Le clonage est un mode de recrutement très ancré dans les usages de notre société. Sans même toujours en avoir conscience, les recruteurs sont souvent attirés par des profils de candidats qui ressemblent au salarié sortant. En effet, la définition par les recruteurs du candidat idéal ressemble bien souvent étrangement aux profils déjà existant dans l’entreprise. De même, le collaborateur retenu en définitive a fréquemment à son actif une expérience similaire en terme de missions, de type d’entreprise et de secteur d’activité.
Cette réalité a traversé les générations bien qu’elle soit très largement contestée depuis quelques années. Le recrutement par clonage est-il donc vraiment efficace ? Quels sont les risques à recruter des profils atypiques ? La société dans laquelle nous évoluons permet-elle encore aux recruteurs de fonctionner comme ils l’ont toujours fait ?
Mêmes diplômes universitaires, mêmes formations, mêmes comportements dans le quotidien et mêmes agissements face aux imprévus, le clonage reste aujourd’hui le mode de recrutement le plus fréquent car c’est encore le plus rassurant pour nos employeurs.
Quoi de plus naturel pour le recruteur que d’aller chercher le profil qui présente les moindres risques ? De cette manière, il a quasiment l’assurance d’un « match » avec ses équipes, une facilité dans l’avancement des projets grâce à l’utilisation d’un langage commun et de méthodes de fonctionnement similaires. Le recrutement par clonage limite également les risques de rivalités dans la mesure où il sait mieux appréhender le comportement du nouveau collaborateur.
En ce sens, le clonage semble être la solution de facilité et d’efficacité pour les recruteurs, d’autant qu’une prise de risques en recrutement peut coûter très cher à l’entreprise dans le cas d’une erreur de casting. Pour limiter ces erreurs pénalisantes, il peut être tentant d’aller vers un terrain connu, quitte à ne pas toujours être entièrement satisfait au bout du compte.
Notons cependant que par principe, le collaborateur clone n’a plus beaucoup à apprendre dans la mesure où il a déjà une entière maîtrise du poste qu’il intègre dans l’entreprise. Le risque du clonage étant alors qu’il perde rapidement en motivation et donc en productivité.
Le recrutement par clonage est également un réel frein à la diversité qui fait en grande partie la richesse et la performance d’une entreprise sur le long terme.
Les profils atypiques représentent certes une plus grosse prise de risques, mais ils sont aussi souvent ceux qui réservent les meilleures surprises à l’entreprise.
Par ailleurs, la variété des profils dans une structure pousse à la créativité et à l’innovation par la confrontation d’idées, de modes de pensées différents et de cultures variées.
Dans un monde en réseau où l’évolution est constante et rapide, on attend aussi d’un recruteur qu’il ait une certaine audace et donc qu’il évite le clonage.
D’un point de vue purement stratégique, un recruteur doit savoir prendre des risques pour assurer la pérennité et la croissance de l’entreprise sur le long terme. En ce sens, le recrutement par le clonage peut parfois représenter un frein au développement lié à la frilosité et à un certain manque d’ouverture des recruteurs. Il est essentiel donc de faire évoluer les mentalités en assurant une diversification dans les recrutements.
Camille MOUCHOT