Le Groupe leader du nucléaire Areva vient de lancer FACES, un programme qui vise à harmoniser sa politique de gestion de compétences à travers l’Europe et à renforcer le dialogue social. Une cinquantaine de groupes de travail paritaires vont se réunir pendant 5 mois sur l’ensemble de ses sites. Le point avec Sylvie Peretti, DRH d’Areva France et directrice des politiques sociales.
Le transfert intergénérationnel des savoir-faire
C’est l’une des quatre thématiques du programme FACES (Forecasting and Anticipating Competences in Europe through Social dialogue). « Ce programme a une dimension multiculturelle. Toutes les réflexions seront lancées en même temps, impulsées par le comité de groupe européen », détaille Sylvie Peretti, DRH et directrice des politiques sociales d’Areva France. Les trois autres thématiques sont les suivantes : équilibre vie professionnelle/vie personnelle, développement du dialogue social et développement de carrière. « Si la mission des groupes de travail est quadruple, l’une est transverse : il s’agit de maintenir et d’améliorer le dialogue social », souligne Sylvie Peretti.
Chaque groupe de travail est représentatif de tous les métiers, de tous les services, de toutes les catégories et de toutes les classes d’âge mais aussi des spécificités de l’entité en termes de conditions de travail. « Notre Groupe a beaucoup recruté ces 5/6 dernières années. Notre pyramide des âges est en « dromadaire », avec des salariés très jeunes d’une part et des personnes de 50 ans et plus d’autre part. C’est pourquoi nous devons travailler sur le transgénérationnel et améliorer le transfert des compétences », explique la directrice des politiques sociales. Au-delà de FACES – et ce sera d’ailleurs l’occasion d’avoir un retour des salariés sur ces méthodes – Areva mise déjà sur des processus du type companioning, tutorat ou encore apprentissage qui permettent de développer des savoir-faire, mais aussi des savoir-être.
« Nous sommes une entreprises de haute technologie, nos métiers sont complexes, poursuit Sylvie Peretti. Les compétences s’acquièrent avec l’expérience. Il faut environ 8 ans pour former un bon ingénieur sûreté. Dans les ateliers de production, il faut plusieurs années avant qu’un opérateur soit autonome ».
« Le dialogue social fait partie de notre ADN »
Si le dialogue social est l’une des thématiques qui sera abordée au cours de ces 5 mois de concertation, ce sera surtout l’occasion de le renforcer. Le Groupe Areva a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, et surtout de façon négative, la catastrophe nucléaire de Fukushima apparaissant en Une pendant de longues semaines. Dans le communiqué annonçant le lancement de FACES, Philippe Vivien, le DRH du Groupe, abordait lui-même le sujet. « L’impact de Fukushima sur les activités du groupe pouvait constituer une raison légitime de reporter la signature de l’accord GPEC (désormais appelée GEPP) signé un mois après l’accident. Il est apparu au contraire important de maintenir la signature de cet accord, un dialogue social de qualité étant essentiel en toutes circonstances ». Sur la question de l’impact de Fukushima sur les salariés, Sylvie Peretti répond : « Ils s’interrogent sur l’impact de l’évènement sur l’entreprise. Il faut qu’ils soient convaincus que le dialogue social est toujours l’une de nos priorités ».
Le message est clair : « le dialogue social fait partie de noter ADN », comme le dit la DRH d’Areva France. Elle concède qu’il est « parfois difficile de travailler ensemble [ndlr : DRH et représentants du personnel] sur certains sujets, comme celui de la rémunération. Pour d’autres, comme l’équilibre vie pro/vie perso, l’équité, le maintien dans l’emploi ou encore la formation, nous nous rejoignons ».
Pour lancer le brainstorming dans les groupes de travail, le comité de pilotage européen de FACES a élaboré un scénario d’animation. Chaque groupe sera guidé par deux animateurs, un responsable RH et un représentant du personnel. Objectif, dans 5 mois, dégager 5 règles d’or. Les « golden rules » des 50 groupes seront ensuite départagées au niveau européen. « Les meilleures pratiques seront choisies lors du séminaire d’avril 2012. On ne sait pas encore si elles seront contractualisées sous forme de notes ou d’accords. Nous verrons cela en fonction du contenu des propositions », se projette la DRH d’Areva France.
Typhanie BOUJU