Selon une récente étude Indeed, près de 90 % des fonctionnaires français jugent le secteur public en crise. Faut-il s’attendre à une désertion des employés vers le secteur privé ?
Les éclairages de myRHline dans cet article.
Les chiffres accablants d’un secteur public en crise
Dans son étude menée du 10 au 19 mai 2023, le célèbre jobboard Indeed s’est intéressé à un panel de près de 1 600 employés du secteur public et privé, représentatif de la population française.
Résultat ? 77 % des Français jugent que le secteur public est en crise. Ce chiffre atteint même 88 % pour les salariés travaillant eux-mêmes dans le public, soit la majorité des personnes interrogées.
Et ce n’est pas tout : 59 % des employés du secteur public témoignent d’un nombre plus important de burn-out dans ce secteur, contrairement au secteur privé. On constate donc un impact notable sur la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT).
Les salariés pourraient bien déserter vers le privé. En effet, plus de 3 travailleurs du secteur sur 5 affirment être prêts à quitter le secteur en crise pour rejoindre le privé.
Comment expliquer ce phénomène ?
Le secteur public est en crise et voici 3 éléments d’explication à cela :
- Les conséquences de la crise liée à la COVID-19 sur le secteur ont été perçues comme « désastreuses », indique le communiqué de presse d’Indeed. Plus de 2 salariés du public sur 3 font état de conditions de travail dégradées depuis 2020 (68 %). Ce constat serait plus fort encore chez les employés du secteur public (75 %).
- Les conséquences du vote de la réforme des retraites d’avril 2023 sur le secteur public seraient « néfastes », selon une majorité des répondants. La mesure a été décriée par les travailleurs du public (76 %), qui s’inquiètent pour leur avenir. La réforme aurait même impacté la motivation au travail de 7 fonctionnaires sur 10.
- Des conditions de travail dégradées, pointées du doigt par les collaborateurs, sont le symptôme d’un secteur en crise : les travailleurs du public et fonctionnaires sont les premiers à « déplorer que les métiers du public ne soient pas suffisamment valorisés » (92 % contre 69 % des employés du secteur privé). De même, ces métiers mettraient à mal leur santé financière : pour 86 % des personnes concernées, ces métiers paient mal (contre 62 % des salariés du privé) et sont difficiles (69 % contre 44 %).
De manière intéressante, on observe que ce sont les jeunes qui ont le plus ce sentiment (conditions de travail dégradées dans le secteur public, depuis la crise sanitaire notamment).
Mais si ce tableau peut paraître sombre, les travailleurs français peuvent-ils vraiment tourner le dos au secteur public ?
La fierté de travailler dans un « secteur en crise » malgré tout ?
Selon l’étude menée par le jobboard, il est indéniable que les employés du secteur public et fonctionnaires expriment « une fierté à travailler dans le public : trois quarts d’entre eux se déclarent même satisfaits d’en faire partie », ce qui représente pas moins de 74 % des personnes interrogées. Et ce pourcentage atteint d’ailleurs 82 % chez les salariés d’une entreprise publique (72 % pour les fonctionnaires).
Pour autant, moins d’un salarié du public sur 5 exprime aujourd’hui une « satisfaction très tranchée » à l’idée d’y travailler, car seulement 19 % se disent très satisfaits sur les 74 % précédemment cités.
Nous sommes finalement face à un secteur qui se heurte à un « déficit d’attractivité », surtout auprès des jeunes actifs. Plus de 3 salariés sur 5 se disent prêts à déserter vers le privé (63 %), score qui augmente chez les moins de 35 ans (+ 11 % ; 74 %).
« Crise » est donc le maître mot sollicité par les Français pour décrire l’état du secteur public. Une crise largement perçue par les salariés concernés, lesquels évoquent des conditions de travail dégradées au cours des dernières années, particulièrement depuis la crise sanitaire et la réforme des retraites. Un contexte tout à fait susceptible de provoquer une véritable déshérence du secteur si rien n’est fait pour booster son attractivité.
Pour ceux qui envisagent cette porte de sortie, le principal facteur d’attractivité réside dans la rémunération (83 %). Mais les meilleures conditions de travail jouent aussi indéniablement un rôle phare (65 %), de même que la quête de sens.
Pour aller plus loin, voir aussi : Les défis du secteur public pour recruter