Quels regards les hommes portent sur l’égalité professionnelle ? Quels sont les stéréotypes ? Que peuvent faire les entreprises ? Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales et Sylviane Giampino, psychanalyste, ont remis un rapport, le 11 mai, édite par l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse).
Confrontés à la montée des femmes dans le monde du travail, comment les hommes réagissent-ils ? Pour le savoir, les deux auteurs, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales et Sylviane Giampino, psychanalyste, ont interrogé une vingtaine de cadres et de dirigeants d’entreprises (BNP Paribas, La Poste, Total, Peugeot Citroën, France Télécom Orange, Accenture…) sollicités par l’Orse et volontaires pour répondre.
Une forte envie de concilier vie professionnelle et vie privée
Premier constat : chez les dirigeants rencontrés, « l’aspiration prioritaire pour le travail, associée au plaisir du dépassement, est pour eux si profonde qu’ils ne mesurent pas le coût de la réussite pour leur famille ni pour eux-mêmes ». Toutefois, de nouvelles tendances voient le jour. Les hommes, parmi les plus jeunes, les trentenaires, sont en train d’expérimenter de nouveaux réglages. Car quel que soit leur investissement, ils savent « qu’à tout moment, ils peuvent se retrouver sur un siège éjectable ». Le sentiment « de maîtrise des clefs de l’avenir professionnel s’amenuise et suscite un sentiment d’impuissance ». C’est pourquoi, le souci de concilier vie professionnelle et vie privée commence à s’exprimer, même si les hommes reconnaissent une importante dissymétrie des charges portées par eux-mêmes et les femmes.
Double dépossession
Mais cette « réorientation » est difficile à effectuer. Pour les auteurs, les cadres masculins traversent ainsi « une période de brouillage de leurs repères ». D’autant qu’ils ont un sentiment de double dépossession d’un univers dont ils étaient les maîtres, « le monde du travail dans lequel les femmes viennent en force et briguent aussi les postes de gouvernance » ; et le monde de la famille « depuis que la place de chef de famille ne leur est plus attribué d’office ». D’où des tensions masculines fortes.
Favoriser la parentalité
Pour les atténuer, les deux expertes estiment qu'il faut travailler sur les systèmes de représentation dans l'ensemble de l'organisation sociale, en commençant à l'école, par la mise en œuvre délibérée d'une culture de l'égalité. Par ailleurs, les entreprises et les politiques publiques doivent encourager concrètement l’égalité hommes femmes, en favorisant un réel exercice de la parentalité entre les pères et les mères. Trois types d’actions doivent être promues :
- des modes de garde pour les enfants avec une exigence sur leur quantité, leur variété et leur qualité, abordables par toutes les familles.
- Des congés parentaux qui offrent aux pères la possibilité d’entrée d’emblée dans une paternité active
- Une nouvelle gestion du temps permettant un meilleur équilibre pour les salariés, hommes et femmes, entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.
Camille Leroy