Véritable atout pour les jeunes comme pour les employeurs. L’apprentissage en entreprise séduit. Pourtant, les freins au recrutement d’alternants sont nombreux et tous les contrats d’apprentissage ne débouchent pas sur une embauche. Quels avantages à recruter des apprentis ? Mais aussi quels freins et comment optimiser ses chances de fidéliser ses alternants en entreprise ? Zoom sur le rapport publié en septembre dernier par Hey Team, en partenariat avec Seekube.
L’apprentissage en entreprise, une solution qui séduit
En France, l’apprentissage a connu un véritable essor : ce sont 718 000 contrats d’apprentissage signés en 2021 dans les secteurs privés et publics, soit 37 % de plus qu’en 2020 et 70 % de plus qu’en 2016.
Un « record pulvérisé deux années consécutives » qui serait le fruit de la loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, ainsi que des aides au recrutement d’apprentis octroyées en 2021 (jusque fin 2022). Rappelons que ces aides sont actuellement de 5 000 euros pour un alternant mineur et 8 000 pour un jeune de plus de 18 ans.
Bon à savoir
Les petites entreprises forment essentiellement les apprentis dans l’optique de les préparer à une embauche en leur sein. Dans les grandes entreprises en revanche, seuls 20 % des jeunes en apprentissage obtiennent un contrat d’embauche. Cela s’expliquerait simplement par un nombre de postes disponibles bien inférieur au nombre de contrats en apprentissage signés.
Apprentissage en entreprise, une solution gagnant-gagnant
L’alternance, un avantage pour les apprentis comme pour les RH ? Il semblerait que oui. C’est ce que constate Hey Team dans son rapport.
Celui-ci précise en effet que pour l’entreprise, l’apprentissage permet de « se tenir informé des nouvelles tendances et aspirations du marché du travail ». C’est également une manière de s’assurer que les générations futures sont « formées aux bonnes pratiques dès le départ » et rapidement acculturées à l’entreprise.
Pour les apprentis, l’apprentissage est un moyen de « découvrir certains métiers plus techniques » et de prendre goût à « poursuivre leur formation vers ces postes de plus en plus délaissés du fait d’un manque d’informations et de connaissances ».
Il conclut que pour ces raisons, la totalité des entreprises sondées souhaite recruter davantage en apprentissage dans les années à venir.
Des freins au recrutement d’apprentis, toutefois
Mais les freins au recrutement de jeunes en alternance existent. Des obstacles qui sont essentiellement dus à la complexité administrative : 42 % des apprentis disent rencontrer des difficultés lors de l’obtention du CERFA (contrat en apprentissage), difficultés dues à la « lenteur administrative ». La pluralité des interlocuteurs pose également problème pour 23 % d’entre eux entraînant ainsi une incompréhension des informations à compléter qui complique encore la tâche pour 17 % de ces jeunes sondés.
Difficile d’embaucher après un apprentissage en entreprise ?
HeyTeam dresse un autre constat : plus de la moitié des apprentissages en entreprise ne débouchent pas sur une embauche. Mais alors, pourquoi est-il si difficile d’embaucher un jeune en fin de contrat d’alternance ?
Pour Nathaniel Philippe, CEO d’HeyTeam, cela s’explique : « la démocratisation des contrats en apprentissage et la hausse des aides régionales ont abaissé l’âge moyen des apprentis. Ils ont autour de 19 ans et, pour beaucoup, sont loin d’avoir terminé leurs études. L’alternance apparaît alors plus comme un outil leur permettant de découvrir différents secteurs avant de faire leur choix ».
Et en effet, 27 % des apprentis sondés souhaitent diversifier leurs expériences et découvrir divers secteurs ou entreprises quand 20 % d’entre eux souhaitent poursuivre leurs études.
Enfin, 30 % de ces alternants ne souhaitent pas signer de contrat dans leur entreprise d’accueil pour des raisons liées à l’ambiance de travail ou au management. Ces deux critères jouent ainsi un rôle essentiel dans le recrutement des jeunes en fin d’apprentissage.
Ce qui séduit les alternants avant tout
L’ambiance de travail est un des critères majeurs pour 41 % des jeunes formés en alternance lorsqu’ils choisissent une entreprise. Vient ensuite l’organisation entre le temps de travail école-entreprise (pour 18 % des apprentis) et enfin la charge de travail (pour 10 %). Ce serait donc là des éléments décisifs, bien au-delà de la rémunération (pour 9 % seulement) ou de la perspective d’embauche (pour 7 %).
Une ambiance au travail ou un management qui ne convient pas est d’ailleurs pour 30 % des jeunes en alternance la raison pour laquelle ils ne souhaitent pas être embauchés une fois le contrat d’apprentissage terminé. Pour Nathaniel Philippe « le fond et la forme doivent être alignés avec leurs attentes » et valeurs.
Que faire pour optimiser ses chances de recruter en fin de contrat d’apprentissage ?
L’expérience vécue en apprentissage par le jeune alternant est déterminante dans sa décision de signer ou non un contrat avec l’entreprise à la fin de son apprentissage. Pour cela, il ressort du rapport la nécessité pour l’entreprise de :
- Soigner l’onboarding : accueil de l’apprenti par le maître d’apprentissage, intégration dans l’équipe, préparation du poste qu’il occupera, etc. Tout cela doit donc être anticipé en amont. C’est un enjeu majeur pour créer des conditions favorables au bien-être du jeune apprenti et sans doute la clé de son attachement à l’entreprise et d’un apprentissage réussi.
- Accorder le droit à l’erreur à des alternants qui découvrent un métier.
- Favoriser une relation de confiance entre le jeune en apprentissage et son tuteur.
- Varier les tâches en entreprise pour faire découvrir le métier sous tous ses aspects.
- Accompagner l’apprenti tout au long de son apprentissage et lui permettre de développer ses compétences.
Ce ne sont là que quelques exemples, mais de l’onboarding à l’outboarding, il est donc nécessaire de veiller à ce que son apprentissage se déroule pour le mieux et soit enrichissant pour l’alternant sous contrat en entreprise.
Gaëlle Péronnet
Découvrez aussi l’article de la rédaction sur la rupture du contrat d’alternance.