Malgré la crise sanitaire, de nombreux Français continuent de travailler grâce au télétravail. Qu’il soit imposé ou non, le travail à distance est en plein essor. Les mentalités évoluent, les habitudes professionnelles changent et les relations entre collaborateurs se réinventent. Comment le télétravail change l’organisation du travail ?
Télétravail : des règles et des rituels plus prononcés
Le télétravail ne s’improvise pas. S’il n’est pas un minimum organisé, il est voué à l’échec. Par organisation, nous entendons de mettre à disposition des outils intuitifs pour que les collaborateurs puissent facilement échanger entre eux. Mais aussi d’indiquer de manière claire les objectifs de chacun. La dématérialisation oblige aux collaborateurs d’être davantage précis dans leurs demandes et dans leurs attentes afin d’éviter tout quiproquo. La distance permet en effet de se focaliser sur l’essentiel, de faire l’exercice de hiérarchiser ses priorités. Elle implique aussi de planifier des réunions virtuelles régulières en guise de suivi et de particulièrement veiller à respecter ces temps de discussion afin d’éviter tout sentiment d’exclusion ou de solitude chez certains collaborateurs.
Les modes d’interactions, la disponibilité de chacun et la charge de travail doivent être très clairs. Les échanges virtuels impliquent, eux, d’être encore plus directs et transparents. Il s’agit d’être plus attentif encore sur Zoom ou Skype qu’en réunion pour veiller à la bonne réception et compréhension des messages. N’oublions pas de favoriser les discussions informelles et spontanées qui ne peuvent plus se faire devant la machine à café.
Un management à distance basé sur l’écoute et la confiance
Plus que jamais, le manager ne doit pas simplement être dans l’affectation de missions ou dans le reporting à distance, ce qui est la norme. Il doit aller plus loin et être un guide, c’est à dire accompagner les collaborateurs dans le développement de leurs compétences, interagir davantage, être à l’écoute des problèmes personnels éventuels.
Pour que chaque collaborateur gagne en autonomie, le manager à distance veille particulièrement à faire des retours, à donner des objectifs, à prévoir des points d’étape. Surtout lorsqu’il s’agit d’encadrer un jeune diplômé, qui n’a pas l’habitude du fonctionnement en entreprise. Une jeune nouvelle recrue en télétravail ne peut malheureusement pas observer la manière de travailler de l’équipe pour progresser. Il s’agit donc de l’accompagner autrement, grâce à des discussions inspirantes, qui peuvent sortir du cadre purement professionnel. Le télétravail oblige les collaborateurs à prend davantage en compte l’autre.
Un management sous pression ne peut fonctionner et risque d’envenimer les relations. Dans un climat de bienveillance, et non de défiance ou de surveillance, le manager doit faire confiance. Cela nécessite un lâcher prise de la part du manager, pour éviter, entre autres, présentéisme.
Enfin, le télétravail de masse que nous expérimentons en ce moment interroge le rôle et l’intérêt du bureau. C’est le lieu du contact social, des interactions, du développement de l’intelligence collective, de la naissance de la culture d’entreprise. Le lieu de travail n’est plus vu comme simplement fonctionnel, il devient symbolique. L’environnement physique professionnel sera-t-il réfléchi autrement une fois la crise passée et les relations entre collaborateurs repensées ? Si oui, quelles seront les innovations au cœur des lieux de travail ?
Philippine SANDER