MyRHLine s’est entretenu avec Nicolas Hernandez, co-fondateur et CEO de 360Learning. Il revient sur les raisons de la croissance de sa société et sur les points différenciant de leur Learning Management System.
MyRHLine – Qu’est-ce qui différencie 360Learning des autres LMS ?
Nicolas Hernandez – 360Learning est le LMS de l’ère digital. Nous nous différencions fortement des LMS qui dominent le marché depuis 15 ans, car nous proposons des usages cohérents avec le web d’aujourd’hui. Alors que le modèle en vigueur est descendant, notre philosophie est de construire des dispositifs « bottom-up » pour permettre aux DRH de libérer l’apprentissage. L’enjeu est de fournir un dispositif où se créent des communautés d’apprentissage entre apprenants et experts, avec un usage qui s’amplifie naturellement de mois en mois, et simultanément de permettre aux administrateurs de comprendre et maîtriser ce qu’il s’y passe pour faire valoir les bénéfices auprès de leur direction.
MyRHLine – Cette approche se développe chez une catégorie d’entreprise en particulier ?
NH – Nous recevons un peu plus de 4000 demandes entrantes par mois, dont la moitié proviennent de l’effort important que nous fournissons en continu pour évangéliser le secteur des EdTech : livre blanc, retours d’expérience, webinars de démonstration, etc. L’autre moitié provient du bouche à oreille.
Cette approche nous a permis de séduire récemment des clients comme Orange, Pernod-Ricard, CapGemini, Danone, SNCF… Nous sommes présent dans 25% du CAC40, et nous avons 160 clients entreprise au total. Plus de 1000 organismes de formation utilisent aussi 360Learning, et nous recommandent à leurs clients. Cela va des formateurs indépendants qui peuvent se mettre à leur compte et trouver des clients sur 360Learning à des institutions établies comme le CELSA, ou les Executive Education de Sciences Po et d’HEC.
Nous avons dépassé les 300% de croissance pendant 3 années consécutives.
En fait, il faut bien comprendre qu’aujourd’hui les entreprises cherchent des solutions modernes pour digitaliser leurs formations, et plus généralement pour amorcer une transformation qui doit aussi toucher à la culture d’entreprise. Mais il n’y a pas beaucoup de solutions qui fonctionnent sur le marché.
MyRHLine – Comment en arrivez-vous à ces résultats ?
NH – Il ne s’agit aucunement d’un miracle mais du fruit d’un travail méthodique autour de la création des formations et de la notion même de formation en ligne. Aujourd’hui, les outils et les processus pour créer des formations digitales sont extrêmement complexes, les dispositifs qui en résultent ne sont pas ergonomiques, les usages ne sont pas au rendez-vous, et les formations produites sont complètement descendantes. Quand vous parlez avec les utilisateurs des différentes plateformes du marché, il est exceptionnel d’en trouver qui sont satisfaits.
En réponse, nous avons rendu la production à la fois rapide, simple et valorisante. Et nous avons transformé le paradigme de ce qu’est une formation pour la rendre réellement collaborative et ergonomique, au service de l’apprenant. Nous nous inspirons très fortement du web social, avec méthode, c’est aussi simple que cela.
MyRHLine – Comment avez-vous simplifié la création ? Quels sont ces usages du web social que vous reprenez ?
NH – Aujourd’hui pour créer une formation digitale, l’état de l’art est archaïque : le demandeur de la formation doit contacter un expert, qui doit lui même installer un « outil auteur », produire un fichier SCORM, l’exporter au format zip, l’envoyer à l’administrateur, qui doit alors le paramétrer pour l’intégrer dans la plateforme… Il suffit de taper « module elearning » dans Google Images pour se rendre compte du retard par rapport aux usages du web social. C’est long, coûteux, complexe, et cela prend entre 6 mois et 18 mois. Tout le monde s’arrache les cheveux, et les apprenants en sont les premières victimes car le résultat est presque toujours une monstruosité en termes d’ergonomie. La transformation digitale de la formation échoue ainsi avant même d’avoir pu démarrer, alors que ce sont des projets qui souvent coutent très chers, en argent, mais aussi en temps et en ressources.
A l’inverse, nous permettons aux experts de créer eux-mêmes simplement et rapidement leurs formations en se connectant à 360Learning.
