Dans le cadre d’un partenariat avec IPSOS et Le Figaro Economique, le CESI a lancé en 2009 un baromètre de l’emploi, de l’employabilité et du climat social intitulé « Observatoire Social de l’Entreprise ». L’originalité de cet Observatoire réside dans sa démarche d’enquêtes croisées, menées à intervalles réguliers, auprès des salariés d’une part et des employeurs d’autre part. Ainsi réalisé, cet Observatoire fait ressortir les préoccupations des salariés sur des thématiques qui les concernent, et les éventuels oppositions ou points d’accord avec leurs employeurs. La dixième vague de cet observatoire consacre dans son volet barométrique quelques questions à la réforme du code du travail.
En mai 2016, les résultats, dévoilent que les chefs d’entreprise sont beaucoup plus optimistes qu’en 2015, même s’ils restent prudents quant aux perspectives de croissance Retour en détail sur le volet barométrique de la 10ème vague de cet Observatoire.
Depuis la mise en place du baromètre en 2009, les chefs d’entreprises n’ont jamais été aussi optimistes sur de nombreux sujets, même si la prudence reste de mise.
Ainsi, 21% d’entre eux anticipent désormais une hausse d’activité pour leur entreprise dans les 6 mois à venir. S’ils restent une minorité à anticiper une telle croissance, il s’agit tout de même d’une proportion en hausse de 6 points par rapport à la fin 2015, et de 10 points par rapport au point le plus bas observé (en 2013). Le nombre de chefs d’entreprise anticipant une hausse d’activité devance désormais légèrement celui des dirigeants qui tablent plutôt sur une baisse (20%), ce qui n’était pas arrivé depuis 6 ans.
Malgré tout, il faut noter qu’une majorité de chefs d’entreprise tablent sur la stabilité de leur activité (56%). Ils sont par ailleurs seulement 30% à considérer que la France va sortir de la crise. Cette proportion est en forte baisse depuis début 2015 : en mars 2015, ils étaient encore 39% à l’espérer, contre 34% en novembre 2015 et désormais 30%. Les chefs d’entreprise se montrent de plus en plus convaincus que la France ne sortira pas de cette situation, qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère mais d’une transformation durable. L’enthousiasme est donc loin d’être de mise.
Malgré tout, l’optimisme des chefs d’entreprise est en hausse par rapport à l’année dernière sur l’ensemble des dimensions testées. Pour plusieurs d’entre elles, il s’agit même de records absolus : ainsi, les chefs d’entreprise n’ont jamais été aussi nombreux depuis 2009 à se dire optimistes quant au niveau de stress de leurs salariés dans les 6 mois à venir (73% sont confiants à ce sujet ; +10 points par rapport à l’année dernière), quant à leur possibilité de proposer des formations à leurs salariés (59% ; +9), mais aussi en ce qui concerne le développement économique de leur secteur d’activité (52% ; +1), particulièrement dans le secteur des services (64% ; +4) et de la construction (57% ; +4) en forte hausse l’année dernière déjà.
L’unique dimension en recul est la situation concernant le climat social en général : 78% des chefs d’entreprise la jugent bonne (-5 points par rapport à fin 2015). Ce léger recul est sans doute le reflet des tensions observées au niveau national autour de la réforme du code du travail. En revanche, il n’y a pas de dégradation notable observée chez les salariés.
Chez les salariés, la tendance est davantage à la stabilité.
Aux yeux des salariés, les indicateurs liés à l’activité de leur entreprise sont plutôt stables. Comme à la fin de l’année 2015, ils sont environ un tiers à anticiper une croissance de leur entreprise (32% ; stable).
Interrogés sur la situation interne de leur entreprise, les salariés jugent par ailleurs la situation moins favorablement que les chefs d’entreprise sur l’ensemble des dimensions testées, y compris en matière d’emploi, ce qui est une première depuis la mise en place du baromètre (63% des salariés jugent que la situation est bonne en la matière dans leur entreprise, contre 66% pour les chefs d’entreprise).
Le niveau de salaire retrouve de loin la première place parmi leurs préoccupations (29% la citent en premier ; +3 par rapport au mois dernier), après une baisse constante depuis 2013, au profit notamment des conditions de travail qui suscitaient une inquiétude croissante. La préoccupation sur ce point recule par rapport à la dernière vague (18% ; -3). Le maintien de leur emploi reste la deuxième préoccupation la plus citée par les salariés (26% ; +1 la citent en premier). Elle est plus souvent mise en avant par les salariés appartenant aux CSP modestes (27% des employés et 30% des ouvriers contre seulement 16% des cadres).
La peur de perdre son emploi reste donc très présente, d’autant que les salariés sont une majorité à considérer que la France ne sortira pas de la crise (59% contre 41% qui croient toujours à une sortie de crise, une proportion en baisse constante depuis un an).
En dépit des inquiétudes des salariés et du contexte lié à la loi travail, la situation sociale est loin d’être explosive : le potentiel de mobilisation des salariés est très stable : 50% auraient envie de participer à un mouvement social au sein de leur entreprise s’il y en avait un (+1 point par rapport à fin 2015 ; -2 points par rapport à début 2015). Le potentiel de mobilisation des ouvriers est néanmoins en hausse (62% ; +6 points par rapport à la vague précédente).
Les salariés sont toujours favorables à une réforme du code du travail, mais peu convaincus par le détail des mesures.
Malgré une mobilisation qui dure autour de la loi El Khomri, les salariés restent très majoritairement favorables à une réforme du code du travail (84% ; -5 points par rapport à novembre 2015). Interrogés sur le détail de la réforme, les salariés se montrent néanmoins dubitatifs quant à son efficacité pour lutter contre le chômage. Seules 2 des 9 mesures testées parviennent à convaincre une majorité de salariés : la création d’un compte personnel d’activité rassemblant les comptes de formation et de pénibilité (62%) et le fait de permettre l’organisation d’un référendum auprès de salariés sur un accord d’entreprise si un syndicat représentant au moins 30% des salariés le demande (50%).
Pour les 7 autres mesures, les avis négatifs l’emportent assez largement sur les avis positifs. La mesure la plus violemment rejetée est celle constituant à permettre que les heures supplémentaires soient majorées de 10% (au lieu des 25% généralement pratiquées) s’il y a un accord d’entreprise sur le sujet : seuls 19% des salariés (29% des cadres) pensent que cette mesure aura un impact positif sur l’emploi, contre 71% qui ne le pensent pas et 10% qui déclarent ne pas en savoir assez pour se prononcer. Les salariés peinent à faire le lien entre les mesures annoncées et les bénéfices en matière d’emploi.