D’après le dernier sondage réalisé par le réseau social professionnel Viadeo, plus d’un recruteur sur deux jugent les réseaux sociaux efficaces et le ¾ d’entre eux, rentables. Recruter sur les réseaux sociaux se révèle en effet une démarche à moindre coût qui permet de trouver des profils rares. Interview avec Olivier Fécherolle, Chief Strategy & Development Officer chez Viadeo.
L’enquête démontre que les professionnels du recrutement devront faire face à deux challenges : trouver les compétences requises, tout en faisant face aux restrictions budgétaires.
Le recrutement via les réseaux sociaux est-il un recrutement low-cost ?
Non, bien au contraire. Si trouver des candidats sur les réseaux sociaux coûte moins cher qu’un autre mode de recrutement, la démarche permet surtout de trouver des compétences rares et précieuses.
Les réseaux sociaux professionnels sont-il rentables en termes de recrutement effectif ou plus globalement rentable en termes de développement de la marque employeur ?
Pour les professionnels RH qui ont été sondés, le recrutement via les réseaux sociaux est à la fois rentable en termes d’efficacité absolue et en termes de qualité du recrutement. La marque employeur, c’est un autre sujet. Par le biais de cette enquête, on a la validation que les réseaux sociaux professionnels sont entrés dans les us et coutumes. Tandis que la recherche de candidats sur les réseaux est entrée dans les mœurs, la marque employeur reste encore à évangéliser.
Sur Viadeo, avez-vous constaté une augmentation des opportunités offertes, un renforcement de la présence des cabinets de recrutement ?
Les cabinets de recrutement sont les premiers convaincus de l’utilité des réseaux. Je n’imagine même pas qu’un cabinet puisse ne pas être présent sur les réseaux sociaux. Ce sont eux, d’ailleurs, qui nous ont demandé de développer des outils de recherche, parce qu’ils y trouvaient des profils qui n’existent pas ailleurs.
Et qu’en est-il des entreprises elles-mêmes ? Sont-elles présentes sur les réseaux pour recruter ?
Si 100% des cabinets de recrutements sont sur Viadeo, la généralisation reste encore à faire du côté des entreprises elles-mêmes. Certaines en ont compris l’utilité ; d’autres en sont encore au mode « expérimentation ». Elles sentent qu’il faut y aller mais ne savent pas véritablement comment.
Que conseilleriez-vous à un employeur qui se lance sur les réseaux sociaux ?
Aujourd’hui, l’entreprise peut assez facilement aborder le recrutement sur les réseaux sociaux. Elle peut apprendre en recrutant. Les réseaux sont accessibles à toutes les entreprises, jusqu’aux PME. La question qui se pose est celle de la posture, de la relation vis-à-vis du candidat. Pour un employeur ou un service RH, recruter sur les réseaux est une démarche qui nécessite beaucoup de transparence, ce qui est inhabituel. On entre dans une relation incarnée, personnalisée. C’est ce qu’attendent les candidats.
D’après l’enquête, les secteurs les plus représentés sont les habituels secteurs de l’informatique, l’ingénierie, des RH, de la vente et du marketing.
Peut-on recruter tous les profils et dans tous les secteurs sur les réseaux sociaux ?
On a dépassé la limite du secteur informatique. Aujourd’hui, tous les secteurs sont présents, à part peut-être le secteur de la santé ou le secteur public, qui ne sont pas des branches « très online ». Mais on voit quand-même des fonctionnaires séduits par Viadeo. Les cadres sont effet davantage représentés, tout comme les jeunes diplômés. Ce sont pour ces populations que les réseaux sont d’ailleurs jugés efficaces.
Peut-on imaginer que les réseaux sociaux prennent la place des jobboards ?
Non, car le candidat qui est en recherche d’emploi a tout intérêt à multiplier les canaux : candidatures spontanées, forum d’emploi, réseaux sociaux, jobboards… Le métier du recrutement a beaucoup évolué ces 10 dernières années. Il y a 10 ans, les recruteurs n’avaient que deux canaux : la presse et les cabinets. Aujourd’hui, les canaux sont bien plus nombreux. Cette multiplicité contribue à améliorer la qualité du sourcing et du flux de candidats. Si les recruteurs, près d’un sur deux en tout cas, allouent une partie de leur budget aux réseaux sociaux professionnels, ils continuent d’allouer la majorité de leur budget recrutement aux jobboards. D’après l’enquête, le budget alloué aux réseaux sociaux en 2012 sera maintenu ou augmenté pour plus d’une entreprise sur deux, mais je ne pense pas que celui-ci dépasse celui alloué aux jobboards.
Typhanie Bouju