L’expert métier crée donc sa formation en glissant simplement des ressources : des formats classiques comme powperpoint, ou de la webcam, mais nous les aidons aussi à migrer vers les formats innovants et interactifs du web comme Prezzi ou Thinglink. Pourquoi ne pas piocher aussi dans les catalogues disponibles comme Youtube ? Certains incluent même des tweets dans les formations pour citer un expert de leur domaine. Ils peuvent ensuite ajouter en 2 clics des questions d’évaluation, qu’elles soient fermées, ou bien ouvertes avec remise d’un document, rédaction d’un texte. L’expert corrigera alors les questions. Sur certaines formations par exemple, des coiffeurs se filment en train de réaliser un geste technique comme une couleur, et l’expert métier peut contrôler le geste à distance grâce à des questions ouvertes. Ces exercices d’évaluations permettent de gamifier la formation et pour l’apprenant, cela lui permet de situer son niveau par rapport à une population.
Mais des formats comme le simple texte fonctionnent aussi très bien. C’est ce que nous disons à nos clients et les chiffres d’usages le confirment systématiquement : quelques lignes de texte avec des puces, il n’y a rien de plus efficace du point de vue de l’apprenant. Concision, clarté, rapidité. Il ne faut pas oublier que les articles de 400 mots qu’on trouve sur les blogs restent le format le plus populaire du web. Les messages Facebook comme les Tweets sont aussi très courts. De manière générale, il y a beaucoup à gagner à simplifier les formats des formations en copiant le web social. Concernant l’utilisation des Learning Analytics, nous avons proposé une publication très complète en collaboration avec CrossVia et disponible ici.
Ces nouveaux formats que nous proposons ont beaucoup de succès auprès des opérationnels. En effet, ils sont à la fois plus pragmatiques et plus interactifs que les formations digitales traditionnelles. Ainsi un directeur marketing qui forme des vendeurs à distance pourra corriger leurs erreurs sur un contre-argumentaire, leur faire des feedbacks, pointer des ressources externes, corriger directement leurs erreurs et créer un dialogue continu avec eux grâce à la formation. La formation devient un soutien pour les métiers. Quand les apprenants sont satisfaits ils « like » ces messages, l’expert est valorisé, et la dynamique se crée ainsi.
MyRHLine – Et pour les entreprises qui veulent des contenus sur étagères ?
NH – Nous proposons un catalogue qui s’enrichit de plusieurs centaines de formations tous les mois. Mais le plus important est qu’il ne s’agit pas de « contenus » ou « d’auto-formation » : il s’agit de formations interactives où l’apprenant est tutoré par un expert.
On parle beaucoup « d’entreprise ouverte » dans le cadre de la transformation digitale. La formation est une opportunité de mettre cela en pratique : offrir aux collaborateurs un accès au monde extérieur, leur donner accès à des experts qui corrigent leurs travaux, leur font des feedbacks, les motivent, etc.
Nous sommes à ma connaissance la seule plateforme sur le marché mondial à proposer cela.
MyRHLine – Cette transformation s’opère-t-elle toute seule chez vos clients ?
NH – Non effectivement. C’est pourquoi un consultant 360Learning accompagne individuellement les formateurs et experts métier dans leur utilisation quotidienne : sur la dimension fonctionnelle, mais aussi sur la pédagogie et la communication interne. Un autre consultant accompagne les décideurs dans leurs choix stratégiques, comme le choix des KPI et leur analyse trimestrielle. Nous les aidons également à produire les présentations qui permettent de valoriser auprès de leur direction le travail de transformation que nous effectuons avec eux.
Il s’agit de profils venus des cabinets de conseil en stratégie. En effet, nous ne sommes pas les seuls à penser que l’humain doit être placé au coeur de la stratégie des entreprises qui se veulent digitales, mais la difficulté est de faire admettre cela au niveau du top management. Quel est le ROI ? Quelle est la cohérence avec la stratégie business ? Ces profils qui viennent des meilleures écoles d’ingénieur et de commerce et qui sont passés par le conseil en stratégie. Ils sont très efficaces pour faire valoir auprès des directions les bénéfices business des dispositifs de formation.
MyRHLine – Vous travaillez notamment avec la société FACOM / Stanley Black & Decker, comment les avez-vous séduit ?
Stanley Black & Decker utilise 360Learning pour former ses commerciaux du monde entier aux nouveaux produits et argumentaires de vente. Lorsqu’ils nous ont découvert, c’est la simplicité d’utilisation et l’accompagnement par nos consultants qui les ont séduits, alors que l’entreprise commençait tout juste dans le numérique. Ils souhaitaient notamment réduire les cycles de déploiement des formations et faciliter leur diffusion auprès de collaborateurs éloignés géographiquement. Richard Lassalvy, le directeur du centre de formation, en parle d’ailleurs dans une vidéo témoignage que nous avons réalisée ensemble.