Ils se sont invités progressivement dans le monde du travail et traduisent différentes formes de mal-être professionnel. Le burn-out brûle les lèvres pour justifier l’absence prolongée d’un collaborateur stressé. Pourtant, le burn-out est loin d’être le seul risque professionnel avec de sérieuses conséquences. Malgré leurs différences, ces risques professionnels ont un point commun : ils mènent à l’épuisement et démolissent sournoisement l’estime personnelle et la confiance en soi . Mieux connaître ces risques correspond au tout premier stade de la prévention et de l’amélioration de la QVCT. On vous dévoile le kit de survie pour mieux les identifier et surtout…pour les éviter !
Le burn-out : Le plus connu des syndromes d’épuisement professionnel
Selon la dernière enquête de Cadremploi la moitié des cadres interrogés estime avoir déjà vécu ce syndrome d’épuisement professionnel, tandis que plus d’un Français sur trois déclare avoir déjà fait un burn-out . Le verbe anglais « to burn out » peut être traduit par « consumer », brûler » ou encore « griller ». Le terme existe depuis les années 60 pour désigner une fatigue extrême liée au travail. Il faudra attendre les années 80 pour que le psychanalyste américain Herbert Freudenberger analyse plus précisément le phénomène.
Dans son livre intitulé « L’épuisement professionnel : La brûlure interne », il précise : « En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consommer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte » . Le burn-out est une maladie professionnelle et traduit donc l’épuisement professionnel par la consomption progressive de ses propres ressources physiques, émotionnelles et mentales. Il serait le résultat d’une exposition prolongée au stress ayant pour conséquence une extrême fatigue.
Pour savoir si le burn-out vous guette, ces signaux doivent vous alerter :
- Vous vous sentez vidé de toute votre énergie
- Vous avez le sentiment d’être dépassé professionnellement
- Vous perdez en efficacité et commencez à vous désengager
- Vous ne parvenez plus à trouver le sommeil
- Les frontières entre vie privée et vie professionnelle n’existent plus
- Vous pensez en boucle au travail
- Vous perdez confiance et votre estime personnelle se dégrade
- L’épanouissement personnel semble être un lointain souvenir
Le burn-out a fait son entrée en mai 2019 dans la classification des maladies de l’organisation mondiale de la santé (OMS). La reconnaissance du burn-out en tant que maladie professionnelle peut aujourd’hui être établie, mais sous deux conditions :
- Une causalité effective entre la pathologie et le travail doit être démontrée
- Une incapacité permanente et partielle en résulte, au moins égale à 25%
Le « gros maux » burn-in : le départ de feu avant l’incendie
Contrairement au burn-out, souvent taxé de « mal du siècle », le burn-in fait une apparition plus timide en 1994 pour désigner le processus qui précède le burn out. Le psychologue Cary Cooper, enseignant à la Manchester Business School, le désigne comme une phase annonciatrice du burn-out par excès de présentéisme ou un surinvestissement professionnel. En effet, la victime de burn-in augmente significativement son temps de présence au travail pour boucler les dossiers, sans réelle prise conscience de la spirale d’épuisement à l’oeuvre. Pendant cette période, la victime se met en état de répondre à toutes sollicitations au-delà de ses limites, malgré les signes de fatigue. Ce déni mène directement au burn-out , d’où l’importance de prêter attention à la moindre alerte.
Vous pouvez être concerné par le burn-in si :
- Vous vous sentez indispensable et hyper productif
- Vous allongez significativement votre présence au travail
- Vos temps de repos passent au second plan pour atteindre vos objectifs
- Vous ne vous accordez plus de pause pour vous ressourcer
- Vous venez travailler malgré des symptômes qui devraient vous imposer du repos
- Vous ressentez démotivation et fatigue
- Vous ne tenez pas compte des signaux d’alerte et prétendez que tout va bien
Le bore-out : le mortel ennui
Conceptualisé en 2007 par deux consultants suisses, Philippe Rothlin et Peter Werder, le bore-out désigne l’épuisement professionnel par l’ennui. A l’inverse du burn-out, le bore-out mène pourtant lui aussi à l’épuisement lorsque que travail engendre désintérêt et insatisfaction chronique au travail. La souffrance psychologique qui en découle peut mener à la dépression. Christian Bourion, Docteur en sciences économiques, spécialiste de la gestion du travail, indique dans son ouvrage “ le Bore-out syndrom ” qu’il concernerait près de 30% des travailleurs, contre 10% pour le burn–out, un chiffre vertigineux.
Vous pouvez être en proie au bore-out si :
- Vous ne percevez plus aucun intérêt dans votre travail
- Vous « tuez le temps » au travail car vous n’avez rien à faire, et ce de manière prolongée
- Vous avez la ferme impression d’être sous employé par rapport à vos capacités
- Vous vous sentez isolé, écarté de l’activité professionnelle
- Vous êtes anxieux, voire abattu à l’idée d’aller au travail
- Vous êtes envahi par un sentiment d’inutilité
- Vous ressentez de la honte et n’osez pas en parler
Le Brown–out : la perte de sens
En anglais, a brownout, signifie une baisse de tension ou une panne de courant. Le brown-out est identifié en 2018 par le Dr François Baumann dans son livre “ Le brown-out : quand le travail n’a plus aucun sens ” (aux Éditions Josette Lyon).
Le brown-out implique donc une perte d’énergie et une baisse de l’engagement professionnel liées à une perte de sens au travail. Le salarié ne comprend plus le but des missions confiées allant jusqu’au sentiment de travailler à l’encontre d’une certaine logique. Aujourd’hui, selon une étude récente plus d’un salarié sur deux estime que le sens du travail s’est dégradé.
Le brown-out vous concerne peut-être si vous vous reconnaissez dans ces situations :
- Vous ne comprenez plus l’intérêt des missions qui vous sont confiées
- Vous ne situez pas clairement votre rôle dans l’entreprise
- Vous avez l’impression que votre situation professionnelle devient absurde
- Vous ne croyez plus en ce que vous faites
- Vous vous sentez dépassé et fatigué
- Vous n’êtes plus stimulé par votre travail
- Vous vous remettez en cause professionnellement et personnellement
Vous pensez être concerné par l’un de ces « gros maux » , voici le kit de survie en 7 actions !
Une fois que vous pouvez mettre un mot sur les maux que vous ressentez, vous avez franchi l’étape à la plus importante : sortir du déni et de la honte pour accepter la situation et oser en parler ! Comment réagir pour reprendre le contrôle ?
- Sortir du silence et s’adresser à un professionnel de santé pour en parler,
identifier les causes et les issues possibles - Apprendre à poser des limites , pour dire non aux situations qui impactent
votre santé mentale, physique, émotionnelle - Faire de l’introspection une hygiène de vie , favorable à la prise de conscience
- Prendre du recul , pour redéfinir vos priorités et sources d’épanouissement
personnel - Retrouver du temps pour soi et faire du repos une priorité dans l’agenda
- Remobiliser ses ressources internes avec des activités bénéfiques pour
équilibrer corps et l’esprit : sport, yoga méditation, sophrologie, chant, arts
créatifs… - Réévaluer son projet professionnel , pour envisager le changement
Le coût du stress atteint les 240 milliards d’euros par an en Europe !
Un chiffre qui invite à l’action . Dans l’entreprise, le management vertical serait très destructeur . La prévention de ces risques pourrait notamment passer par la mise en oeuvre d’ un management horizontal et le partage de l’information serait bien plus
favorable au bien-être des collaborateurs !
Ombeline Cadiergue