Des personnalités ont appelé, dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche, à la création d’un “chèque bureau universel” afin d’améliorer les conditions du télétravail. Les entreprises n’ont pas toutes prévues un accord télétravail optimum
Parmi les signataires, Benoît Hamon ou encore l’ancienne ministre du Travail, Myriam El Khomri, mais également de nombreux chefs d’entreprise.
Remédier aux nuisances du télétravail
Le télétravail – crise sanitaire oblige – constitue un changement majeur dans l’organisation de nombreuses entreprises et dans le quotidien de nombreux salariés. Les chiffres en effet sont éloquents : 70% des salariés du privé ont travaillé à distance en 2020, dont 45% à temps plein.
Si beaucoup de salariés ont apprécié les bienfaits du télétravail tels un meilleur équilibre de vie, une plus grande responsabilisation et autonomie, du temps non perdu dans les transports, une économie d’argent liée à l’immobilité, ils ont pu également en souligner les nuisances : des horaires extensibles aux frontières mal définies, un surcroît de charge mentale (surtout pour les femmes qui souvent doivent aussi assumer tâches ménagères et éducatives), des conditions parfois inadaptées, une forme d’isolement social.
On a pu constater que les salariés n’étaient naturellement pas égaux face au télétravail, et certains ont souffert d’un télétravail forcé dans des conditions inadaptées : espace de travail insuffisant, nuisances sonores, matériel inadapté, mauvaise connexion internet,… Les signataires, sans vouloir renoncer à l’avancée que constitue le télétravail, plaident en faveur d’un “chèque bureau universel” qui permettrait de diminuer les difficultés du travail à distance.
Faciliter l’accès aux espaces de travail de proximité
Le “chèque bureau universel” constituerait, selon les signataires, “un droit nouveau” et nécessaire pour les salariés afin d’améliorer leurs conditions de télétravail et leur bien-être. La tribune s’appuie notamment sur l’accord national du 26 novembre 2020 qui définit le cadre du télétravail. S’il est généralement exercé au domicile de l’employé, ce n’est pas systématique, il peut aussi être pratiqué dans un tiers lieu. Ces lieux tiers sont principalement des espaces de coworking qui offrent aux travailleurs un environnement favorable à la concentration et à la productivité (connexion internet optimale, mobilier de bureau adéquat, etc.) qui peut manquer quand on travaille de chez soi.
De plus, le coworking est une solution efficace pour éviter l’isolement social et professionnel. L’idée est donc de passer à un télétravail mieux organisé et plus viable dans la durée, en proposant un mode de travail hybride réparti entre présence en entreprise, télétravail à domicile et télétravail en lieux tiers.
Avec le chèque bureau universel, les salariés pourraient améliorer leurs conditions de travail à domicile et/ou payer l’accès à un espace de coworking et bénéficier de ses installations. Sur le schéma des tickets restaurants ou des chèques vacances, le chèque bureau aurait de même une valeur fiduciaire que le salarié pourrait dépenser à sa guise pour améliorer ses conditions de travail. Le titre serait directement émis par l’employeur ou par l’entremise d’une société spécialisée et, à l’issue d’un accord entreprise, le CSE pourrait participer au financement. Le dispositif serait cofinancé par l’Etat et les collectivités locales.
2 500 tiers lieux recensés en France pour 150 000 travailleurs
En France, près de 2 500 tiers lieux sont recensés, qui accueillent quelques 150 000 tracoxovailleurs qui y exercent leur activité chaque jour. Ces espaces de coworking, mais aussi ateliers de production, manufactures, friches culturelles, permettent de maintenir un véritable lien social et professionnel tout en assurant un environnement propice à un travail efficace. On voit ces lieux fleurir non pas seulement dans les grandes villes mais de plus en plus en province, à la faveur du mouvement d’exode urbain qui se développe. Les projections tablent sur plus de 3 000 tiers lieux où le télétravail sera possible, d’ici la fin 2022.
Oliver De Vitton