Le globish, pour global english, un anglais approximatif et simplifié de l’anglais, a désormais ses centres de formation. Mais alléger une langue, notamment au niveau lexical, est-il vraiment la solution pour mieux la parler ? L’anglais des Français, et plus particulièrement des entreprises, est encore très académique, voire mauvais. Un constat qui ne change pas depuis des années. So what’s the problem?
Les cadres français, mauvais élèves
D’après la dernière enquête IFOP pour YES, Your English Solution, les Français seraient même « réputés pour leur faible niveau de maîtrise des langues étrangères ». Ils sont 60% à s’estimer mauvais en anglais. Une autre enquête, toujours IFOP, mais pour un autre organisme, GoFluent, s’est penchée sur la pratique de l’anglais dans les sociétés du SBF 120. Le constat est moins alarmant : le niveau d’anglais est jugé « relativement bon ». Cependant, « il n’atteint pas le niveau d’exigence que l’on pourrait attendre des sociétés de cette envergue », commente l’organisme de formation.
Si la note globale, à la suite d’entretiens avec des formateurs, est au-dessus de la moyenne – 6,7/10 – les résultats sont en réalité très hétérogènes. Certaines sociétés n’obtiennent pas plus de 3.25. Ce sont les trois premiers de la classe, avec la note de 9/10, qui remontent le niveau général.
Pour l’organisme de formation, une note en dessous de la moyenne est révélatrice d’un défaut de prise de conscience : « 8 sociétés du SBF 120 semblent être peu attentives sur le niveau d’anglais de leurs salariés et obtiennent une note globale inférieure à 5/10 ».
Grammaire ok, vocabulaire à revoir
Les deux derniers Présidents du FMI font partie des rares représentants de la France à arborer un bel accent shakespearien. On s’amuse d’ailleurs volontiers de cette faille : un Président, de la République cette fois, qui confond weather et time, un chef qui ne parvient pas à prononcer le mot brainstorming,… « L’accent est le premier indicateur de la pratique régulière d’une langue », constate GoFluent. Et celui-ci s’avère moyen pour la plupart des salariés du SBF 120. Il est même jugé « pauvre » pour 19% d’entre eux.
Côté grammaire, dans la plupart des cas, le niveau est « correct ». Mais parler un anglais grammaticalement parfait vaut-il mieux que de parler globish ? La grammaire ne fait pas la maîtrise de la langue. « L’apprentissage scolaire est orienté sur la grammaire et n’offre quasiment aucune opportunité de parler la langue », regrette Christophe Ferrandou, le Président de GoFluent. Le lien entre la maîtrise de l’anglais et le niveau d’études est très fort dans l’esprit des Français. Pourtant, un cours magistral ne remplace pas une immersion.
Dans le cadre de l’activité professionnelle, au-delà d’une « pratique hésitante » constatée par les formateurs/enquêteurs, c’est le vocabulaire qui pêche le plus. « Le vocabulaire spécifique à leur activité est souvent limité, voire pauvre dans 13% des cas », constate l’étude Ifop d’avril 2010. Selon Christophe Ferrandou, « les différentes méthodes d’apprentissage sous-estiment l’importance du vocabulaire, essentiel à la communication ».
Des conclusions qui semblent inchangées depuis des années. Pourquoi ne parvient-on pas à y remédier ? Les Français ont-ils abdiqué ?
So what’s the problem?
Pour Christophe Ferrandou, il y a tout d’abord « un refus d’accepter la suprématie de l’anglais dans le monde du business international. Notre idée du village gaulois reste bien présente ». Si l’anglais est devenu incontournable, et est considéré comme tel, la prise de conscience n’est pas encore totale. « Les entreprises sous-estiment considérablement les gains de productivité qu’elles pourraient faire avec un meilleur niveau de communication en anglais », affirme le Président de GoFluent. Tous nos clients nous racontent des situations vécues allant de lignes de production arrêtées plusieurs jours à des clients perdus, uniquement en raison d’une erreur de compréhension en anglais. »
Le Français serait finalement mal-conditionné à l’apprentissage de l’anglais, et ce dès le secondaire, puis à l’université ou en école supérieure. Selon Christophe Ferrandou, il en est « quasi-absent » ou mal enseigné. Il regrette une « utilisation trop forte du e-learning ». Un professeur virtuel ne vaut pas un cours en présentiel ou une mise en pratique réelle, par téléphone ou visio-conférence.
Dans l’entreprise, l’intérêt du blended-learning est plus évident, mais là encore, l’offre est mal adaptée. Selon le Président de GoFluent, « le DIF a un impact négatif. La formation de 20h est devenue l’étalon ; on ne pense plus la formation en fonction des besoins ».
Typhanie Bouju