Le marché du travail français évolue dans un contexte incertain. Selon la Dares, l’activité économique ralentit légèrement (-0,1 % de PIB), et l’emploi salarié privé recule. Pourtant, le taux de chômage reste quasi stable à 7,3 %. Une apparente stabilité qui masque des disparités générationnelles.
L’emploi des jeunes semble mieux résister dans le secteur public, mais les tensions de recrutement s’atténuent dans les entreprises et les perspectives d’embauche s’annoncent plus prudentes pour 2025. Décryptage des dynamiques observées en fin d’année.
L’emploi salarié privé en recul sur un marché du travail en tension
Le 4e trimestre 2024 marque un net repli de l’emploi salarié privé. Au total, ce sont 50 100 postes qui ont été supprimés sur la période. Ceci effaçant alors, et même un peu plus, les créations d’emploi du trimestre précédent.
De manière générale, cette baisse touche l’ensemble des secteurs :
- Industrie : -3 200 emplois hors intérim ;
- Construction : -7 800 postes, une aggravation par rapport au trimestre précédent ;
- Services marchands : -36 600 emplois, avec un retournement dans certains sous-secteurs.
À l’exception du secteur non marchand qui semble résister (-100 postes). D’après l’analyse de la Dares, cette stabilité repose en grande partie sur le maintien des recrutements dans la fonction publique. Ainsi, l’emploi public agissant alors comme un amortisseur face aux difficultés du privé.
Par ailleurs, les inscriptions à France Travail en catégories A, B et C augmentent à nouveau (+92 100 en trois mois, soit + 1,8 %). Cette hausse traduit une baisse des sorties des listes, notamment pour cause de reprise d’emploi ou de formation. Les jeunes sont particulièrement concernés, avec une augmentation de 4,6 % des inscriptions.
Il faut dire que les tensions de recrutement continuent également de se relâcher. Les entreprises semblent réduire leurs besoins de main-d’œuvre, et anticiper un ralentissement durable.
Un chômage stable mais des disparités marquées entre générations
Comme nous l’avons vu, le taux de chômage est relativement stable. Cependant, cette tendance cache des écarts significatifs entre les tranches d’âge.

Source : La situation du marché du travail au 4e trimestre 2024 (Publication Dares, données basées sur Insee)
- 15-24 ans : le chômage recule de 0,8 point, atteignant 19,0 %.
- 25-49 ans : situation stable, avec 6,5 % de chômage.
- 50 ans et plus : légère augmentation de 0,1 point, portant le taux à 4,8 %.
Chez les jeunes, la baisse du chômage s’accompagne d’une augmentation du halo du chômage (+1,2 point). De plus, la part des 15-29 ans ni en emploi, ni en formation, ni en études progresse (+0,7 point, à 12,8 %).
Cette évolution traduit ainsi une insertion professionnelle plus complexe pour une partie d’entre eux. Une difficulté qui risque de perdurer, si ce n’est s’aggraver, avec la baisse de l’aide à l’apprentissage.
Sur le plan européen, la France suit la tendance de la zone euro, où le chômage a également reculé de 0,1 point sur l’année. Toutefois, elle se distingue par une hausse continue du chômage des jeunes depuis 2022. Et ce, à l’inverse de l’Italie et l’Espagne où la baisse se poursuit.
Le marché de l’emploi 2025 sous surveillance
Le marché du travail français termine 2024 sur une note mitigée. Si le taux de chômage reste stable, la dynamique de l’emploi salarié privé s’inverse. Le maintien de l’emploi public compense en partie ce recul, mais les tendances diffèrent selon les générations.
Face aux incertitudes économiques, les entreprises adoptent une posture plus prudente en matière de recrutement comme en témoignent la normalisation des tensions de main-d’œuvre et l’augmentation des inscriptions à France Travail. Les premiers mois de 2025 seront donc décisifs pour confirmer, ou non, ces évolutions.