettre en place des actions concrètes pour adapter l’environnement de travail et offrir des solutions personnalisées peut améliorer considérablement la qualité de vie professionnelle des personnes concernées. Ceci tout en favorisant leur engagement et leur productivité.
Parmi ces actions, la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) peut être une ressource précieuse.
Ce dispositif, bien que souvent méconnu ou mal compris, permet justement de formaliser les besoins spécifiques des salariées et d’accéder à des dispositifs tels que des aménagements de poste ou un accompagnement renforcé.
Beaucoup hésitent à demander ce statut par méconnaissance des bénéfices qu’il offre, par crainte de stigmatisation ou simplement parce que la maladie reste souvent sous-diagnostiquée.
Pour lever ces freins, il est essentiel de :
- Sensibiliser les collaboratrices concernées ainsi que l’ensemble des équipes : expliquer les avantages concrets de la RQTH et en soulignant qu’elle est un outil de protection et d’adaptation, et non une marque de faiblesse.
- Informer sur les démarches administratives : simplifier l’accès aux informations nécessaires et accompagner les salariées dans la constitution de leur dossier.
- Former les managers : pour garantir qu’ils comprennent la portée de la RQTH et sachent l’utiliser comme levier d’inclusion sans jugements ou préjugés.
Cependant, obtenir une RQTH nécessite généralement un diagnostic clair, ce qui peut être un obstacle.
La mission des RH consistera alors à informer les salariées sur cette démarche, en facilitant les échanges avec la médecine du travail, et en sensibilisant les managers aux réalités de cette maladie.
Endométriose : quels aménagements des conditions de travail ?
Des ajustements sont essentiels pour permettre à la personne de mieux gérer la douleur et la fatigue, tout en maintenant une performance professionnelle adéquate.
L’adaptation des horaires de travail est l’une des premières solutions envisagées. Les horaires flexibles permettent à la salariée de gérer ses symptômes en ajustant ses heures de travail en fonction de ses besoins. Cela peut inclure des changements dans l’heure de début ou de fin de la journée, selon les périodes « douloureuses ».
Bien entendu, le télétravail est une option précieuse pour les collaboratrices atteintes d’endométriose. Il évite les trajets et permet de travailler dans un environnement plus confortable. Ce qui est particulièrement utile lors des crises de douleurs causées par la maladie.
Le temps partiel thérapeutique offre quant à lui la possibilité de travailler à un rythme réduit pendant une période déterminée, tout en bénéficiant d’une compensation financière partielle.
En ce qui concerne l’organisation du travail, il est parfois indispensable de réduire la charge physique de certaines tâches. Limiter les efforts physiques intenses peut être important pour éviter l’aggravation des symptômes. Il est possible d’adapter les missions professionnelles pour tenir compte des périodes de faiblesse ou de douleurs, allégeant ainsi les responsabilités pendant les moments les plus difficiles.
Une entreprise soucieuse de la santé de ses équipes peut également accorder des jours de congés supplémentaires pour gérer la fatigue ou les soins spécifiques à l’endométriose.
C’est par exemple l’engagement social de l’association VVF qui a, entre autres, instauré un congé menstruel pour soutenir les collaboratrices souffrant de troubles.
- Sur la même thématique : La santé des femmes au travail
Équipements indispensables pour une entreprise « endo-friendly »
Ce tableau synthétise les infrastructures et matériels que les entreprises peuvent mettre à disposition pour aider les salariées atteintes d’endométriose :
Type de matériel | Avantages |
Chaises ergonomiques et ajustables | Réduit les douleurs lombaires et améliore la posture pendant les heures de travail. |
Bureaux ajustables en hauteur | Permet de varier entre position assise et debout pour soulager les douleurs chroniques. |
Postes de travail flexibles et mobiles | S’adapte aux besoins individuels pour plus de confort et de mobilité au travail. |
Coussins chauffants ou couvertures chauffantes | Soulage les douleurs pelviennes et abdominales, facile à utiliser au poste de travail. |
Espace calme ou salle de repos | Offre un lieu de repos pour récupérer, réduire la fatigue et l’anxiété liées à la maladie. |
Toilettes accessibles et bien équipées | Garantit des installations propres et l’accès à des produits d’hygiène de base. |
Station de travail ergonomique | Prévient les douleurs musculaires et améliore la productivité grâce à un poste de travail confortable. |
Espace pour activité physique douce | Aide à réduire le stress et la douleur avec des activités comme le yoga ou la relaxation. |
Système de climatisation ou de chauffage ajustable | Offre un contrôle individuel de la température pour adapter l’environnement de travail, et parfois réduire certains symptômes. |
Tapis de massage ou fauteuils de relaxation | Soulage les tensions musculaires et améliore la circulation sanguine. |
Accès à des services de soutien médical ou physiothérapie | Permet de recevoir des soins thérapeutiques sur le lieu de travail pour soulager les symptômes. |
La bonne nouvelle ? Bon nombre de ces équipements pourront profiter à l’ensemble des collaborateurs, y compris ceux qui ne souffrent pas d’endométriose !
Pour aller plus loin :
- Endométriose et travail : comprendre et agir, le guide Anact pour les dirigeants et manageurs